23 avril 2011
Afonso Bukika
Au lendemain de la victoire militaire de la « Communauté internationale » ouattariste et ouattarisée en Côte d’Ivoire, le temps de la réflexion s’impose, pour dissiper tant de confusions, d’amalgames, de sujétions anachroniques, d’irrespect à l’endroit des vies humaines, et de violation du droit … passés étonnamment sous silence… Et nous nous apercevrons bientôt que les affirmations les plus certaines, les plus sécuritaires n’étaient guère indemnisées de mensonges, imposées par la Force aveugle, celle-là même qui vient d’installer, sous nos yeux, un État Léviathan, où trône la Bête, qui toujours dirige sans légitimité, toujours par la force… le museau toujours humant l’état de nature comme l’indique si bien Hobbes …
En 12 points, à travers des questions de droit constitutionnel, de droit pénal et de bon sens, il sera question ici d’interroger l’immonde, l’inacceptable, pour tenter d’anticiper sur le devenir de la Côte d’Ivoire, où les actes posés récemment ont violemment attenté à la Loi et au droit. Et où des prises de positions éclairantes sont souhaitables, pour apporter une alternative aux voies aveugles où bêlent des complots ensauvagés contre la souveraineté et les richesses des pays africains…
1. Le Conseil Constitutionnel (CC) a fait Gbagbo vainqueur de l’élection présidentielle ivoirienne, on le sait. La « Communauté internationale » et les ouattaristes de tous bords ont contesté, rejeté et défait cette décision… Ce rejet, lui-même, en droit, est sans fondement, en l’absence d’une ou de plusieurs requêtes dûment formulées pour attaquer la décision rendue par la Haute Cour, instance suprême. La question qui se pose au nouveau pouvoir est cruciale et imparable : demandera-t-on maintenant à ce même Conseil Constitutionnel que l’on a délégitimé de valider impunément l’élection du candidat par lui déclaré battu ? L’ayant récusé à dire le droit lorsqu’il s’est agit des uns, va-t-on maintenant en accréditer à nouveau la légalité dès lors qu’il s’agit du candidat de la « Communauté internationale » – et ce n’est ni une métaphore ni une moindre affaire ? Au fait, est-ce une candidature recevable que celle de la « Communauté internationale dans le cadre des Etats africains souverains ? Voici que, de bonne heure, en accolant à Ouattara le parrainage et l’adoubement de la « Communauté internationale », l’histoire nous rattrape ironiquement. Car Bédié et les autres avaient fermé la porte à ce candidat au nom de l’argument du déficit de son ivoirité, déficit estimaient-ils alors, pouvait donner lieu à tous les excès… Cette affaire était-elle si incongrue ? En adoptant comme nous des vues souverainistes et continentalistes, on pouvait pertinemment s’en offusquer…Et Gbagbo en a fait partie, qui, en panafricaniste démocrate, a fini par trancher en faveur de la tempérance, et tiré d’embarras son adversaire historique aux présidentielles. Et a constitutionnalisé la recevabilité de sa candidature alors quasi-unanimement contestée. Il reste que, la Côte d’Ivoire sent une odeur de règlement de compte qui heurte sans toujours se l’avouer la Citoyenneté, qui est aujourd’hui troquée et découpée en tribus, en régions, en croyances…contre son indivisibilité intrinsèque, son unicité… Sachons prévenir : il y a des Actes de récrimination et des violences aveugles que seule la « Communauté internationale » peut poser en Afrique. Et que n doit s’autoriser un Africain.
2. Passons. Comment Ouattara va-t-il se faire investir par une instance qui l’a rejeté et qu’il a lui-même ignorée ? A moins que le nouveau maître de cette Election-Léviathan ne concède à dissoudre le Conseil Constitutionnel pour en créer un autre, le sien propre, comme avec la CEI outtarisée, proclamant des résultats nationaux à son hôtel… La biopolitique du pouvoir… Il y a là, une question majeure, dont on ne peut faire l’économie, autrement qu’en prenant le partir de sonner le glas à l’État de droit…Dissoudre ou ne pas dissoudre ?
