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1 août 2009 6 01 /08 /août /2009 16:42

1er août 2009
Juliette Abandokwe

 

De passage à Bruxelles le 26 juillet dernier, j’ai eu le grand honneur de rencontrer Ngarlegy Yorongar. J’ai trouvé un homme posé et serein, d’un grand charisme, et surtout avec une détermination rare, que rien ne semble pouvoir décourager. Sa santé est maintenant sous contrôle, et son retour au Tchad est imminent, pour la suite de sa démarche contre la tyrannie envers le peuple tchadien.

La France rappelle-t-il entre autre, n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts à défendre. C’est donc aux Africains aussi de défendre leurs intérêts.


A mes questions sur ses occupations prochaines, il m’a répondu qu’il attend calmement la sortie de son dernier livre, et qu’arrivé au Tchad nous en saurons plus sur ses projets immédiats.

*   *   *

Juliette Abandokwe : Bonjour Monsieur Yorongar, merci infiniment de répondre à ces quelques questions....

Ngarlejy Yorongar : Bonjour Madame. Tout le plaisir est à moi de vous rencontrer et de vous connaître après tout ce que vous faites pour moi.

J. Abandokwe
 : Vous êtes ici à Bruxelles pour raison de santé depuis plusieurs semaines déjà, comment vous portez-vous aujourd'hui...?

N. Yorongar. : Dieu merci, je vais nettement mieux. En effet, cela fait deux mois, jour pour jour, que je suis à Bruxelles pour me faire soigner dans les conditions que vous savez. Grâce à Dieu, je suis fixé maintenant sur la maladie qui a failli m’emporter en mars et avril derniers. L’imagerie par résonnance magnétique (IRM) a mis en évidence une thrombose (caillot de sang) dans le cerveau et les différentes échographies ont décelé des plaques noires dans mes intestins et mon côlon. Voilà le constat amer que la médecine moderne a fait. La thrombose résulte, sans doute, des tortures subies et des coups de crosses reçus à la tête plusieurs fois notamment, le 4 juillet 1996, le 30 mai 2002 et le 3 février 2009 tandis que les plaques noires au niveau des intestins et du colon résultent d’un poison que je redoutais à ma sortie de prison privée d’Idriss Déby,  le 21 février 2009. A défaut de me loger une balle lui-même dans ma tête comme il l’avait dit sèchement à une soixantaine de mes parents  convoqués pour la circonstance, le 4 février 1999, Idriss Déby s’acharne sur moi lui-même dans le but de me voir mort. Pour mémoire, il m'a fait enlever quatorze (14) fois et m'a torturé lui-même.  

J. Abandokwe
 : Quels sont projets dès que vous aurez recouvré votre bonne santé?

N. Yorongar : Je viens de voir mon médecin ce matin pour faire le point avec lui. Il me libère en me prescrivant des médicaments pour six mois. A l’issu de ce délai, Dieu voulant, je reviendrai pour le contrôle.. Je profite de votre interview pour remercier tous ces médecins belges qui sont si gentils à mon égard et qui m’ont examiné et soigné efficacement. Mes remerciements vont également à mes médecins Tchadiens à savoir Dr Jacques Nanadoumgar, Dr Lazare Béral, l’unique neurologue au Tchad, Dr Djimé Hybi Langtar et le camerounais, le Dr Denis Bouallo de Douala, qui ont fait des pieds et des mains pour faciliter mon arrivée ici à Bruxelles, en dépit des obstacles que vous connaissez. Je remercie enfin M. et Mme Laoubara Mayoroum Yohoudoukom Miayan qui m’ont accueilli chez eux en s’occupant jour et nuit de moi.

J. Abandokwe
 : En rentrant au Tchad, vous connaissez les risques que vous courrez, qu'en pensez-vous...?

N.  Yorongar : En rentrant, je cours le risque qu’un jour, on me trouve paralysé ou inanimé sur mon lit. C’est ce qui a failli arriver les 27 et 29 mars 2009 et 12 avril derniers.

J. Abandokwe
 : Pour l'opinion internationale, vous représentez l'opposition civile tchadienne, comment voyez-vous votre collaboration politique avec l'opposition armée...?

N. Yorongar : Je n’ai aucun rapport avec l’opposition armée même si, sans aucune preuve, les rapports des Ambassadeurs de France au Tchad affirment le contraire. Toutefois, Idriss Déby tremble à l’idée que je suis capable de lui monter un coup fatal comme je l’avais fait à Tombalbaye pour installer le général Malloum à sa place à N’Djaména et à Hissein Habré pour installer le sieur Idriss Déby à la place où il est présentement (cf. Tchad, le procès d’Idriss Déby, témoignage à charge, Editions l’Harmattan, 2003 de Ngarlejy Yorongar). Comme le disait Malaparte dans son livre «technique du coup d’Etat…», il faut remplir certaines conditions pour réaliser un coup d’Etat. Or ces conditions ne sont pas remplies au Tchad d’aujourd’hui. Et puis, je n’en vois pas l’utilité. Alors, j’invite Idriss Déby à dormir tranquille, car j’ai raccroché définitivement pour m’inscrire désormais sur le chapitre démocratique. Je n’ai pas besoin de coup d’Etat pour accéder au pouvoir suprême au Tchad. Par les urnes transparentes, je peux accéder au pouvoir suprême en le battant, à coup sûr, comme je l’ai battu dès le premier tour des présidentielles en 2001.

