Par Juliette Abandokwe
Il ne s’agit plus d’une simple grève des transporteurs, ou d’une manifestation de mécontentement qui a mal tourné. Ce matin, le bruit cours déjà. C’est bel et bien l’état d’urgence qui a été implicitement décrété, ou la « ville morte » pour les connaisseurs !
Dans la matinée, les casses, commencé dimanche déjà dans certains quartiers « chauds », se sont étendus aux boutiques de Ndokotti, à la BICEC de Bonaberi et à la Soudanaise.
Equinox TV et la radio ont été fermés par l’Etat.
La CRTV – média du gouvernement - assure que tout va très bien.
Tout est fermé, même les cybercafés. Les patrouilles sont mixtes (police et armée) et les déplacements sont impossibles. Les rues du centre-ville de la capitale économique sont désertes, et les patrouilles exercent leur pouvoir intimidant jusque dans le nord du pays.
La paralysie est totale
Les manifestations de colère contre un gouvernement qui veut s’autoproclamer monarchique, continuent.
Les stations-service, les supermarchés, les kiosques, le PMUC sont devenus la cible d’une société civile qui en a vraiment marre de subir les incompétences outrageuses d’un gouvernement qui ne fonctionne qu’au népotisme et au tribalisme.
La situation socio-économique va de mal en pis dans ce pays pourri par la corruption, et le pouvoir d’achat s’amenuise de jour en jour. Les prix augmentent, les conditions de salaire et de travail sont désastreuses.
Les yeux publics, les journalistes, sont de plus en plus souvent et ouvertement molestés depuis un temps.
Manifestement, le Cameroun va très mal. Et comme d’habitude, l’opinion internationale n’est ni intéressée, ni inquiétée par la dérive d’un gouvernement soit-disant légitimement et démocratiquement élu, et soit dit en passant, largement soutenu par la France au travers de ses intérêts économiques, notamment pétroliers.
Lors des dernières élections présidentielles – les avant-dernières, et celles d’avant aussi – des populations entières de certains quartiers de Douala ne recevaient pas leurs cartes d’électeurs, avec la complicité de certains chefs de quartier. Autant dire que l’on empêchait les opposants de voter. C’est une élection légitime ça !?
Le leitmotiv perpétuel c’est « de toute façon c’est toujours comme ça, Biya va mourir au pouvoir ! ».
Même la résignation à toute épreuve a ses limites ! Quand c’est trop c’est trop.
Quand l’opinion internationale commencera-t-elle à prendre véritablement conscience que l’étendue des exactions légitimées en Afrique dépasse tout entendement, que l’Afrique n’est pas seulement simplement pauvre.
Les souffrances de l’Afrique soit-disant post-coloniale sont conditionnées par une ingérence impunément implacable de la part de certaines puissances macrophages. Les gouvernements occidentaux savent tout cela, mais les pratiques aussi doivent changer. Les peuples ont le pouvoir de mettre la pression, et leurs dirigeants – démocratiquement élus - leurs doivent d’ailleurs des comptes.
C’est ainsi que tout le monde a une part de responsabilité. La Communauté européenne, l’ONU, la France pour n’en citer que quelques-uns, outre leurs missions purement humanitaires, semblent plutôt vouloir couvrir des motivations plus profondes. Les tentacules sont profondément ancrés dans des systèmes qui ne méritent que d’être dénoncés !
Les responsables politiques occidentaux, pratiquant la démagogie à grande échelle, mais qui censurent leur propre télévision nationale, doivent être repérés et dénoncés. La population – quelle qu’elle soit – doit conserver le droit à une information exempte de manipulations politiques.
Aujourd’hui, les populations européennes ne savent pas que l’information qu’ils ingèrent est savamment orchestrée, pesée, et pré mâchée, que l’opinion publique est profondément conditionnée par cette manipulation médiatique, au service des grandes entreprises – ou organisations - transnationales qui font du monde ce qu’elles veulent !
L’Afrique n’est pas un terrain de jeu où se collectionnent inconditionnellement des trophées – pétrole par ci, diamants par là – par des joueurs sans scrupules qui ne savent que tricher. Les africains ne sont pas des singes descendus des arbres qui ne sont là que pour contempler les bras ballants le pillage de leurs richesses.
L’Afrique est une terre d’espoir pour les africains. L’Afrique appartient aux africains, c’est leur terre.
Et le Cameroun appartient à TOUS les camerounais.