A l’époque, avec le procès Bokassa, on avait dit « plus jamais ça ! »…
Et pourtant, voilà que Bozizé a déjà largement dépassé ses prédécesseurs en termes d’exactions en tout genre !
Et voilà encore qu’il s’offusque, lui et les siens, parce qu’un journaliste courageux ose dire tout fort ses quatre vérités ! Le régime abuseur devient brusquement victime ! le pauvre monsieur Ndoutingai qu’on vient injustement traiter plus bassement qu’un vulgaire zaraguinas ! Quelle honte pour son illustre arrogance... Les travers du régime ne doivent surtout pas être révélé en plein jour.
Madame la reine-mère pleurniche à la radio pour le bien-être de ces pauvres gens dans les provinces qui n’ont rien et qui se font harceler par ces fils du pays armés de kalachnikov. C’est déjà bon si elle sait qu’il y a plein de gens dans la misère dans son pays, alors qu’elle vit pratiquement avec une cuillère en or dans la bouche.
Le ministre pourri qui, profitant de sa « mission » à Genève, dépense dans les 20 millions de francs CFA pour ramener des 4x4 au pays, soit en un clin d’œil l’équivalent d’environ 200 salaires mensuels de fonctionnaires. L’argent que ce monsieur très compétent et prêt à se sacrifier à la tâche a dépensé, provient certainement de ses économies de ministre, alors que les caisses de l’Etat sont désespérément vides. En plus, les factures exorbitantes des « missions » des ministres et autres membres du gouvernement et leur suite, sont complètement indécentes.
Les diamants, l’or et l’uranium « cédé » à gauche à droite en échange de très gras pots-de-vin, atterrissent dans les poches percées en tout genre, mais en tout cas pas dans celles du peuple centrafricain. L’affaire Areva ? la pointe du iceberg seulement !
Les grossières violations des droits humains les plus élémentaires, les tueries gratuites, les razzias de villages, le règne de la terreur, sont le lot quotidien de populations entières.
Nous avons affaire à un Etat en liquéfaction, profondément incompétent, et incapable de protéger et d’assurer une subsistance décente au peuple sous sa responsabilité.
Un régime qui ne fait que quémander des milliards à tout bout de champs, et une communauté internationale suffisamment complice. Le trou du fonds la poche arrange d’autres poches, et ainsi de suite.
Des responsables régnant en despotes, en tyrans, en tueurs en série, ayant reçu le champ libre d’une Françafrique assassine, intrigante, et plus nuisible qu’un banc de piranhas affamés à toute heure.
Les éclairés savent tout cela.
Et pourtant Bozizé a peur d’un simple concert de casseroles ! il craint le désordre sur la voie publique, accuse les uns et les autres d’encourager des travailleurs qui ne font rien d’autre que de réclamer le salaire de leur labeur, ou des lycéens qui ne cherchent que le droit de s’instruire. Comment un simple parti d’opposition, ou un simple journaliste peuvent-ils créer et maintenir une crise sociale basée sur des revendications salariales. Ça ne tient pas debout. Le pouvoir a déployé tous les moyens policiers pour intimider et menacer les gens, afin d’entraver le concert de casseroles.
Le régime donc ne peut payer ses fonctionnaires, ne peut pas offrir l’instruction à laquelle ont droit les enfants du pays, ne peut garantir la moindre sécurité aux nombreuses populations vivant en zones rurales, et qui ne peut même garantir l’intégrité de son territoire national, pour ne parler que des éléments purement essentiels !
Il y a quelques jours, des bandes de rebelles ougandais contrôlaient la ville de Sam Ouandja. Ce n’est pas la première fois que de tels bruits circulent. La LRA – Lord’s Resistance Army, ou Armée de résistance du Seigneur – commandé par le sinistre Joseph Kony sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, et fuyant entre le Soudan et le Congo, se serait installé en Centrafrique. Interrogé officiellement par la CPI , le gouvernement de Bangui « n’est au courant de rien ».
La démission du gouvernement du premier ministre et son remplacement par un professeur de math sans aucune expérience politique, ne représentent qu’une sinistre simagrée, une manière très moqueuse de jeter la poudre aux yeux des centrafricains. Pendant ce temps, la crise sociale continue.
N’importe quelle entreprise en faillite, finit par déposer son bilan. Mais non, l’entreprise franco-bozizéenne refuse d’admettre sa fin. Or une faillite ne peut être évitée que si de gros investisseurs continuent à injecter des milliards pour faire avancer la machine.
Bozizé et Cie, ainsi que le gouvernement français, sont mouillés jusqu’aux os dans les affaires d’Areva, entreprise très notablement peu recommandable. Les enjeux nucléaires français sont bien trop importants pour que la France autorise l’accession au pouvoir par n’importe quel nouvel homme fort, intègre ou non, qui mettra obligatoirement les bâtons dans les roues des pilleurs institutionnalisés et internationaux.
Oui Monsieur Faustin Bambou, vous êtes un martyr comme tout bon bouc émissaire. Il n’y pas de fumée sans feu, et comme le ciel est déjà noir du fumée, le feu n’est plus loin. Ndoutingaï n’en est pas à ses premières péripéties, et il est pire que le serpent à sonnettes, tout Bangui le sait. Avec Zoumara ils se sont très probablement partagés le pactole avec Bozizé. Affaire à suivre.
De toute évidence, la France contemple froidement et sans scrupule un peuple en train de se faire piller et assassiner. Par le biais de ses entreprises, pour ne nommer qu’Areva, et par son soutien à toute épreuve, elle pille systématiquement, des richesses sur lesquelles elle n’a absolument aucun droit. Pas plus de droit d’ailleurs qu’un africain qui vient juste chercher une vie un peu meilleure sur le sol gaulois, entre autre. L’esclavage que les innocents croyaient révolu, l’exploitation outrancière de l’être humain, demeure plus que jamais présente dans tous les esprits.
Le Dialogue politique… c’est une aspirine sur une plaie infectée ! Pour ceux qui souffrent dans leur chair, ou dans leur fierté de centrafricain, l’aspirine c’est mieux que rien. Peut-être qu’elle pourra quand même guérir un peu l’infection galopante, à défaut d’autre curatif plus onéreux. Peut-être contribuera-t-elle à bonifier la conscience de certains grands de ce monde.
Si la famille Bozizé disparait aujourd’hui, qui l'Elysée choisira-t-elle pour prendre sa place. Puisque depuis l’Indépendance en 1959, et la mystérieuse et tragique disparition de Boganda, la France décide systématiquement de qui gouvernera le pays. La destitution de Bokassa, cristallisée par un procès exemplaire, ensuite Dacko, Kolingba et Patassé, et finalement Bozizé, sont inscrits dans l’Histoire avec la bénédiction de l'Elysée. L'Indépendance, une autre sinistre comédie!
A quand la souveraineté en Centrafrique, et en Afrique toute entière !
Souveraineté, pas démocratie ! Car la démocratie appliquée en Afrique, ça ne sert pas à ceux qui croient donner leur avis par les urnes.
Quand la souveraineté sera là, alors on pourra voir plus loin.
Juliette Abandokwe
26 janvier 2008