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3 juillet 2013 3 03 /07 /juillet /2013 02:53

3 juillet 2013
Boundi OUOBA

 

L’ancien président tchadien Hissène Habré est dans la nasse.

En effet, après avoir coulé une vingtaine d’années paisibles au Sénégal, pays d
e la Téranga, l’ex-dictateur a été appréhendé, tel un galapiat, le 30 juin dernier. Et c’est hier, 2 juillet 2013, qu’il a été présenté pour la première fois à la Commission d’instruction des chambres africaines extraordinaires. Finie donc l’impunité pour l’ex-dictateur qui, on le sait, a longtemps bénéficié de la protection de l’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade. 


Donc, Hissène Habré sera jugé pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, au grand bonheur des victimes qui, depuis de
s lustres, n’y croyaient plus. Mais le plus ahurissant dans tout ça est l’attitude du chef d’Etat tchadien, Idriss Déby, qui, à chaque occasion, ne manque pas de donner de la voix dans cette affaire de l’ex-président Habré. Dans une récente sortie, Déby a affirmé haut et fort que des crimes ont été commis par l’ex-président et que des charniers ont même été découverts après la chute du régime Habré. Et, cerise sur le gâteau, le président s’est permis d’égrener quelques crimes commis par Habré avec en sus une chronologie datée qui laisse perplexe. Comment sait-il tout cela ? Idriss Déby a vraiment manqué une occasion de se taire ; cela d’autant qu’il n’est ni juge ni avocat. A moins qu’il ne craigne que le procès de Habré donne lieu à des révélations fracassantes. 


http://fr.africatime.com/sites/default/files/styles/large/public/photo-articles/deby_rigole_0.jpg?itok=mslbWUf9Car, on le sait, pour avoir collaboré pendant une dizaine d’années avec le président Habré, Déby sait bien de quoi il parle. Et cela est la preuve qu’il a une co-responsabilité dans les crimes de guerre et crimes contre l’humanité reprochés à Habré ; cela d’autant qu’en sa qualité de commandant en chef des Forces armées, Déby constituait même la charpente du régime. En tout cas, pour autant qu’on sache, un régime ne peut pas mener une guerre contre une rébellion sans que le chef d’état-major des armées ne soit impliqué aux premiers rangs puisqu’en règle générale, c’est lui qui commande les opérations.

C’est dire donc qu’en faisant une telle sortie pour le moins inopportune, Déby donne des verges à ses adversaires pour se faire fouetter. La sagesse et le bon sens commandent, dans le cas d’espèce, que l’on sache garder sa langue dans sa poche pour ne pas courir le risque de devenir ridicule. Et d’ailleurs, on a l’impression que le Tchad, depuis la prise du pouvoir par Déby, est tombé de Charybde en Scylla. Car après 20 ans d’exercice du pouvoir, Déby n’aura apporté que misère et mal gouvernance politique sur fond de disparition d’opposants Tchadiens.

Le cas le plus illustratif est celui de l’opposant Mahamat Saleh qui a disparu sans que l’on sache pour quelle raison. Pour tout dire, Déby est un dictateur au même titre que l’ex-président Hissène Habré. Et, on ne peut nullement l’absoudre à bons comptes dans ce qui est arrivé sous le régime Habré. Toutefois, on peut, à la décharge du président Déby, comprendre son coup de force contre Habré, dans la mesure où ce coup de force est né d’une certaine divergence de vues sur la gestion de la chose politique.

A défaut de démissionner, Déby a préféré, en bon militaire, prendre ses responsabilités en mettant fin aux errements de Habré. C’est tout à son honneur. Dommage qu’il soit lui-même tombé dans les mêmes travers que son prédécesseur.

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