14 juillet 2009
Juliette Abandokwe
L’Union Africaine et la Communauté économiques des Etats d’Afrique centrale par le biais du doyen centrafricain Kombo Yaya, viennent de s’unir dans la mascarade post-électorale à
Brazzaville, pour encore féliciter les congolais de leur maturité politique! L’hypocrisie des institutions supranationales africaines est ahurissante. Car en vérité, ces élections n’ont été «
ni justes, ni transparentes, ni équitables » selon les représentants de la défense des droits de l’homme au Congo-Brazzaville ». Et tout le monde sait parfaitement qu’ils disent vrai.
L’ancien ministre centrafricain des affaires étrangères prépare donc déjà le chemin de la sagesse et la maturité politiques des centrafricains et des nigérians en 2010, des camerounais en 2011,
et des autres gentils peuples africains qui vont une fois de plus voter librement et démocratiquement pour leur dirigeant si bien intentionné à leur égard.
Et le comble est que ces mascarades électorales qui se suivent invariablement, sont systématiquement cautionnées par la communauté internationale, notamment par le potentat occidental formé de
l’interrelation entre gouvernants et multinationales . Quand on connaît la marge indécente de bénéfices que se font ces multinationales occidentales, ainsi que Sassou Nguesso et sa clique
notamment, sur le dos du simple citoyen congolais, on comprend aisément que les critiques internationales envers sa nouvelle autoproclamation ne fusent pas ! Malgré les « biens mal acquis »,
les comptes bancaires en Suisse et l’immense fortune et bénéfices des acteurs de la mascarade, font que leur coalition fait figure de Goliath à côté des infrastructures qui cherchent le
rétablissement d’une certaine justice sociale et d’un vrai développement émancipé du Congo et de l’Afrique.
Force est donc de constater une fois de plus que les organismes de défense des droits de l'homme n'ont aucun poids contre les bulldozers "économiques" que sont l'UA et la CEEAC! Avec la
validation et la bénédiction la communauté internationale!
Parlant de la solidification des institutions africaines, qui est donc sensé défendre les intérêts des Ligues des droits de l'homme en Afrique ? Voyez encore la Ligue centrafricaine des
droits de l'homme qui a été décapitée de son responsable Maître Goungaye Wanfiyo en décembre 2008, parce qu’il se rapprochait trop près de la Justice que les centrafricains attendent depuis
plus de six ans déjà. Un non-lieu a été prononcé au terme d’investigations et conclusions loufoques par les autorités centrafricaines. Des candidats, Bozizé et Patassé, qui malgré leur passé de
tueurs vont ainsi pouvoir briguer le siège présidentiel sans être inquiété par la Justice.
Les africains sont encore et toujours spoliés de leurs droits élémentaires à la vie, par des hommes sans conscience et sans morale, et par une communauté internationale solidement complice.
Les ligues de défense des droits de l'homme doivent être impérativement considérées comme des institutions africaines à renforcer, tout en sachant qu'elles sont souvent infiltrées par des
"agents doubles" qui ne sont là que pour surveiller les "activités subversives" de l’organisation.
Quand le système institutionnel règne comme une toile d’araignée sur toutes les instances du pays, il faut savoir séparer le vrai du faux.
Les journalistes, et les associations africaines de journalistes font également partie des éléments à défendre en termes de justice, de dénonciation de ce qui ne va pas, et de plaidoyer contre
les exactions des uns et des autres. Les gens qui voient trop de choses, ou qui parlent trop, dérangent. Pourtant ils sont des Observateurs au même titre que ceux de l’UA ou de la CEEAC. Malgré
cela, ils ne sont pas considéré comme tels, et leur droits sont massacrés systématiquement.
La force des mots et de la parole est incommensurable, et son respect doit absolument être nommé et renforcé. Les exactions et les intentions d’exactions des organes d’Etat et des organismes
supra-nationaux - multinationales et organismes économiques tous confondus - , qui n’ont comme premier but que d’endormir les consciences, doivent continuer à être systématiquement repérés et
dénoncés, malgré les menaces, les persécutions et les assassinats.
Que ceux qui veulent faire respecter la mémoires des victimes, qui veulent que leur terre deviennent une véritable terre promise comme elle le mérite, continue la lutte, chacun à la mesure de
ses moyens.
Les Congolais ont montré leur désaccord à hauteur de 85 %. Donc tout le monde sait bien que le calme n’a été qu’apparent, et qu’en réalité la révolte et la colère du peuple congolais
gronde, malgré les chars d’assaut et les mitraillettes sur trépied qui garnissent tous le carrefours et les coins de rue. Comme disait Lamine Guèye, « un OUI n’a de valeur que si ceux qui le
disent ont le pouvoir de dire NON ». Le 85% des Congolais qui ont refusé de dire OUI à Sassou Nguesso, ont ainsi refusé de dire un faux OUI, et ont implicitement dit NON. Seront-il mieux
entendu par ceux de la communauté publique internationale qui disent qu’ils ne voient rien d’anormal ? l’avenir nous le dira. Les diasporas ont également leur rôle à jouer puisqu’elle ne
souffrent pas du joug des chars d’assaut. Elle est encore trop souvent frappée d’amnésie et de paresse.
Car aucun Congolais, à l’intérieur comme à l’extérieur, n’ignore le sang sur les mains de Sassou Ngesso. Chaque homme et chaque femme sur le territoire connaît la terreur que Sassou Ngesso
propage afin de garder le pouvoir. Et les millions qu’il accumule à l’extérieur du pays, volé au peuple congolais qu’il gouverne par la force brutale et sanguinaire, tout congolais en a au
moins entendu parler. Sans oublier les bénéfices exorbitants de Total S.A. accompagnant les exactions en termes de droits de l’homme et d’environnement. La combinaison des deux éléments agit en
véritable étau sur le peuple, congolais en l’occurrence.
Ces Africains, qui luttent farouchement pour la subsistance quotidienne de leurs familles, qui vivent parfois sur des terres imbibées de pétrole brut, dont les palétuviers et les poissons sont
morts asphyxiés depuis longtemps, dont on semble même oublier l’existence, à l’instar des peuples du delta du Niger au Nigeria ou d’ailleurs, ne vivent pas silencieusement dans leur misère
profonde et indécente. Ils voient au quotidien comment leurs dirigeants les abusent de leur autorité et de leur pouvoir, qu’elle soit locale ou centrale. Et leur colère gronde aussi.
Les griots de la vérité sur les injustices, et les activistes en termes de droits de l’homme, au Congo, au Cameroun, en Centrafrique, au Togo, au Tchad, au Nigéria, et ailleurs, doivent à tout
prix être préservés des griffes des rapaces que sont les abuseurs d’autorité, les tueurs de vérité, et doivent être hissés au rang de ce que le nouveau représentant de la gendarmerie du monde
appelle la solidification des institutions africaines. La lutte contre l’impunité, à travers une justice acceptable pour tous, est un aspect vital qui surplombe le tout. Car sans justice, et
sans le respect de la mémoire des victimes, il n’y aura jamais de développement.
A ceux qui en ont les moyens pour le moment, luttez pour ceux qui pour le moment n’ont pas encore de véritables voix, et continuez à dénoncer sans relâche. L’émancipation s’arrache aux tyrans,
de même que ces tyrans savent qu’ils n’iront pas loin après avoir été écarté.
Comme disait Thucydide « il faut choisir: se reposer ou être libre".
L’océan est fait de gouttes, et même le violon se remplira bien à force de faire pipi dedans !
A bon entendeur !