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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 11:39

Constat OCHA sur la période du 19-22 septembre 2013 

 

 

Situation de populations déplacées et autres personnes vulnérables de la ville Bossangoa, préfecture de l’Ouham. 

 

 

 

Contexte

 

Depuis le début du mois de septembre, la sous-préfecture de Bossangoa est en proie aux affrontements qui opposent les jeunes d’auto-défense communément appelés anti-Balakas et les éléments des Forces Armées Républicaines Centrafricaines (FARC).

 

Les 8 et 9 septembre, des nouveaux affrontements qui ont opposé les forces du nouveau régime aux partisans du Général Bozizé avaient fait une centaine de morts dans les communes de Benzamé et Soumbé, selon un bilan non définitif fourni par la présidence et les organisations présentes dans la localité. Selon l'ONG Médecins sans frontières (MSF), des "atrocités ont été commises par les deux parties au conflit".

 

Ces conflits ont évolué pour atteindre la ville de Bossangoa et ont occasionné les déplacements massifs des populations qui ont fui les combats à l’intérieur de la ville, pour se réfugier à des endroits jugés plus sécurisés.

 

Le mardi 17 septembre, la population de Bossangoa, dans la partie Nord-ouest de la République Centrafricaine s’est une fois de plus réveillée sous les crépitements des armes lourdes. Ce regain de violence a plongé les habitants de cette localité dans une nouvelle psychose et près de dix-neuf mille (19.000) personnes ont fui leur domicile pour se réfugier à l’Evêché de l’église catholique de la ville.

 

Pour rappel, depuis la première crise de mars 2013, les populations de Bossangoa vivaient dans un climat des tensions inter communautaires et dans un environnement de méfiance entre groupes sociaux. Ces conflits ont pris des dimensions confessionnelles et créer deux groupes rivaux : la communauté musulmane d’un côté et la communauté chrétienne de l’autre.

 

Suite à ces affrontements dans la ville de Bossangoa, des milliers de chrétiens ont abandonné leurs domiciles pour trouver refuge à l’Evêché tandis que les familles de musulmans venues des communes périphériques et de la ville de Bossangoa se sont retrouvées à l’école Liberté et chez l’Imam de la ville.

 

Cette situation chaotique a déclenché une mission humanitaire coordonnée par l’ONU, et qui devrait se rendre à Bossangoa pour appréhender la situation de ces personnes déplacées internes et des autres personnes vulnérables, avec la participation de différentes agences de l’ONU et autre ONG.

 

Le présent rapport reprend les principaux constats, essentiellement les effets de la crise sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations, à l’issue de cette mission qui s’est déroulée dans la période du 19 au 22 septembre 2013.

 

 

Objectif de la mission.

 

De façon globale, cette mission humanitaire conjointe visait à renforcer le principe de protection par la présence. De façon spécifique, la mission devrait :

 

Evaluer la situation des populations en termes de besoins dans les différents secteurs.

S’assurer d’un meilleur suivi de l’évolution du contexte humanitaire.

 

Disposer d’informations et données fiables nécessaires à l’analyse de la Réponse.

 

Favoriser la communication inter communautaire et plaidoyer au niveau local pour que la recherche des corps des deux staffs ACTED soit faite.

 

Etudier la meilleure stratégie de réponse en se basant sur le principe de Do no harm.

 

 

Qui sont ces personnes déplacées, d’où proviennent-elles et combien sont-elles ?

 

Les personnes affectées par la crise de Bosssangoa sont les populations de ses six communes, à savoir Benzambe, Soumbé, Koro Mpoko, Ouham Bac, Ndoro-Mboli et Bossangoa. Les PDIs de Bossangoa sont les personnes en provenance de ces localités qui ont fui les exactions des groupes rivaux , pour trouver refuge dans la ville de Bossangoa sur quelques sites jugés sécurisés comme l’évêché de Bossangoa et l’hôpital préfectoral pour les communautés chrétiennes et l’école Liberté et chez l’imam pour les communautés musulmanes qui comptent également des peulhs basés au bureau abandonné de la sous-préfecture de Bossangoa.

 

tableau ci-dessous reprend les effectifs des PDIs par communautés visitées au cours de la présente mission :

 

Site de regroupe-ment

Nbre de

ménages

 

Hommes

Femmes

 

Enfants < 5

ans

 

3e Age

 

Total

 

EVECHE

5 197

8 865

9 812

14 822

1 875

35 374

 

ECOLE LIBERTE

2 44

194

344

767

117

1 415

 

BORRO (Chez l'Imam)

97

108

257

196

95

656

 

 

5 538

9 167

10 413

15 785

2 087

37 445

Parmi ces déplacés, les enfants de moins de 5 ans représentent 43% des effectifs. On y trouve également des femmes (28%) et des personnes de 3ème âge (5%).

 

La carte ci-dessous localise les points de conflits et les zones de provenance des

PDIs (populations déplacées internes).

 

 

Pourquoi ces PDI sont en situation de vulnérabilité à l’insécurité alimentaire.

