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14 décembre 2008
Juliette Abandokwe

 

Le Dialogue Politique soi-disant Inclusif bat son plein à Bangui, avec autour de la table Bozizé, Patassé, Kolingba, et les autres, laborieusement triés sur le volet depuis plusieurs mois. La société civile est sciemment faiblement représentée, et nombreux sont ceux qui ne se font guère d’illusions sur cet enième Dialogue. Depuis quelques jours l’Union des Forces Vives de la Nation demande avec force la démission de François Bozizé.

 

Tous ceux qui voient souffrir le peuple centrafricain de manière exponentielle depuis 2003, ceux qui en ont marre de l’incompétence prédatrice à outrance de Bozizé et ses associés en terme de justice sociale, santé, et sécurité, bref un régime ayant complètement failli à ses responsabilités envers un peuple qui l’a soi-disant légitimement élu en 2005, doivent se demander pourquoi la démission de Bozizé par certains est désapprouvée par d’autres.

 

D’autant plus que la désapprobation vient des acteurs politiques qui ont de très sérieux atouts de leur côté pour la remise à flot d’un navire en pleine perdition. Les intérêts des uns et des autres sont bien sûr toujours présents dans tous les esprits. Mais personne ne vise la perfection. Et il est difficile de voir pire que Bozizé et sa clique.

 

Jean-Jacques Demafouth d’abord, et ensuite Martin Ziguélé, refusent clairement la demande pressante de l’UFVN de voir Bozizé laisser son siège présidentiel dans la précipitation d’une destitution. Et pourtant, les motivations de l’UFVN, «le Président François Bozizé Yangouvonda n’est plus garant de l’unité et de la cohésion nationales à cause de son ‘tribalisme militant’, ‘dominateur’ et ‘conquérant’. » sont parfaitement justifiées, et ce d’ailleurs depuis le début de sont règne.

 

Dans l’absolu, Bozizé n’a jamais été capable de gouverner ce pays si convoité de tous les côtés. Et dans l’absolu aussi, il devrait se retirer sans faire couler le sang, pour laisser la place à des acteurs plus compétents. Car le Centrafrique, malgré une malgouvernance existant déjà avant l’avènement de Bozizé, est devenu carrément un état fantôme sous le règne brutal de ce dernier, qui n’a fait que détruire le peu de ce qui existait avant son arrivée en terme institutionnel et industriel.

 

Néanmoins, le Dialogue Politique Inclusif, entouré d’une volonté générale très forte de non-répétition des dialogues sans suite précédent, n’est pas destiné à éjecter l’un ou l’autre des participants, quel qu’il soit. Malgré une mise sur pied extrêmement laborieuse, surtout à cause du comportement décidément obstructif du Général-Président, le Dialogue vise à apporter des changements en douceur, aussi minimes soient-ils. Car avec un Président pareil, personne ne doit s’attendre à des changements drastiques. Par contre il serait primordial de briser la cristallisation actuelle d’une situation socio-économique et sécuritaire extrêmement catastrophique.

 

Le peuple centrafricain en a marre de la désolation et des violences sans fin. Les mutineries, les pillages, les viols, les assassinats et les massacres perpétrés ces dernières années ont déjà largement dépassé tout ce qu’on a pu imputer à Bokassa, diabolisé à dessein par une classe politique occidentale de plus en plus embarrassée par les secrets dévoilés sur les manigances occidentales sur sol centrafricain.

 

Le but aujourd’hui est donc de passer à un destin plus clément, sans faire couler le sang encore. Car on peut bien se l’imaginer, l’exécution de la destitution de Bozizé ne pourra que se passer dans la poudre à canon et dans le sang, car c’est le seul langage qu’il connaîtvraiment. Un Général qui ne connaît que la loi de la jungle, et qui n’a qu’acheté son grade militaire.

 

Le travail à accomplir est incommensurable. Mais l’important est de ne pas mettre la barre trop haute, de viser ne serait-ce que la hauteur d’un trottoir, et enclencher un processus de transition qui pourrait mener à terme, à un véritable changement pour le peuple centrafricain.

 

Surtout, ne chatouillons pas le Général. Il a déjà la gâchette assez facile comme ça !

Et ne soyons pas irréalistes et pressés devant un régime qui bénéficie du soutien de Bongo, Deby, Campaoré et Sarkozy, pour ne citer que ceux-là. Car ces gens-là sont de ceux qui comprennent vite quand on leur explique très longtemps. Le mariage d’amour entre les prédateurs étrangers et les prédateurs locaux ne sera pas éternel…

 

L’Africain est patient. Et une fois de plus je dis que le Temps lui donnera raison.

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Textes De Juliette