1er décembre 2008
Juliette Abandokwe
A ceux qui cherchent à promouvoir la prise en charge du Congo par les congolais, corollairement de l’Afrique par les africains
Les Congolais doivent bien se prendre en charge, bien sûr, comme toute l'Afrique d'ailleurs!
Mis à part les millions de morts du Kivu, regardons ce qui se passe ailleurs en termes de diktats occidentaux, au Tchad, au Cameroun, au Congo Brazza, en Centrafrique, au Togo, en n'en citant que quelques uns.
L'Afrique doit se prendre en charge, c’est une évidence absolue! Mais sans unité ça n'ira jamais…
Et ne lésinons sur aucun moyen, même s’il parait dérisoire à certains aujourd’hui. Voyons ce que les chefs traditionnels par exemple peuvent proposer en termes d’unité continentale. Car ils n’ont pas vraiment eu voix au chapitre jusqu’à aujourd’hui. Restons néanmoins prudent et vigilant quant au soutien dont ils pourraient bénéficier de l’extérieur. Sachons reconnaître nos vraies valeurs traditionnelles africaines, qui ont été délibérément balayées de côté par les pouvoirs coloniaux et ceux qui les ont suivi.
Considérons l'unité africaine comme un objectif primordial pour la lutte contre l'occupation occidentale et ses acolytes. Quand nous serons entre nous, les Kabila, Nkunda, Kagame, Deby, Bozizé, Gnassingbé, Biya, Sassou, nous saurons en faire façon.
Mais l'unité d'abord!
Ignorons les conflits secondaires et inutiles, qui deviennent des instruments de propagande et de destruction! Et ne surtout soyons clairvoyant, et ne laissons pas nos rangs se faire pénétrer et imbiber par les envoyés des régimes mercenaires dont nous sommes tous victimes.
Car pour l'instant, ces détracteurs des libertés du peuple africain sont très forts. Ils ont infiltré nos rangs, utilisent nos jeunesses de manière subversive, et encore, nous n'avons encore rien vu. Ceux qui ont vu et qui sont conscient de ce qui se passe, sont trop peu nombreux, et n'ont bientôt plus la force de lucidification de leurs congénères, multiplicateurs indispensable de la prise de conscience et du réveil de l’Afrique d’aujourd’hui.
Trop de courses à la gloire personnelle et au prestige public! Cela ne peut que mener au culte de la personnalité, si cher aux grandes dictatures : des portraits dans tous les lieux publics, et la gloire au père du peuple. Un père qui ne se préoccupe même pas de la souffrance incommensurable de ses enfants.
Un père qui se dit pratiquement céleste, et qui, avec un instrument de communication nymphomane, lui permet de dire à un moment donné des inepties du genre "En cinq années de règne, le président Bozizé est considéré aujourd’hui comme le "dauphin incontesté, digne successeur de Boganda" qui a s'efforce de conjuguer les cinq verbes du père fondateur de la RCA, à savoir nourrir, instruire, soigner, loger et vêtir." (ACAP, RCA, 30/11/2008). Quand on sait qu'entre l'arrivée au pouvoir de Bozizé à aujourd'hui, le nombre de victimes a largement dépassé les morts de Bokassa, et que le monsieur n'a que développé une défense bétonnée autour de son pouvoir de Bangui, avec une Garde Présidentielle avec un Ngaïkosset sanguinaire à sa tête, qui exécute les gens comme bon lui semble en plein public, on ne peut être que secoué en lisant de telles déclarations megalomanes. Boganda, mort de façon fort mystérieuse, est un martyr de l'indépendance africaine, aux côté des Moumié, Nyobé, Sankara et consort. Je vous laisse donc juge du mauvais goût de la comparaison !
Donc, la chasse à la gloire, comme on le constate, ne mène qu'à une conception purement égocentrique et clanocentrique du pouvoir. Rien de bon pour le peuple africain qui attend la liberté depuis si longtemps déjà.
Réagissons de manière préventive, attaquons le mal à la racine, avançons dans notre Histoire, tirons les leçons qui se doivent des expériences des victimes du passé et du présent. Ne laissons pas la soif de gloire incompressible se saisir de notre Avenir comme d'un vulgaire instrument d’enrichissement. Car notre Demain est le témoin de notre Aujourd'hui, et nous demandera des comptes très précis de ce que nous aurons fait et décidé.
Ne trahissons pas nos enfants en prenant des décisions inconscientes et irresponsables aujourd'hui. Les détracteurs de la liberté aujourd'hui n'ont pas d'enfants. Ils n'ont que des maîtres auxquels ils obéissent aveuglément et sans conscience.
Faisons tous les efforts du monde pour les reconnaitre à temps, car ils sont la ruine de nos enfants et de nos peuples.