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7 janvier 2010 4 07 /01 /janvier /2010 00:08

6 janvier 2010
Pierre Agrounda
Blog de Ahmat Zeidane Bichara 


La prolifération de la rébellion armée dans la partie méridionale du Tchad et septentrionale de la Centrafrique transforme tous les jours cette zone en un lieu extrêmement dangereux où la vie devient de plus en plus risquée et aléatoire.

La manière à laquelle s’activent les rebelles et bandits de grand chemin au niveau de la frontière entre la Centrafrique et le Tchad est assez particulière pour constituer un sujet de réflexion. Des hommes en arme hostiles au pouvoir de N’djamena ou de Bangui vacillent entre ces deux pays séparés par une frontière naturelle facile d’accès. Ces mouvements montent en flèche avec la fréquence constatée des coups d’Etat militaires devenus, depuis les années 90 et même bien avant, un moyen d’accéder au pouvoir.

La porosité des frontières, le brassage ethnique, la circulation illicite d’armes de guerre accentuée par le conflit du Darfour… donnent à ce phénomène un contenu cynique. D’autant que, les déplacements au Nord de la Centrafrique et au Sud du Tchad ressemblent désormais à s’y méprendre à une traversée du désert. Beaucoup y ont perdu leur vie. Nombre des humanitaires qui s’étaient hasardés dans cette zone ont appris à leurs dépens. Au grand dam des autorités de ces Etats limitrophes censées garantir la sécurité et la libre circulation des personnes et des biens.

Un vivier de recrutements

C’est dans cette « zone de turbulence » que des seigneurs de guerre tchadiens et centrafricains recrutent l’essentiel de leurs hommes. Le tristement célèbre Centrafricano-tchadien Martin Koumta-Madji alias Abdoulaye Miskine est sorti des entrailles de cette partie de la sous région d’Afrique centrale. Miskine qui n’était qu’un piètre vendeur ambulant s’est fait passer pour un grand marabout auprès de Patassé. Ce dernier a poussé l’extravagance en donnant le grade du général à son protégé Miskine avant que celui-ci crée le Front Démocratique du Peuple Centrafricain (FDPC), un mouvement rebelle qui écume le Nord de la Centrafrique.

C’était également dans le Nord du Tchad et le Sud de la RCA que l’actuel président centrafricain, le général François Bozizé à l’époque leader de la rébellion hostile au régime d’Ange Félix Patassé, a enrôlé une grande partie de ses hommes, dont les colonels Tchadiens Ramadan et Faki Ahmat appelé « colonel Marabout », ancien lieutenant d’Abdoulaye Miskine.

Le colonel Charles Massi, un ancien allié de Bozizé tombé en disgrâce, s’est, lui aussi, rendu au Sud du Tchad pour engager des hommes dans sa rébellion, la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP). Hélas, MASSI et quatre de ses combattants tchadiens ont été appréhendés fin décembre 2009 par les forces régulières tchadiennes dans le Sud-Ouest du Tchad, frontalière avec la RCA. Un chef rebelle tchadien, le général Baba LARDE et ses 500 hommes du Front Populaire pour le Redressement (FPR), se sont recroquevillés (de septembre à octobre 2009) au Nord de la Centrafrique pour exiger de N’djamena des négociations.

Leur présence sur le territoire centrafricain et surtout l’attention que leur a portée un temps soit peu, le régime de Bangui a failli jeter un froid dans les relations entre les pays voisins. La liste de ces agissements est longue. Cela pourrait prendre une proportion inquiétante avec le recul de la démocratie observé ces derniers temps dans les sociétés politiques de la sous région d’Afrique centrale et la pauvreté qui incite les jeunes à se lancer à corps perdu dans la rébellion, devenue un moyen de survie.

La sécurité, pas pour demain

Dans ce climat aussi incertain, la paix n’est pas pour demain. La persistance et le foisonnement des rebellions au Sud du Tchad et au Nord de la République centrafricaine ne sont pas le fruit d’un hasard. Ils résultent d’un sentiment de grogne généralisé et la volonté d’un groupe des citoyens ‘’mécontents’’ d’en découdre avec les régimes vacillants et peu démocratiques.

Nul n’ignore aujourd’hui, la mauvaise gouvernance, devenue la marque de fabrique des dirigeants de ces Etats, incapable d’assurer à leur peuple le moindre bien-être social. La mauvaise répartition des ressources et l’exclusion érigée en méthode de gestion des pouvoirs publics provoquent souvent une levée de bouclier, laquelle débouche généralement sur des mouvements de révoltes à l’origine des rébellions armées. Les puissances occidentales toujours aux aguets qui raffolent les richesses naturelles de l’Afrique sont, parallèlement, pour beaucoup dans cette montée en puissance du phénomène des rébellions armées.

Celles-ci sont parfois utilisées comme moyen de pression contre les Chefs d’Etat hostiles à l’ingérence et à la tentative de domination de l’Occident. Patassé n’a-t-il pas accusé l’Hexagone d’être la principale cause de sa chute ? De tout ce qui précède, il apparaît clairement au stade actuel de la situation qu’assurer la sécurité au Sud du Tchad et au Nord de la Centrafrique relève du travail de Sisyphe.

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