Publié le 30 septembre 2009
Amnesty International
Amnesty International (AI) dénonce des "proportions alarmantes" de viols et d'actes de violences contre les femmes réfugiées dans l'est du Tchad, voisin de la région soudanaise du Darfour en proie à un conflit civil depuis 2003. "Il ressort clairement (...) des informations recueillies par Amnesty International et plusieurs autres ONG que, chaque jour, des femmes et des filles qui vivent dans des camps de réfugiés dans l'est du Tchad sont violées et confrontées à de nombreuses autres formes de violences aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur des camps", déclare l'ONG dans un rapport publié mercredi, s'inquiétant d'"un phénomène qui atteint des proportions alarmantes".
"Il est impossible de savoir avec exactitude" le nombre des victimes, précise ce document intitulé "+Il n'y a pas de place pour nous ici+: Violences contre les réfugiées dans l'est du Tchad", publié après une "mission de recherche" d'AI au Tchad du 25 avril au 13 mai.
L'est du Tchad accueille "environ 260.000 réfugiés originaires du Darfour, en grande majorité des femmes et enfants présents dans la région depuis plus de cinq ans", vivant dans une douzaine de camps "le long de la frontière entre le Tchad et le Soudan", rappelle l'ONG.
La région abrite aussi environ 150.000 réfugiés centrafricains et déplacés tchadiens.
Selon AI, les agressions dénoncées se produisent pour la plupart des cas hors des camps, lorsque les réfugiées sont en quête de vivres, eau, bois ou fourrage pour les animaux. Les violences sont commises par des "bandits locaux, y compris des villages des environs, voire des membres de l'armée nationale tchadienne", difficilement identifiables par leurs victimes. Des agissements similaires ont lieu "à l'intérieur même" des camps, ajoute-t-elle. "Souvent commises de nuit, les agressions sont rarement signalées", rendant les poursuites "très difficiles" contre leurs responsables. Des témoignages mettent en cause "des membres du personnel humanitaire".
Ces violences se produisent en dépit de la présence de la force de l'ONU déployée au Tchad (Minurcat) et de forces tchadiennes de sécurités formées par l'ONU pour la protection des civils touchés par la guerre au Darfour (Détachement intégré de sécurité, DIS).
Leurs auteurs "sont très rarement traduits en justice, même lorsque les victimes signalent les faits aux autorités locales, au DIS ou aux responsables des camps de réfugiés", dit AI, dénonçant une "culture de l'impunité".
L'ONG exhorte les autorités tchadiennes et les organisations assistant les réfugiés à faire en sorte que les femmes et filles soient protégées contre les viols et violences sexuelles, "des crimes inacceptables". Elle réclame "des réparations complètes et effectives" en faveur des victimes.