Le cocorico s’est étranglé dans la gorge du coq
L’article sur N’Djamena menant une enquête sur le sort des opposants tchadiens parue aujourd’hui le 14 février, est illustré par une photo de Bernard Kouchner, le ministre français, arborant un air dépité et dépassé. Quel lapsus médiatique !
Et sa mauvaise humeur se justifie parfaitement.
Sous d’autres cieux, il serait « muté », « limogé », ou au minimum donnerait sa démission. En effet, c’est bien à lui que Déby a rétorqué il y a quelques jours « ne m’emmerdez pas avec cette histoire ! ». Quel affront !
Peut-être se sent-il un peu frustré d’avoir collaboré à la couverture d’un assassin d’opposants !? Un tueur cynique et sûr de son soutien inconditionnel par une communauté politique internationale complice ! Un autre de ces tueurs en série, qui ont peur de leurs opposants, des manifestants citoyens et de leurs concerts de casserole ! Grotesque pour ces abuseurs polichinelles évoluant depuis des années dans la bonne conscience…
Car ne nous leurrons pas ! Si N’Djamena doit faire une enquête deux semaines après la séquestration de plusieurs opposants n’ayant même pas eu le temps de prendre leurs chaussures avec eux, en simulant de ne pas connaître l’origine institutionnelle des agresseurs, Kouchner a raison de s’attendre au pire.
Déby a donc fini de faire la guerre, et a maintenant trouvé le temps de faire semblant de s’intéresser au sort des fauteurs de troubles ?
On va bien voir maintenant ce que va faire ce gouvernement légitime qu’il fallait absolument préserver de l’agression non-étatique armée !
Si ces pauvres gens étaient vivants ils seraient déjà réapparus depuis belle lurette. La vérité est certainement qu’ils ont cessé de vivre, et tout le monde s’en doute ! Voyons voir si Messieurs Sarkozy et Kouchner auront le courage de présenter leurs condoléances aux familles des victimes du gouvernement qu’ils soutiennent avec une application à la lettre !
Néanmoins, si le souffle de ces opposants s’est arrêté, leur combat ne cessera jamais ! Car la mémoire est sacrée, on ne peut pas la tuer. Et nous autres avons dès aujourd’hui le devoir de mémoire, nous devons empêcher combattre l’oubli, comme cela a été fait pour Sankara, Biko, Lumumba et tant d’autres !
Ils sont devenus des martyrs, et c’est la pire chose qui peut arriver à un gouvernement ! Car l’existence de martyrs confirme l’illégitimité et le totalitarisme d’un régime quel qu’il soit ! Voilà pourquoi le gouvernement français est si dérangé ! Car en réalité le sort de ces hommes disparus dans les ténèbres de la terreur, ne lui importe que très peu. Ce ne sont que les implications pour leur politique africaine de plus en plus controversée qui sont importantes.
Le plus grand défi du 21ème siècle est manifestement la guerre contre l’impunité. Si le CPI est un des organes essentiels dans cette tâche, elle a du pain sur la planche ! De plus, sa guerre pour confronter les grands criminels de masse à leurs responsabilités, sera tout aussi grande que les efforts qu’elle aura à déployer contre la corruption et les manipulations en tout genre visant à garder les vérités très embarrassantes et délégitimisantes dans l’ombre !
Mais le peuple n’est pas dupe ! la vérité est éternelle, et fini toujours par apparaître tôt ou tard ! Les éclairés sont partout, et la race humaine des opposants aux injustices socio-politiques en tout genre ne s’éteindra jamais.
Gare à toi Françafrique, ton crépuscule arrivera.
Le cocorico du coq finira invariablement dans la casserole !
A bon entendeur.
Juliette Abandokwe
14 février 2008