3. Et s’il s’y résignait – face à tension de la crise, à l’impasse, et surtout la contrainte accablante de la contradiction-, par quel tour de passe-passe voudra-t-on commander au Conseil Constitutionnel « ouattarisé » de valider une élection qu’elle n’aurait ni organisé, ni arbitré, somme toute ? Comment le sommerait-on de trancher en faveur de l’élection d’un candidat qui a vaincu militairement son adversaire, sans s’honorer de la victoire mathématique des urnes ?In absurdum !
4. Autre impasse : après avoir violé la règle des 3 jours requis pour rendre les résultats de l’élection, qui devaient être entérinés ou non par le CC comme disent les clauses, faut-il rappeler pour mémoire que c’est la CEI ouattarisée qui a créé la grande suspicion et le grand désordre de cette Élection ? Et rappeler qu’après cette première défection fatidique, elle a cru devoir s’affilier impunément dans un pays africain indépendant, les autorités onusiennes et diplomatiques françaises pour décider, sur le tard, et de toute évidence happée par la pression et la force, contre toute disposition du Code électoral endogène. Plus grave, la CEI ouattarisée choisit de se déporter en toute inclination biopolitique partisane sur L’hôtel du Golf, indûment encadrée par des représentants de la « Communauté internationale » pour dire des résultats tronqués…Dans force bureaux de votes, les inscrits sont inférieurs aux résultats finaux… Preuve élémentaire de la fraude inintelligible…
5. Par ailleurs, en quoi la contestation et le rejet des résultats de la CC ne sont-ils pas eux-mêmes qualifiés de violation flagrante de la souveraineté de la Loi fondamentale ivoirienne ? Qu’est-ce qui donc, en dehors de la force et du non-droit les a validés, en droit ? Le rejet en vertu de quel droit ? de quelle législation en vigueur en Côte d’Ivoire ? Ainsi donc, c’est a légitimité même de contester les résultats de la CC par la Communauté Internationale (CI) qui est formellement contestée…
6. Ainsi donc, Ouattara n’est-il pas – ne peut-il pas être – du moins en toute rigueur juridique, l’élu des Ivoiriens, décision jusqu’à preuve du contraire promulguée par la seule Haute Cour compétente en matière électorale, le Conseil Constitutionnel. La preuve, il devra bien y passer. C’est que notre figure du Léviathan est bien le produit du mépris de la Démocratie africaine par cette nébuleuse « Communauté internationale » qu’on eût voulu voir plus rigoureuse dans l’exécution conforme de la résolution onusienne, autorisée par le non moins nébuleux droit d’ingérence, exercé seulement dans les pays de la périphérie, avec le même usage criminel du glaive… La Nébuleuse est demeurée une instance que ne peut qualifier le droit, parce que procédant du flottement et du relativisme faible, de la confusion ourdie, de l’ambiguïté, de l’essentialisme le plus vil, de la force brute, et somme toute, du désir de la Bête : vivre de force et de non-droit, avec une conjonction de présences hostiles au fond à la norme, à la Loi : résolutions onusiennes surinterprétées ou dûment mésinterprétées, usage de la force manipulé et décidé en dehors de l4économie propre de la résolution, missions militaires extrapolées, usurpées, imputées in situ qui, par un Secrétaire Général de l’ONU sous mandat mais non moins couvert par la résolution, lorsqu’il lui vient la liberté d’invoquer par correspondance, l’intervention militaire tous azimuts…qui par le conglomérat d’instances et de figures ouattaristes et ouattarisées. Mais au nom de quoi ? Au nom de quel droit ? Fonctionnant avec amalgames, multipliant les réseaux de relations personnalisées et informelles en emboîtant le pied à la Françafrique, qui en est l’avatar, la « Communauté internationale » ouattarisée – qui ne sera jamais la Communauté internationale, loin s’en faut ! -, est apparue dans tout l’éclat de son jusqu’au boutisme militaire, retournant le mandat onusien en mandat anti-souverainiste, françafricain… Elle n’est pas seulement sans fondement juridique dans le rôle de contestation des résultats du CC, dans le fait d’imposer contre les résolutions onusiennes elles-mêmes la guerre, quitte à enjoindre de frapper aveuglément sur des positions et des populations civiles, en se dédouanant dans le même temps de toute forme de responsabilité au sujet des crimes de guerres perpétrés, étonnamment imputés au seul Gbagbo… Que fera-t-on de ces corps calcinés dont les images accablantes et choquantes ayant fait le tour de la planète, qui prouvent de manière formelle que seule la Bête Léviathan de la Communauté internationale en est capable contre l’Afrique ? … Pour l’Histoire, on ne devra jamais oublier que ces Africains sont tombés sous la pression de cette Communauté internationale ouattariste, ouattarisée et « criminalisée ».
