12 mars 2009
Juliette Abandokwe
Les déclarations devant les députés, du Premier Ministre Touadéra, quant au programme de politique générale, soit le renforcement de la sécurité et la consolidation de la paix, priorités du
gouvernement avant les élections générales de 2010, ne sont que propagande sans substance. Monsieur Touadéra fait ce qu’on lui demande de faire, c’est-à-dire, déclarer ce que les bailleurs de
fonds et la communauté internationale occidentale veulent entendre. A l’image d’un bon doyen d’université, il s’y connaît en discipline et compliance.
Les cancres de son gouvernement, à quelques exceptions près, ainsi que l’entourage du maître de Bangui, concernés par la qualité catastrophique de la gouvernance centrafricaine, et les violations
systématiques des droits de l’homme, ne savent certainement même pas de quoi il parle :
"le renforcement de la bonne gouvernance et la promotion des droits de l'Homme" sont la deuxième priorité, avant "la stabilisation macro-économique". Du parfait charabia pour des gens qui ne sont pas véritablement là pour gouverner.
Autres priorités rajoutées par monsieur Touadéra: "la reconstruction des infrastructures de base et la relance des secteurs productifs et sociaux" et "la promotion du dialogue politique et
social", en application des recommandations du Dialogue politique inclusif.
Pourtant, il faut se demander ce qu’il reste même des cendres de ce fameux forum sur la paix en Centrafrique, tenu à Bangui en décembre 2008. Les accords ne sont pas respectés, les gêneurs sont
assassinés, et la moquerie générale du peuple centrafricain règne de façon omniprésente. D’ailleurs, les infrastructures de base et les secteurs économiques et sociaux sont ce qui caractérise un
Etat. Il est donc vraiment très surprenant que le Président-Général Bozizé ne s’en préoccupe que maintenant, dans le cadre de sa campagne pour la reconduite – transparente et démocratique
évidemment - de ses fonctions présidentielles. Mais qu’a-t-il alors donc fait jusqu’à présent !?
Dans les faits, le gouvernement cherche à prouver que tout va bien, que le maître de Bangui et sa clique pense être en toute bonne conscience en mesure d’aller tranquillement aux élections de
2010 pour re-« légitimer » son pouvoir, accessoirement par les moyens que les centrafricains connaissent déjà parfaitement, soit les intimidations et les menaces en tout genre, les
assassinats politiques, les fraudes et les trucages.
Le message à l’adresse des bailleurs de fonds et intéressés n’est fait que pour rassurer que le régime va pouvoir assurer, alors que nous savons tous parfaitement qu’il est incapable d’assurer
quoi que ce soit, sauf la maintenance de ses intérêts et ceux des « investisseurs » étrangers. En vérité, sur le terrain, la situation stagne et empire même à bien des égards, le désespoir des populations gagne du terrain,
les malversations continuent de plus belle, les menaces de mort contre les opposants, ainsi que les conditions sécuritaires devenues désastreuses jusqu’au cœur de Bangui la
Coquette.
Le « gouvernement » ne veut rien savoir. Il se maintient dans ses mêmes positions, tout en faisant des déclarations grandiloquentes et sans consistance à tours de bras, espérant qu’en
allant se lamenter chez Bongo ou Khadafi, le soutien extérieur sera assuré en cas de pépin. Une
chose est très sûre : ceux qui le peuvent doivent continuer inlassablement à dénoncer, et à inciter la traque des amateurs d’impunité.
A bon entendeur.