 

Pour mieux comprendre La situation de vulnérabilité à l’insécurité alimentaire dans laquelle se trouvent les communautés de Bossangoa, il faudra savoir que dans cette ville, les musulmans sont essentiellement des commerçants des produits de première nécessité et que les chrétiens sont plus des agriculteurs tirant leurs revenus de la vente des produits agricoles. La situation se présente comme suit :

 

On assiste depuis près d’un mois, à un arrêt d’approvisionnement de la ville par les commerçants, tant du côté de Bangui que du côté du Tchad, et également des communes voisines du fait de l’insécurité sur les axes.

 

Cette situation a créé une absence totale de la disponibilité alimentaire sur les marchés de Bossangoa. Les deux marchés de la ville (Boro et centre-ville), ne sont pas opérationnels. A Boro, on y a trouvé quelques vendeurs des produits non alimentaires. Un troisième marché est né à l’évêché et tenu par les chrétiens avec un semblant de disponibilité et auquel, la communauté musulmane n’a pas accès.

 

La destruction des surfaces cultivées par les éleveurs, plus accentuées que d’habitude, anéantie tout espoir de récolte pour cette campagne agricole 2013-2014.

 

L’accès aux champs est très limité aux agriculteurs du fait des menaces des éleveurs et d’autres éléments armés incontrôlés dans les zones agricoles.

 

Les produits de base, disponible d’habitude en cette période de se soudure, se font rares (manioc) et ont quasiment doublé de prix. A cela s’ajoute le faible pouvoir d’achat des populations dans la zone qui ne permettent pas d’accéder au marché malgré cette faible disponibilité. 

 

En cette période pré récolte, les stocks alimentaires après des ménages visités sont quasi inexistants et les travaux temporaires en cette période de conflits sont devenus rares.

 

Eu égard de ce qui précède, l’accès à la nourriture des ménages déplacés s’est complètement détérioré en raison du faible pouvoir d’achat des ménages et de la pauvreté auxquels s’est ajoutée la perte des récoltes citée plus haut.

 

 

Evolution de la situation dans les 3 prochains mois.

 

Le climat de méfiance et les tensions assez vives observées dans les deux communautés visitées (chrétienne et musulmane) ne présagent guère d’un retour imminent à la paix ni d’une entente parfaite entre les deux groupes.

 

Les destructions présentes et continues des champs par les éleveurs peuhls dans la sous-préfecture de Bossangoa, ont amené certains agriculteurs à faire des récoltes précoces sur certaines cultures vivrières notamment l’arachide, et à procéder également à la vente préventive du petit bétail en leur possession. Les agriculteurs s’attendent donc à une forte baisse de la production agricole en cette campagne à travers les mauvaises récoltes escomptées.

 

Si cette situation persiste et que des mesures ne sont pas prises à temps, la situation de vulnérabilité élevée à l’insécurité alimentaire à laquelle se trouve une bonne partie de la population de Bossangoa risquerait de se prolonger dans les prochains mois voire devenir chronique.

 

 

Partenariat

 

A ce jour, on compte trois partenaires des ONG internationales basées à Bossangoa. Il s’agit de CARITAS qui s’occupe présentement de l’enregistrement des personnes déplacés sur les différents sites à Bossangoa, ACTED avec la construction des écoles et Médecins sans Frontières (MSF Hollande) qui s’occupent des soins de santé à l’hôpital préfectoral de Bossangoa. Pour les prochaines distributions des vivres, le PAM examinera la possibilité de travailler avec ces partenaires sur place.

 

 

Besoins identifiés

 

- Besoins en vivres, NFI, Wash, Kits de dignité.

- Besoins en latrines.

- Besoins en médicaments pour les pathologies fréquentes et non prises en compte par MSFH (IRA, Diarrhée, etc.)

 

Les détails pour chaque secteur sont contenus dans le rapport consolidé de la mission.

 

 

Conclusion et principales recommandations.

 

L’équipe de l’évaluation confirme la situation humanitaire précaire et préoccupante des déplacés de Bossangoa. Aux faibles récoltes attendues de cette campagne agricole du fait des semis tardifs, s’ajoutent la destruction des champs par les éleveurs peuhls. Ce phénomène qui a ravagé une bonne partie des surfaces cultivées autour de Bossangoa occasionnera sans nul doute, des faibles disponibilités alimentaires dans la zone et pourra dans les tous prochains mois contribuer à la dégradation de la situation nutritionnelle des populations notamment celle des enfants de moins de 5 ans qui représentent à eux seuls,

43% des effectifs des déplacés.

 

A l’issue de cette mission à Bossangoa et par ordre de priorité, nous recommandons ce qui suit, en ce qui concerne la sécurité alimentaire :

 

Dans l’immédiat :

 

Apporter une assistance alimentaire inconditionnelle d’urgence (GFD) aux 37 445 déplacés pour une période initiale d’un mois (Octobre 2013) (Action : PAM et Partenaires).

 

Procéder à une réévaluation de la situation en mi-octobre, pour mieux appréhender la situation de ces déplacés et juger de l’opportunité de poursuivre cette assistance. (Action : PAM et Partenaires).

 

Faire une évaluation rapide des capacités des partenaires sur place pour les

prochaines distributions à Bossangoa (Action : PAM et Partenaires).

 

A court et moyen terme :

 

Apporter un appui aux activités de contre saison (maraîchage) en cette fin de la saison pluvieuse, afin de compenser le manque des récoltes et assurer ainsi la réhabilitation des sources revenus. (Action : FA0, PAM, et partenaires)

 

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