7. Pourquoi cette Communauté internationale n’est-elle pas intervenue lorsque, dans le même pays, quelques années auparavant, une élection démocratique et des libertés se sont trouvées violées, avec des corps gisant partout avec aveuglement ?Lorsque le putsch est survenu ? Et que, de surcroît, les Accords de coopération militaire stipulaient l’intervention de la France en faveur du régime en place ?Pourquoi, s’agissant des mêmes Accords, la « Communauté … » choisit-elle de ne guère secourir Gbagbo – qui a donné l’essentiel des marchés du pays à cette même » Communauté internationale » avec ses Alliés, tandis que les Accords commandent expressément sa protection ? C’est en cela que Gbagbo, l’historien, devait rappeler à raison qu’il y avait bel et bien violation flagrante des clauses des Accords militaires… qui commandent la protection des gouvernants en l’espèce… Et pas en cas d’attaque extérieure, comme ont voulu l’affirmer indûment certains, sans vouloir lire les textes des Accords eux-mêmes… Si au demeurant l’on devait s’en tenir à cette interprétation fallacieuse et inexacte des Accords, elle se retournerait contre ceux qui les mésinterprètent aussi passablement mal. Faudrait alors en généraliser les effets, en exigeant de tous, y compris la « Communauté internationale » elle-même, le non-interventionnisme dans les affaires intérieures ivoiriennes…et africaines… Un coup on applique les Accords, un coup on les dénie, un coup on parle au nom du droit d’ingérence, un coup on se sert du non-droit et de la violence criminelle pour arriver coûte que coûte à ses fins…
8. Ceci amène au problème de la responsabilité pénale encore éludée par le » Bloc » ouattariste, avec pour lance de fer la « Communauté internationale » et ses divers Affiliés,qui ont explicitement appelé à la Guerre, l’ont légalisée en se servant de l’ONU, et amplifié l’usage de la Force ( en extrapolant les recommandations de la résolution onusienne, en les lisant à l’envers… la Bête déteste l’Afrique… ) le plus frappant estqu’à aucun moment la Communauté internationale et sa pseudo-philosophie de la paix-guerre , son Communautarisme internationaliste au rabais, n’ait voulu envisager la voie diplomatique… Alors dites-nous, au nom de quoi doit-on juger unilatéralement Gbagbo et exonérer cet Etat Léviathan (cette jungle militaro-criminelle que vient de déposer la Résistance ivoiro-africaine) de toute poursuite pénale ? C’est pour cela qu’il convient d’instruire des enquêtes sévères, strictes, par des organismes ad hoc, internes et externes à la Côte d’Ivoire, pour avoir des diagnostics fiables, formels, permettant aux coupables d’exactions criminelles d’être poursuivies, sanctionnés, sans espoir d’être sous quelque immunité que se soit…Je sais que, contre les prévisions faciles, Maître Jacques Vergès et les autres, rompus à l’exercice, devont défendre le droit pénal de toute manipulation et de toute complaisance…
9. Par ailleurs, pourquoi doit-on, si tant est que l’on doit préserver les Droits des uns et celui des autres, admettre tandis qu’on parle de transparence que le lieu de détention de Gbagbo et de son épouse soit secret ? Que cache-t-on derrière cet usage mystificateur et fétichiste de la détention des Gbagbo ? Pourquoi use-t-on de tant de mensonges à ce sujet ? Prétextant qu’ils sont à l’intérieur du pays lorsqu’il est établi à l’inverse qu’ils sont toujours à l’Hôtel du Golf ? Que vise subrepticement une telle stratégie avérée de désinformation ? Il faut se garder de commettre d’autres actes criminels après plusieurs autres…
10. Par ailleurs, lorsqu’on prétend mettre en place une Commission de Réconciliation, n’a-t-on pas vu la façon dont, dans une situation bien plus grave, en terme d’étendue humaine de dégâts et de bestialité du système de l’Apartheid, le président Mandela a réglé le problème sous le mode de l’Amnistie générale ? Ou on amnistie, et on généralise la Réconciliation. Ou on n’amnistie pas, dès lors, qu’on ne parle pas de Réconciliation nationale. La chasse aux sorcières continue, les militaires tribalisés, composés de Rebelles acquis à l’impunité et de soldatesques recrutées à la hâte aux abords des frontières du pays, continuent le règlement de comptes, les Gbagbo sont capturés, des ministres du gouvernement Gbagbo mis à mort, molestés, des militaires gbagboistes sommés de faire allégeance à la Bête, et de rejoindre les rangs de la nouvelle équipe pour garantir coûte que coûte leur brevet de bonne foi, après le kidnapping de Bagbo… Mandela n’a-t-il pas tendu la main aus partisans de l’Apartheid ? Et n’est-ce pas avec le président et Nobel Declerk qu’ils ont ensemble appelé à pacifier et unifier le pays ? Il n’y a pas de pacification ni de réconciliation sans l’Adversaire d’hier.
