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7 septembre 2009 1 07 /09 /septembre /2009 11:55

28 août 2009
Afrik.com

À la lecture de toutes ces pratiques produisant un déficit démocratique transparaît déjà le rôle majeur de la France. Sa politique africaine a été toujours très sinueuse : fondée en théorie sur la légitimité du pouvoir et sur le respect de la souveraineté nationale. En théorie, car la pratique vécue au Tchad est loin des principes proclamés.

Citons Roland Marchal du CERI : « La France n’a pas eu une véritable politique d’aide, elle n’a pas travaillé à rompre ce cercle vicieux par lequel la transition politique n’existe que par la violence et de tout faire pour que le départ d’Idriss Deby du pouvoir se fasse dans les règles prévues par une Constitution légitime, au terme d’une consultation populaire respectant les normes internationales. Depuis 2003, du côté français, telle n’a pas été l’ambition, ni la pratique comme l’illustrent les déclarations de Xavier Darcos félicitant le président tchadien d’une réforme de la Constitution qui lui permettait de postuler une troisième fois, au poste de chef de l’État, et plus encore l’appui si clairement formulé à la récente élection présidentielle de mai 2006, caricature s’il en fallait encore, de ce qu’un vote truqué peut être. »

Il apparaît aujourd’hui au grand jour que l’on a affaire à un régime clanique qui a colonisé l’État dans ses moindres recoins (armée, douanes, impôts, régie de recettes…). Le soutien de la France à Deby, malgré cette situation, a été sans faille. Appui financier, appui politique et dissuasion militaire, tout a été mis en œuvre pour le soutenir et le maintenir au pouvoir. La cassure survenue au sein du clan depuis la fin de 2003 (décision du parti de Deby de modifier la Constitution en novembre 2003) a surpris la France, qui espérait pérenniser celui-ci avec l’appui de l’armée clanique.

Au-delà du Tchad, le régime Deby, par son rôle déstabilisateur, sert d’une certaine façon les intérêts français : les interventions militaires au Togo, en République démocratique du Congo ou en République centrafricaine où Bozizé a été porté au pouvoir en sont des illustrations.

Le mécontentement vis-à-vis d’Idriss Deby a commencé très tôt dans les années 90 et s’est radicalisé pour atteindre un point de non-retour lors du congrès de son parti, le Mouvement patriotique de salut (MPS), en novembre 2003.Avant même qu’il ne manifeste en 2003 sa volonté de se représenter pour un troisième mandat et de changer la Constitution, trahissant ainsi une promesse maintes fois répétée, de nombreux Zaghawa ont critiqué de façon acerbe Deby pour son incapacité à « partager », sa gestion dilettante de l’appareil d’État et son aveuglement politique parce qu’incapable de faire des compromis avec ses opposants. Deby mettrait ainsi en danger la pérennité des acquis zaghawa.

L’irruption en février 2003 du conflit du Darfour sur l’actualité internationale a considérablement compliqué une lecture saine des événements du Tchad. À cause des relations transfrontalières, le fait que le régime soit dominé par les Zaghawa au Tchad a mis le pays de plain-pied dans le conflit !


Il faut souligner que le Tchad a tissé de multiples liens officieux et officiels avec la rébellion du Darfour. Officieux car, au départ, ce sont des proches du régime au niveau politique et militaire, tous issus du clan zaghawa (grand frère de Deby), qui ont mis à la disposition des rebelles hommes et matériels, surtout les fractions zaghawa de la rébellion.Ainsi, le premier commandant en chef des forces du MLS est un ancien de la garde de Deby. Le président tchadien, conscient du danger que cela représentait pour son pouvoir, a voulu jouer le jeu de Khartoum et ce jusqu’à mi-2004. Il a dû par la suite changer d’attitude. Le Soudan, jusque-là allié inconditionnel de Deby, a commencé à accuser ce dernier de jouer un double jeu. Les camps des opposants tchadiens sont ouverts au Darfour dès l’été 2004, et les moyens qui leur sont octroyés augmentent très nettement l’année suivante. Les défections zaghawa au sein de la garde républicaine éclairent la profondeur de la crise de régime au Tchad.Après cette date encore plus qu’avant, il s’agit pour le Soudan de briser ce qui constitue la seule carte militaire des insurgés au Darfour : la possible sanctuarisation du Tchad et la mobilisation guerrière transnationale efficace des Zaghawa.

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