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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 20:49

8 décembre 2010

Mohamadou Houmfa

InfoSud

 

Quand on parle de piraterie maritime, on pense souvent au golfe d’Aden dans l’océan Indien, mais plus rarement au golfe de Guinée sur la côte atlantique de l’Afrique, où pourtant l’activité est en plein essor. En 2009, on dénombrait 104 attaques de flibustiers dans cette zone, riche en pétrole, dont 22 rien qu’au Cameroun. Et le phénomène se radicalise de plus en plus.


Ainsi, les pirates de l’Africa Marine Commando qui ont revendiqué l’assaut meurtrier contre une plate-forme pétrolière le 16 novembre dernier, ont promis de poursuivre leurs raids « pendant 60 jours », selon des sources camerounaises des services de sécurité citées par l’AFP. Soit jusqu’à fin janvier 2011. Ils comptent ainsi montrer aux compagnies qui sont les « maîtres de la mer ». A moins que les géants de l’or noir opérant dans la péninsule de Bakassi – une zone marécageuse de 1000 km2 riche en brut et en gaz située à la frontière avec le Nigeria –, ne leur versent un « impôt de sécurité ». Mais il semblerait que ces derniers ne soient pas décidés à céder.


Du côté du gouvernement camerounais par contre, l’inquiétude est palpable : la récurrence des attaques a entraîné une chute de la production nationale de brut d’environ 13% en 2009. Et chacun y va de sa supposition quant aux motivations des pirates. Pour le ministre de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o, « le golfe de Guinée dans lequel est ancré l’espace maritime du Cameroun, fait l’objet de convoitises de la part des grandes puissances et des Etats voisins ».


Soldats d’élite


Une chose est en tout cas évidente, selon le professeur Vincent Ntuda Ebodé, géostratège et enseignant à l’Ecole militaire interarmées (Emia) de Yaoundé, « le problème de la mauvaise redistribution des ressources issues des exploitations pétrolières est à la base du phénomène ». Et de citer aussi les frontières poreuses des Etats d’Afrique centrale, qui permettent une fuite facile des pirates, ainsi que le regain d’intérêt des puissances étrangères pour le golfe de Guinée où elles investissent massivement. C’est le cas notamment des Etats-Unis : la région leur fournira dès 2015 près du quart de leurs importations de brut.


Pour donner la réplique, le Cameroun a décidé d’augmenter les effectifs de ses forces de défense. En ce moment, le gouvernement recrute quelque 1900 soldats pour intégrer les commandos d’élite, qui seront formés et dirigés en priorité dans le corps des Bataillons d’intervention rapide (BIR), une unité spécialisée dans la lutte contre le grand banditisme et la piraterie maritime.


C’est aussi la grande mobilisation au niveau de la sous-région. Les chefs d’Etat ont décidé la mise en place, en novembre 2009, du Centre de coordination régionale pour la sécurité maritime de l’Afrique centrale (Cresmac). Son entrée en fonction devrait intervenir dans les prochains mois. D’après une source proche du dossier, « pour la partie englobant le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale et Sao Tomé & Principe, particulièrement visée par ces actes de piraterie, un accord de coopération a été signé entre les quatre Etats. Aujourd’hui, cette zone fait l’objet de patrouilles régulières en mer ».


Meilleure redistribution


Pour le professeur Vincent Ntuda Ebodé, il faut davantage « mutualiser les efforts entre le Nigeria et le Cameroun, ou entre l’Afrique centrale et celle de l’Ouest, car c’est au Nigeria que le phénomène est le plus implanté ». Il propose aussi une meilleure redistribution des ressources issues du pétrole. « Même si cette solution n’est pas efficace sur le long terme, elle permettrait de réduire le nombre de pirates : certains pourraient se satisfaire des subsides versés par l’Etat au lieu de risquer de se faire tuer en mer. »

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