6 septembre 2009
Camer.be
Vendredi dernier, une rumeur a fait le tour de quelques milieux informés, renseignements généraux et médias surtout. Elle prétendait que des agents du Groupe Bolloré seraient mobilisés depuis Paris pour influencer la conduite et l’issue l’enquête. Faut-il le rappeler, cette enquête administrative et technique, a été prescrite par le gouvernement à la suite des deux déraillements mortels de train de Cameroon Railways (Camrail) les 28 et 29 août derniers. La rumeur était d’autant forte qu’une délégation du groupe propriétaire de Camrail, la société d’exploitation du chemin de fer camerounais, avait été aperçue à Yaoundé, moins de 96h après ces événements dramatiques.
Les investigations de AGA MEDIAS permettent de nuancer ces informations. Effectivement, une délégation de responsables du Groupe Bolloré, est effectivement arrivée au Cameroun la semaine dernière. En provenance de Paris, elle a d’ailleurs été reçue à l’immeuble Etoile. Selon le Président du conseil d’administration de Camrail que AGA MEDIAS a joint, cette délégation est venue présenter au gouvernement camerounais et aux familles endeuillées les condoléances de la maison mère de Camrail d’une part ; et d’autre part encourager le personnel de la filiale camerounaise dont la mobilisation pendant ces journées difficiles aurait été exemplaire. Quant à l’enquête proprement dite, l'honorable Sali Hamadou confirme que trois cadres de la branche ferroviaire du Groupe Bolloré ont déposé leurs valises à Yaoundé en milieu de semaine dernière. Composée essentiellement d’ingénieurs – un Français et deux Ivoiriens de chez Sitarail, filiale ivoirienne de Bolloré-,l’équipe d’Experts du groupe Bolloré doit assister la commission administrative mise en place par le gouvernement camerounais au lendemain des deux accidents.
Interrogé par AGA MEDIAS sur le risque de mettre la commission d’enquête administrative sous influence, le PCA de Camrail a indiqué qu’il est du plus grand intérêt de son entreprise que toute la vérité soit connue sur les événements des 28 et 29 août dernier. « Notez que c’est pour la première fois depuis 10 ans que Camrail assure la gestion du transport ferroviaire camerounais qu’il y a de tels accidents. C’est pourquoi, nous voulons savoir jusqu’au plus petit détail ce qui s’est passé » a dit à AGA MEDIAS Sali Hamadou.
Mieux gérer le flux des passagers
Questionné sur les risques de sécurité, au moins sur le plan psychologique, que charrie désormais le chemin de fer géré par son entreprise, le Pca de Camrail a égrené un ensemble de mesures prises pour les limiter. A défaut d’atteindre le risque zéro qui, selon lui, n’existe pas en matière de transport, quelque soit le pays et l’environnement technologique.
Entre autres mesures, il a révélé à AGA MEDIAS la mobilisation de 10 draisines chargées de baliser le tronçon Douala-Ngaoundéré. Cette mobilisation massive des draisines qui permet de vérifier l’état de chaque voie avant le passage des machines (locomotives) entraînera forcément quelques retards sur les heures d’arrivée de trains, qui étaient depuis quelques années réputées stricts. Mais a-t-il commenté, « c’est le prix à payer pour assurer ce qui nous est le plus cher, minimiser les risques d’accidents».. Autres mesures prises et annoncées au personnel au lendemain des ces événements: la limitation des vitesses des trains ; l’interdiction de la vente de plus billets que le nombre de places disponibles; la création d’un guichet unique pour les hommes en tenue qui désormais, contrairement à un passé récent, ne payaient pas les billets; l’accroissement du simple au double des wagons pour le transport des bœufs. Pour Sali Hamadou, cette dernière mesure vise aussi un effet social : contribuer limiter la pénurie et assurer ainsi la baisse du prix de la viande de bœuf dans le grand Sud du pays en accroissant de le nombre d’animaux transportés.
M. Hamadou a insisté pour indiquer que les mesures visant à accroître la sécurité des trains Camrail ne sont pas toutes directement liées aux événements des 28 et 29 août dernier. Il a ainsi révélé à AGA MEDIAS qu’avant ces tristes événements, deux locomotives ont été achetées aux Etats-Unis. Ils devraient arriver au port de Douala dans les prochaines semaines. De même un appel d’offres avait déjà été lancé pour l’achat de 12 voitures neuves pour passagers en 2009. 12 autres devraient être acquises en 2010.
En faisant ces révélations, le Pca de Camrail reconnaît in fine le reproche régulièrement fait sur la négligence du segment transport des personnes par la Camrail au profit du secteur des marchandises réputées plus rentables. Et pour marquer une évolution significative de l’intérêt du top management pour le secteur du transport des personnes, M. Hamadou annonce la création prochaine par le conseil d’administration d’une Direction du transport de voyageurs.
De fait Camrail en particulier, et plus généralement le groupe Bolloré très présent dans divers secteurs des transports et de l’agro-industrie, tente ainsi de mettre les bouchées doubles pour améliorer son image davantage écornée ces derniers temps, aussi bien au Cameroun qu’en Afrique francophone.