J. Abandokwe
 : Comment voyez-vous l'avenir du Tchad à court et à moyen terme?

N. Yorongar : Seule la volonté des acteurs politiques tchadiens peut ramener la paix au Tchad. Mais, malheureusement, Idriss Déby et ces derniers s’entendent pour qu’il n’y ait pas la paix qui permettrait des élections libres, démocratiques et transparentes au Tchad. Pour cela, ils s’adjugent l’expertise de spécialistes des fraudes, mis à leur disposition par les pays et les institutions internationales qui les soutiennent. Ainsi, les lois sont falsifiées pour les rendre scélérates en vue de la mise en place de la machine à fraudes électorales. Les acteurs politiques tchadiens ont tous peur de la démocratie parce qu’ils ont été les artisans patentés de la consolidation du régime, et de la conservation du pouvoir par Idriss Déby, en échange des prébendes et des miettes. Ils savent qu’ils n’auront jamais la chance de gagner des élections libres et transparentes au Tchad. C’est pourquoi, ils sont, tous tour à tour, à un moment ou à un autre, les fossoyeurs des élections libres dans notre pays. Donc du Tchad. Ils avaient, pour ce faire, érigé les fraudes électorales en système de gestion des élections pour pérenniser Idriss Déby et son pouvoir. En somme, les acteurs politiques tchadiens sont des pompiers pyromanes. En ce moment, ils roulent mécanique pour Idriss Déby, mais lorsque ce dernier les aura abandonnés au bord des routes après les élections de 2010-2011, ils vont se mettre à pleurer de nouveau en se décrétant opposants radicaux pour mieux attirer son attention et celle des Ambassadeurs des grandes puissances au Tchad. Et on prend les mêmes et on recommence. Et Satan conduit le bal. Et la balle. En tout cas, ces acteurs politiques tchadiens prennent les Tchadiens pour des imbéciles.

J. Abandokwe
 : Que souhaitez-vous aujourd’hui faire pour le Tchad ?

N. Yorongar : Contribuer à ramener la paix au Tchad en vue de la stabilité, de la promotion de la démocratie, de l’érection de la bonne gouvernance en système de gestion des deniers publics, de la connexion du Tchad au concert des nations respectables et respectées. En un mot, l’engagement du Tchad dans la voie du développement et ce qui s'en suit.

J. Abandokwe
 : Sur qui comptez-vous en termes de partenaires, et comment avancent vos projets...?

N. Yorongar : Sur personne. Pour mieux servir mon pays, je suis bien comme ça. Je crois qu’en faisant le vide autour de moi, Idriss Déby me rendent service puisque les Tchadiens m’aiment tel que je suis. Je déteste la servilité.

J. Abandokwe
 : Que dites-vous à vos différents détracteurs tchadiens...?

N. Yorongar : Plus ils niaisent, mieux je me porte. Je ne réponds pas aux coups des pieds des ânes comme dirait l’autre. Toutefois tous ceux qui, comme Vidal Kamougué, Ministre de la Défense, Jean Alingué Ministre de la Justice , Jacques Courbin et Jean-Pierre Berçot anciens Ambassadeurs de France au Tchad, le site Ambenatna et autres, m’opposeront, le moment venu, les preuves de leurs allégations selon lesquelles, je simule la maladie sans l’être réellement.

J. Abandokwe
 : Que dites-vous au gouvernement français...?

N. Yorongar : Je demande, tout simplement, à mon condisciple à l’Université de Paris X Nanterre (DEA de systèmes et structures politiques, année académique 1978-1979), le Président Nicolas Sarkozy De Nagy-Bosca d’aider les Tchadiens à faire la paix des braves au lieu de soutenir Idriss Déby qui est mortel. N’a-t-on pas dit que la France a des intérêts mais pas des amis ? Tel que je le connais, il a les moyens de ramener la paix au Tchad même si Idriss Déby qu’il soutient militairement et politiquement refuse obstinément la paix au Tchad. 

J. Abandokwe
 : Comme vous adresseriez-vous à la communauté internationale aujourd'hui...?

N. Yorongar : Pourquoi la communauté internationale érige deux poids deux mesures en système de gestion des conflits ? Pour preuve, Idriss Déby et le président Oumar El Béchir sont épinglés dans un même rapport dressé par les experts indépendants diligentés par le conseil de sécurité des Nations-Unies. Mais le lobbying d’Idriss Déby piloté par le Président Jacques Chirac a réussi à expurger le cas d’Idriss Déby pour laisser Oumar El Béchir, seul face à la cour pénale internationale qui a fini par l’inculper pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Pourquoi Jean-Pierre Bemba, Charles Taylor etc. et pas Idriss Déby dont les miliciens ont commis les mêmes crimes qu'au Togo, en Irak avec Saddam Hussein, en République Démocratiques du Congo, en République Centrafricaine, pour ne citer que ceux-là ? Pourquoi Noriega pour trafics de drogues et trafics de fausse monnaie et pas Idriss Déby pour ses trafics de drogues et de monnaie avérés notamment en Allemagne, au Bahreïn, au Nigeria, en Côte d’Ivoire, au Togo, en France etc. ?    

J. Abandokwe
 : Que dites-vous à la jeunesse tchadienne....?

Ngarlejy Yorongar : Au lieu de se résigner, de pleurnicher, de mendier à longueur de journée, elle doit se réveiller pour s’assumer afin de prendre son destin et celui du Tchad en main.

J. Abandokwe
 : Merci beaucoup Monsieur Yorongar… !

Ngarlejy Yorongar :  A vous de même.

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