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7 janvier 2010 4 07 /01 /janvier /2010 00:01

5 janvier 2010
Hyacinthe Sanou
L'Observateur Paalga



Révisions constitutionnelles en Afrique: Amadou Toumani Touré, la mauvaise conscience des tripatouilleurs


Le nouvel an a été l’occasion pour les chefs d’Etat d’adresser leurs vœux à leurs chers concitoyens et concitoyennes, selon la formule consacrée. C’est souvent l’occasion pour les premiers responsables qu’ils sont de jeter un regard rétrospectif sur l’année écoulée et de faire des projections pour celle à venir.

C’est un exercice traditionnel dont les gens n’attendent pas, en règle générale, beaucoup car, c’est souvent des lieux communs qui sont visités sans impact direct sur le quotidien des populations. Si, en plus, ils sont débités d’une voix monocorde, ils deviennent tout simplement soporifiques au point qu’on n’en retient pas toujours grand-chose, pour ne pas dire rien.

Fort heureusement, ce n’est pas toujours le cas, et dans la sous-région ouest-africaine, qui s’annonce politiquement chaude avec des élections tous azimuts (Togo, Côte d’Ivoire, Burkina Faso et peut-être Guinée…), le discours d’Amadou Toumani Touré aura retenu particulièrement l’attention. Le président malien y annonce, en effet, un train de réformes constitutionnelles qui suscitent bien des interrogations. Dans son adresse du 31 décembre 2009, il parle effectivement d’une révision de la constitution de 1992.

Dans cette Afrique où les réformes des lois fondamentales virent souvent aux tripatouillages, qui n’ont pour seul objet que de sauter les clauses limitatives des mandats présidentiels, on ne peut donc que s’interroger sur les intentions réelles du locataire du palais de Koulouba.

Va-t-il aller à l’école des Blaise Compaoré, Idriss Deby, Paul Biya, Ben Ali, Mamadou Tandja, Abdelaziz Bouteflika, Yoweri Museveni… et tous ces monarques qui rêvent d’éternité au pouvoir ; ou ses réformes à lui vont-elles véritablement établir l’approfondissement de la démocratie malienne ?

En tout cas, il entend réaménager le pouvoir au sein de l’exécutif ; créer un sénat, une Cour des comptes et un organe unique et indépendant de régulation de l’audiovisuel ; instituer un contrôle de constitutionalité par voie d’exception ; réorganiser la Cour suprême, la Cour constitutionnelle, le Conseil économique social et culturel, la Haute Cour de Justice et le Conseil supérieur de la magistrature.

Il faut certes se garder de lui donner le Bon Dieu sans confession mais, à moins que cela tourne mal, tout semble indiquer que ce sont des réformes positives dont il veut lancer les chantiers. Si tel est le cas, il faut l’y encourager pour que la démocratie malienne continue d’être l’exemple qu’on a souvent cité.

Pourquoi d’ailleurs ATT se risquerait-il à sauter le verrou alors que son prédécesseur, bien que tenté jusqu’au dernier moment, avait finalement su résister aux pressions de son entourage qui voulait qu’il fasse comme tout le monde.

Si donc les intentions qui guident le Chef de l’Etat malien, dont le pays fêtera ses 50 ans d’indépendance le 22 septembre 2010 sont nobles, il serait, certes, la mauvaise conscience des tripatouilleurs mais un motif d’espoir sous ces tristes tropiques où nos dirigeants n’ont souvent pour seul programme de gouvernement que pousser des racines sur le fauteuil présidentiel.

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