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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 15:22

16 juin 2009
Michel Lobe Ewanè
Quotidien Mutations


Antoine Glaser : Bongo se savait instrumentalisé par la France

Directeur de la Lettre du continent, il analyse les conséquences du décès du président gabonais sur les relations France-Afrique.

Omar Bongo était considéré comme l'incarnation de la Francafrique. En quoi une telle affirmation est elle fondée?
Antoine Glaser : Depuis le décès du président ivoirien Houphouët-Boigny, fin 1993, Omar Bongo était, de fait, le doyen de l'ancien pré carré de la France en Afrique, baptisé Françafrique par les détracteurs des relations complices avec certains dirigeants africains. La France a beaucoup utilisé Omar le Gabon pour ses opérations clandestines sur le continent. Il était a toujours répondu positivement aux demandes de Paris en échange d'une reconnaissance de sa position de leader dans le pré carré.

Pour beaucoup sa dépendance à l'égard de la France et de ses responsables politiques s'est progressivement muée en une situation ou il détenait les cartes et était devenu le maitre du jeu. Un journal l'a qualifié de Président de la Françafrique. N'est ce pas un peu exagéré?
"Président de la Françafrique" signifierait qu'Omar Bongo contrôlait totalement le dispositif de la politique africaine de la France et de ses instruments sur l'Afrique. Ce serait simpliste. Les relations entre Paris et Libreville étaient beaucoup plus complexes et ambiguës. Si la France ne dictait pas à Bongo ses décisions, le "doyen" savait bien, sur certains dossiers, instrumentalisés par les dirigeants français qui étaient ses "obligés" depuis de longues années. 

La France officielle - celle de Sarkozy- a donné l'impression a la fin de son règne qu'elle prenait ses distances avec Bongo. Est ce réellement le cas? Est ce parce que l'époque a changé?
Nicolas Sarkozy n'a aucun "goût" ni politique, ni culturel vis-à-vis de l'Afrique qu'il a plutôt ressentie, d'abord, comme une capacité de nuisance avec les problèmes d'immigration. Ceci dit, il reste en "double commande" avec une politique de normalisation des relations franco-africaines sur le conseil de ses diplomates et des "missi dominici" qui gardent un contact direct avec un certain nombre de pouvoirs africains qui affirment préserver les intérêts économiques français. 

Bongo semblait désorienté par les nouvelles orientations de la politique africaine de la France. Les codes ont changé; mais alors quels seraient les nouveaux codes?
Le nouveau "code" des relations franco-africaines, c'est business first, au-delà de l'histoire coloniale de la France en Afrique. Nicolas Sarkozy suit ainsi attentivement les dossiers des pays qui ont un lien avec l'approvisionnement énergétique de la France pour le pétrole (Angola, Nigéria) et l'uranium (Niger, Centrafrique).

La plupart des analystes affirment qu'avec la disparition de Bongo, une page des relations France-Afrique disparait... Qu'est ce qui va changer?
La disparition d'Omar Bongo va forcément accélérer cette Realpolitik de la Nicolas Sarkozy plus intéressé par le Proche et le Moyen orient, avec l'ouverture de la base militaire d'Abou Dhabi, que par l'Afrique.

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