31 décembre 2009
AFP
Le Premier ministre santoméen Rafael Branco a annoncé jeudi qu'il allait réaménager son gouvernement de coalition après avoir été "informé" par le parti du président Fradique de Menezes du retrait de ses ministres, ouvrant la voie à une crise politique dans cet archipel lusophone.
Le Mouvement démocratique des forces du changement-Parti libéral (MDFM-PL) l'a "informé de sa décision d'abandonner immédiatement l'actuel gouvernement" de 13 membres, a expliqué devant la presse M. Branco, homme fort de l'exécutif. Dans les prochaines heures, "je vais présenter au président de la République la liste du nouveau gouvernement", a-t-il précisé.
Son parti, le Mouvement de libération de Sao Tomé et Principe/Parti social démocratique (MLSTP/PSD), est majoritaire avec cinq membres dans l'équipe. Le MDFM y compte quatre ministres: Justino Veiga (Justice et Affaires parlementaires), Cristina Dias (Energie et Environnement), Raul Cravid (Administration interne) et Maria Tomé (Travail et Solidarité).
D'après le Premier ministre, Justino Veiga s'est dit disposé à rester dans l'équipe, que complètent quatre ministres du Parti de la convergence démocratique (PCD). Le mandat du gouvernement de coalition expire en mars 2010. Rafael Branco a expliqué que le MDFM a décidé de retirer ses ministres du gouvernement à la suite d'une requête du MLSTP auprès de la Cour constitutionnelle.
Selon M. Branco, son parti a demandé mercredi à la Cour de se prononcer sur la constitutionnalité de l'élection du chef de l'Etat comme président du MDFM, qu'il "considère comme illégale", avait expliqué mercredi soir à la télévision d'Etat, José Viegas, secrétaire général du MLSTP. Le 20 décembre, le MDFM-PL a élu président Fradique de Menezes, son fondateur et jusqu'alors chef à titre honorifique. Le parti était auparavant présidé par un comité.
Cette élection avait donné lieu à une polémique à Sao Tomé, certains l'ayant assimilée à une violation de la Constitution selon laquelle "les fonctions de président de la République sont incompatibles avec quelque autre fonction, privée ou publique". Jeudi, le Premier ministre a réfuté toute idée d'instabilité à cause de la situation politique, estimant que malgré le retrait du MDFM, les partis de la coalition gouvernementale conservaient "une majorité suffisante au parlement pour travailler tranquillement".
Sur les 55 élus de l'Assemblée nationale, le MLSTP compte 20 députés. Le MDFM en a 12, le PCD 11. Les autres élus sont de l'opposition (7), des indépendants (4) et un représentant de la société civile. Des analystes politiques prêtent à Fradique de Menezes - élu en 2001 et réélu en 2006 - l'intention de se positionner pour être Premier ministre à l'expiration de son deuxième et dernier mandat, en 2011.