26 décembre 2008
Juliette Abandokwe
La lutte pacifique, avec courage et détermination, pour un avenir meilleur, dans un esprit de reconquête du pouvoir avec espoir et sérénité, dans un pays bafoué par des arrivistes. Voilà ce que le commun des mortels centrafricains souhaite pour l’année 2009.
Mais de quelle reconquête du pouvoir s’agit-il !?
Récemment je voyais un petit opportuniste déclaré dire à ses copains sur internet, "... c'est à notre tour maintenant…!». Un de ceux qui, arrivés en Europe par chance, pensent qu'ils sont arrivés quelque part! Il s’agit de ceux qui, à force de voir les autres se remplir les poches, n’ont qu’une seule envie : se remplir les poches à leur tour. Tant pis même pour la perpétuation de la misère en Centrafrique. Quand on en parle, il ne s’agit que d’un slogan propagandiste, car au fond, ces nouveaux arrivistes-là, sans avoir aucune connaissance en sciences politiques ou économiques, et sans aucune intention d’en acquérir, se voient déjà Président dans leurs rêves les moins fous ! Imagez-vous donc les plus fous ! Des petits bozizé en puissance! De vrais dangers pour la patrie, et pour l’Afrique.
Nous devons donc tous être très vigilant et conscient. N'oublions pas que le pouvoir ne doit jamais être une fin en soi. Pour des gens intègres et qui veulent le bien du peuple et de la patrie, l'argent qui s'obtient avec le pouvoir ne doit jamais mettre le sang aux yeux. Car sinon, c'est fini. On devient vite comme ceux qu'on a remplacé.
Or, si nous sommes les patriotes que nous prétendons être, nous devons nous mettre au service du peuple, de nos concitoyens, de la manière la plus désintéressée que possible, et nous devons tout faire pour que le Centrafrique (re)devienne un pays où il fait bon vivre, où Bangui redeviendra la Coquette que tout le monde connaît. Il n'y a pas de raison que ce ne soient que quelques uns qui profitent des bonnes choses du Pays, au détriment de la plus grande partie! Le bénéfice est quelque chose qui doit se partager au niveau national, et qui doit arroser la moindre petite fleur du village.
Nous devons tout faire pour que la seule pensée au sein de la Jeunesse ne soit plus de savoir comment sortir sauve-qui-peut du pays. Car cela produit entre autres des vauriens sans scrupules qui profitent des âmes bien pensantes qu'ils ne cherchent qu'à exploiter pour arriver là où ils peuvent se chercher mieux. Ce ne sont que des manières très crapuleuses d’agir. Ceux qui ont moins de chance, se retrouvent au quartier, à penser comme leurs parents, soit à ce qu'ils vont trouver à manger le lendemain matin, dans un pays où le poulet est la viande du riche. Car leur seul avenir aujourd’hui c'est ce lendemain-là.
Les morts qu'on ne peut pas amener de la maison à la morgue faute d'argent pour l'essence. Les tiroirs des morgues qui contiennent quatre à cinq corps au lieu d'un.
L'eau qui n'est jamais potable, même au centre-ville de Bangui, sans parler du marigot boueux qui sert de puits dans les régions du nord. Le technicien-électricien qui passe par hasard dans le quartier, à qui on glisse mille francs pour avoir miraculeusement du courant et de la lumière pendant 24h. La corruption sur les routes pour pouvoir simplement circuler pour faire son petit commerce. L'abus d'autorité omniprésente qui empêche le plus petit de vivre décemment. Parrrdon! Tout cela doit cesser maintenant.
Réfléchissons à une éthique politique qui sera à l'avantage de tout un peuple, de toute la communauté dont nous faisons partie, car beaucoup n'ont pas la possibilité autant que nous de faire avancer les choses. Refusons la course gratuite et népotique au pouvoir par des gens sans compétences et sans scrupules. Nous devons reconstruire la Jeunesse centrafricaine, lui redonner l'espoir que demain sera fait d'autres choses que de ce qui fait aujourd'hui: un esprit cupide et petit, qui nous tue en Centrafrique et en Afrique.
Pour tout cela, il faut la crédibilité et l’intelligence bienveillante à tout prix, et étudier comment nous convaincre ainsi que Monsieur-tout-le-monde, que le Pouvoir n'est pas un butin et une manière de s'enrichir personnellement ou de manière clanique.
Ce que je souhaite donc pour la terre centrafricaine en 2009, c'est que chacun réfléchisse sur un nouveau modèle de pouvoir, un modèle inédit en Afrique, qui n'est pas plus hors d'atteinte pour la République centrafricaine que pour le reste de l'Afrique si tout le monde met du sien, de manière sincère et intègre. Personne ne nous aidera de l'extérieur.
Nous devons savoir nous-même d'abord ce que nous voulons! Car l’escroquerie d’Etat et le népotisme égocentrique n’amèneront jamais que la guerre, le sang et la désolation sur nos terres.
La richesse peut attendre dans un premier temps, car le Centrafrique, et l’Afrique en général, sont potentiellement très prospère. L’obtention de la souveraineté et de l’indépendance sera d’une richesse si inestimable que tout le monde en profitera. Car la prospérité est le reflet d’une société qui a profité de la richesse dans son ensemble.
Que l'année 2009 voie donc d’un bon oeil la suite de la lutte qui est déjà la nôtre, que le véritable espoir éclaire le Centrafrique et l’Afrique, écartant une année supplémentaire de mouise profonde et de misère sinistre en cul-de-sac.
A bon entendeur