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7 janvier 2010 4 07 /01 /janvier /2010 00:56

6 janvier 2010
Afriscoop


Quand tout rapproche et divise Ali Bongo et Faure Gnassingbé

Abbo (Ali Ben Bongo Ondimba) et Faure Essozimna Gnassingbé ont succédé à leurs pères respectifs à l’issue d’élections contestées. Quand bien même l’accession du premier à la magistrature suprême a été encadrée d’un semblant de légalité que celle du second. L’heure est maintenant aux projections dans le futur pour Abbo alors que Faure Gnassingbé est pratiquement à la fin de son premier mandat. Le locataire du Palais du bord de mer de Libreville va-t-il mieux réussir pour autant son séjour présidentiel qui a commencé à la mi-octobre que son pair togolais ? Rien n’est moins sûr car tout dépend de lui… seul.

En prêtant serment à la mi-octobre, Abbo s’est engagé à œuvrer « pour un Gabon exempt de toute corruption ». Dans un pays disposant d’énormes ressources naturelles comme le pétrole et le bois dont l’exploitation profite inégalement à la population gabonaise, on ne peut pas prétendre matérialiser une promesse contraire à celle citée dans les lignes précédentes. Au risque de faire sortir davantage de leur gond les habitants de ce pays d’Afrique centrale épargné par les conflits armés sous-régionaux. Lorsque le Gabon a connu son boom pétrolier au cœur des années 70, il a été un pays de cocagne. Il a, par conséquent, attiré un grand nombre d’attentions des candidats à l’immigration dans la région des grands lacs et en Afrique occidentale. Aujourd’hui, le fait que les garde-frontières du pays du défunt Bongo continuent d’arraisonner des bateaux transportant des immigrants clandestins en route vers leur territoire montre que cette République de 267.667 km² exerce toujours un attrait sur les immigrants de l’Afrique.

D’ailleurs selon plusieurs analystes, cette population d’immigrés joue un important rôle dans l’économie gabonaise et représente une part non négligeable dans l’estimation du nombre d’habitants de ce pays pétrolier, nombre évalué généralement à moins d’un million cinq cents mille âmes. Autant d’atouts internes sur lesquels peut jouer le jeune président dandy du Gabon pour faire rebondir le bilan socio-politique et économique du Pdg (Parti démocratique gabonais, au pouvoir). Une donne que ne démentent pas les réformes socio-économiques enclenchées par Abbo. Comme celles autour de l’administration publique et du cumul de fonctions !

Sur le plan externe, contrairement à Faure Gnassingbé en 2005, Abbo n’a éprouvé aucune difficulté pour s’attirer la sympathie des dirigeants des Etats limitrophes de la République gabonaise (à l’exception de la Guinée équatoriale), tout comme celle de Paris. Abbo bénéficie en outre de sa longue expérience politique à l’ombre de la dictature et de la superpuissance du Pdg créé par son père. Une habileté politique qui peut l’aider à tendre sans détours la main à l’opposition pour être le président de « tous les Gabonais » comme lui-même le clame. Un rapprochement avec l’opposition qui ne devrait pas, a priori, constituer de la mer à boire pour lui car la plupart des opposants de ce pays ont déjà travaillé avec le défunt Bongo. La principale inconnue de la gouvernance Abbo sera donc sa réelle volonté et détermination de diriger autrement ce territoire qui dispose également d’importantes réserves d’uranium, de manganèse et de phosphates.

En devenant en 2005 dans un bain de sang le premier magistrat du Togo, Faure Gnassingbé avait promis à ses compatriotes une batterie de changements dans leur quotidien. A l’heure du bilan et à quelques semaines de la présidentielle de 2010, même les Togolais qui ont cru à un moment donné à un probable déclic dans la conduite des affaires publiques sur leur terre natale déchantent. L’héritier d’Eyadema Gnassingbé a sans doute été rattrapé par les réalités du pouvoir togolais qui tiennent entre deux pans : la prépondérance du poids de l’ingérence de l’armée dans la politique locale et la survivance des caciques du parti présidentiel, le Rpt (Rassemblement du peuple togolais) !

Au Gabon, c’est plutôt Abbo qui a la mainmise sur les patrons de l’armée tout en se faisant respecter par les proches collaborateurs de son père qui l’ont vu grandir. Les règles du jeu dans ces deux Etats qui ne demeurent des Républiques que de nom sont donc diamétralement opposées. Quand bien même une dictature reste une dictature, de même qu’un scrutin fraudé. La balle est donc dans le camp du fils aîné du défunt Bongo. Il a le choix d’engager progressivement son pays sur le sentier du développement en le maintenant dans l’autocratie créée par son père, ou de le développer en y créant l’ère d’une véritable justice sociale. Les Gabonais lui seront infiniment gré s’il parvient à réaliser la seconde gageure. On ne passe pas du jour au lendemain de la dictature à la justice sociale
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