En poppérien, simple rappel, c’est avec les adversaires d’hier qu’il faut construire la société ouverte de demain. Car, c’est en apprenant de nos erreurs que nous nous améliorons. L’histoire commande un faillibilisme politique en Cote d’Ivoire. Où les adversaires d’hier, dont l’un a sauvé l’éligibilité de l’autre, qui lui l’a jeté en prison…doivent faire face à la Côte d’Ivoire, à l’Afrique et au monde pour donner une leçon de politique à l’africaine… La Charte démocratique du Mende, la première du monde, en a tous les ingrédients… L’avenir de la Côte d’Ivoire en dépend. Et la stabilité de cette région… Comme César hier à Rome, le cadavre des visionnaires et des héros est un sujet de trouble infini, surtout dans un pays où l’on refuse de désarmer et où l’on pousse à faire des élections au Bazooka comme dit Achille Mbembe…
11. Doit-on pour autant prendre parti pour l’impunité, face aux crimes de guerre perpétrés ? C’est là la responsabilité de la Côte d’Ivoire comme je viens de l’indiquer. Pour le respect des morts calcinées, des charniers, il est impérieux d’instruire un procès pénal formel. Et d’établir clairement la Responsabilité des uns et des autres. Sans la moindre complaisance. Il y a lieu impérativement de procéder aux réparations… de répondre des Actes criminels localisés. Mais il y a l’impératif catégorique du Vivre-ensemble. Celui du devenir de ce pays.
- on peut donc – on doit donc – très bien exonérer les condamnations, les poursuites engagées et établies, si l’on gage véritablement la Réconciliation nationale, celle-ci jure toujours avec le sacrifice des compatriotes, fondateur d’un nouveau lien social, d’une nouvelle Communauté réconciliée. Et René Girard d’ajouter : c’est le sacrifice qui est fondateur de cette Communauté à naître… Or si l’on veut mourir à ce terrible passé – sans daigner l’oublier -, si l’on veut commettre le meurtre de cette Bête qui tétanise le vivre-ensemble, de cet Etat Léviathan qui est suspendu sur nos têtes, si l’on veut renaître à un présent qui reste à inventer, à pacifier, à solidariser, en étant affranchi des oripeaux de la violence et des Haines antérieures présumées entre différents groupes, il faut bien voir le courage d’Amnistier, il faut bien en arriver là. Et cela demande bien plus de force que de faiblesse, plus de courage que de lâcheté, plus de Raison que de dénis de droit.
- Encore que les Haines supposées antérieures entre les différentes communautés linguistiques soient plus souvent affaire d’instrumentalisation idéologique et politicienne.Mais soumettons nos Actes à nos philosophies les plus élevées : C’est avec les braises qu’on allume le feu, c’est aussi avec les braises qu’on peut éteindre le feu, disent nos sagesses, si immensément dialectiques, attachées au dépassement des contraires par la hauteur de la confrontation argumentée – et non exclusivement militaire. Que je sache, l’Afrique est capable de cette exigence dialectique, celle qui naguère fait serrer la main du président Wade par Abdou Diouf…avant de voir son adversaire embrasser sa Mère…génitrice d’un démocrate… Exigence qui a fait que Mandela réconcilie l’Afrique du Sud…
-Et si le pétrole et les richesses africaines expliquaient les raison profondes des nouveaux conflits armés qu’on a pris l’habitude maintenant de faire valider par l’ONU, il faut garder à l’esprit que ces nouvelles guerres onusiennes commanditées contre l’Afrique se soldent pardes logiques quaternaires qui consolident la catastrophe en pays périphériques :destruction massive et intentionnelle du « pays couvert de pétrole, et de richesses » (I), partage des marchés et reconstruction du pays militairement défait par les membres dits de la « Communauté internationale » et leurs Affiliés (II), et Exploitation des richesses locales sur le long terme après avoir placé des régimes fantoches et recolonisés (III), Occupation militaire du site…(IV)… L’impératif d’exploitation économique s’avère toujours plus fort que la stabilité de l’Afrique… C’est pourquoi cette Afrique doit regarder l’ONU en face, debout. C’est debout comme Homo Erectus que l’Afrique va conquérir sa souveraineté. En défiant la pesanteur militaro-économique.
12. Pour terminer ce texte, je voudrais souligner que je suis assez d’accord avec quelques voix, quelques Etats, quelques intellectuels africains, qui ont courageusement pris position au sujet de la crise ivoirienne en faveur de la préservation de la souveraineté africaine et de ses richesses, sans s’inféoder aux privilèges de l’instant ni à l’auto-servitude habituelle. L’authenticité de la pensée est l’avenir de l’Afrique qui doit redécouvrir et ré-exercer la Maât, cette pensée géométrique et justicière. Plusieurs intellectuels, politologues et philosophes de la planète ont perdu l’usage de l’objectivité, la liberté de dire « Non » contre les détournements grotesques de la Raison et les dénis de justice. Ils ont corrompu l’activité autocritique de la pensée, en adoubant les Actes de violence et d’usurpation des Etats et des « Blocs » économico-politiques auxquels ils « appartiennent ». Cela dessert considérablement notre façon de gager le vivre-ensemble planétaire, qui reste tronquée, hiérarchisable, divisible à l’infini. A l’inverse, certains, comme Achille MBemba, pensent à contre-courant du dogme de la bienpensance du Centre…, qui a violemment pris à partie, les défenseurs de la persévérance d’un ordre mondial interventionniste et fait de sujétion en Afrique, et récusé le truquage ouattarien… Ainsi du leader panafricaniste Kémi Séba, accueilli désormais en Terre démocratique africaine, notamment au Sénégal, qui a trouvé honteux le choix de la guerre par des Africains eux-mêmes, comme mode de règlement des conflits africains…
- On peut en dire autant des autres penseurs acquis comme nous autres universitaires et intellectuels diopiens, à la prééminence de la souveraineté économique, politique et industriel de l’Afrique. Et attachés à l’idée que la science, repensée dans le contexte africain propre, doit nous aider au développement et à l’industrialisation. De la sorte, la coopération sur fond colonial, tout échange visant la surexploitation et l’informalité à la manière de la françafrique, et toute relation internationale qui privilégieraient encore des rapports de servitude fondés sur l’interventionnisme militaire, l’unilatéralisme financier, diplomatique et économique, et la domination sont à abandonner, au profit du multilatéralisme, du co-développement, de la recherche de la paix et de la justice sur l’ensemble de la planète… le contraire exacerberait les nouveaux damnés de l’économie-monde… sans que l’on puisse jamais prévoir la réaction de demain comme ces Conférences Nationales Africaines que l’on a impunément étouffées, ou ce « Printemps arabe » que l’on s’empresse de récupérer, quand bien même il conteste comme les Conférences Nationales le joug aveugle et le détournement de l’avenir des Citoyens par des systèmes anarchiques coalisés ruinant les bien-vivre minimal des peuples.Car l’usage onusianisé de la force pour différer et tétaniser la souveraineté générale des Etats militairement faibles, pourrait bien s’avérer être la grande sottise du XXI ème siècle… Car, il révèle une façon d’habiter le monde encore faible, détournant sans cesse notre rêve de mondialiser les rapports étatiques et continentaux, en les pacifiant par la Raison, par le droit, la justice, le respect de la vie des autres… Aujourd’hui l’économie-monde reste sans figure ni contenu à l’aune d’un vivre-ensemble planétarisé.
Grégoire Biyogo, philosophe, politologue, égyptologue, Directeur de l’Institut Cheikh Anta Diop, Paris, le 21 avril 2011. Lauréat de la Sorbonne, Auteur de plusieurs ouvrages, dont entre autres Déconstruire les Accords de coopération franco-africains (2011).