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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 01:14

17 février 2009
Marie Louise Eteki-Otabela
http://mle.blogspirit.com
Publié par Le Messager

La crise serait donc partie des Etats-Unis. Comme par hasard, juste avant l’élection du président Obama à la tête de la plus grande puissance capitaliste du monde. Mais on nous rassure : personne ne pouvait prévoir cette crise et tous les pays sont atteints, toutes les fortunes aussi, apprenons-nous au passage ! Et comme le capitalisme, le libéralisme, c’est d’abord les libertés individuelles, pas question que l’Etat fasse de l’ingérence dans le capital des banques privées. On attend la solution du président des Etats-Unis, pas de la Chine ni du Brésil. Personne n’évoque même simplement le continent africain. On nous a réglés notre compte depuis longtemps : pays pauvres très endettés et pourtant…

Obama sort de l’Afrique

Ils ont d’abord exigé qu’il n’évoque pas la question raciale. Il ne devait pas fonder sa campagne sur ses origines africaines. Difficile. C’est là que le monde entier a appris que les Etats-Unis risquaient d’avoir à leur tête un président de père kenyan. Il disait que dans son pays, il n’y a ni blancs ni noirs : Michèle sa femme est pourtant noire comme vous et moi ! Et elle descend de cette longue tradition de lutte pour la libération des Africains qui ont construit l’Amérique depuis l’esclavage. Il y a eu alors un mouvement de mobilisation nationale pour soutenir sa candidature. Mais lui continuait à dire que dans son pays, il n’y a ni républicains, ni démocrates mais les Etats-Unis d’Amérique. Un courant de pensée ni à gauche ni à droite mais le fameux “ Yes, we can ” !

Quand les scores ont commencé à tomber, c’était carrément l’angoisse : ils lui ont balancé un massacre en Palestine. Qu’a dit le président Obama ? Je retire mes boys d’Irak. Tant pis pour l’industrie de l’armement. Alors là, ça a été carrément la panique : les bourses se sont effondrées, l’industrie automobile avec et l’endettement des ménages a battu les records de 1929. Pendant que la France concoctait son plan de sauvetage de l’Europe, ils ont servi aux Français le même discours que Biya nous tenait quand la crise fut décrétée dans notre pays en 1987 : vous vous souvenez ? Ce n’était pas une crise camerounaise mais une crise mondiale donc, on n’avait pas à nous en faire : nous y sommes plongés depuis plus de 20 ans.
La solution ? Des Plans d’ajustement structurel, aux Pays pauvres très endettés en passant par le Point d’achèvement qui ne nous a jamais permis de voir le “ bout du tunnel ”, on nous assure cette fois encore que nous, Camerounais, Africains, nous ne sommes pas concernés : nous ne sommes pas assez riches, nous n’avons pas assez d’argent à placer – puisqu’il s’agit d’abord d’une crise financière – on ne boursicote pas malgré la création récente des bourses nationales dans nos pays ! Et c’est là qu’on apprend de source bien informée* que notre Beac qui ne fait parler qu’en cas de catastrophe, aurait commis quelques imprudences et que les quelques milliards Fcfa qui nous restaient, soigneusement gardés et garantis par le Trésor français n’étaient plus si bien gardés et plus du tout garantis. Ils seraient partis en fumé : voler les pauvres, quelle honte !

Sarkozy s’accroche à l’Afrique

Après les diamants de Giscard et les avions renifleurs, vous vous souvenez, ces avions qui sentaient le pétrole, nous voilà en plein Cfa volatiles. Si c’est avec ça que Sarko-La gaffe veut refonder le capitalisme, l’Europe est bien mal partie et surtout bien mal répartie, comme disait l’autre agronome. Gare à une 3è guerre mondiale. Le président Sarkozy veut bien redistribuer quelques milliards Fcfa de Total rapportés d’Afrique pour soutenir et ses banquiers et ses Pme, mais c’est à condition de ne pas délocaliser en Pologne. Elle est bien belle l’Europe unie de chacun pour soi. Il paraît que c’est comme ça que la 3è guerre mondiale a commencé : à coup de protectionnisme pour sortir de la crise !

A propos de guerre, nous n’en sommes jamais sortis nous depuis les pogromes de Juifs jusqu’à Madagascar qui ne veut pas être de reste et c’est toujours la faute à Mugabé. Tout le monde a oublié Février noir au Cameroun. C’était l’année dernière : nous sommes encore en février et ce n’est pas fini. Les damnés de la Terre n’ont pas dit leur dernier mot… Voilà que les cousins Antillais s’y mettent. Il paraît que dans les Dom-Tom, ils en sont encore à chercher leur identité, des siècles qu’ils sont Français sans le savoir ! Ces fameuses émeutes de la faim comme ils disent. Des revendications locales qui seraient avant tout économiques avant de s’attaquer aux questions de fond. C’est écrit noir sur blanc dans Libé.**

Tout le monde comprend donc qu’en réalité, il s’agit d’un problème politique, une question de souveraineté. Combien de temps encore la France va se payer le luxe d’avoir des “ Français ” spécifiques que l’on entretient comme ses indiens d’Amérique ? Sarko, il fait comme les présidents africains : quand ça ne va pas, quand il y a une “ crise sociale ”, il crée un ministère et le ministre envoie des médiateurs. Au Cameroun, on a déjà été jusqu’à 60 ministères ! Quand on sait ce que chaque ministère détourne comme milliards Fcfa, on se demande vraiment où est-ce qu’ils ont été chercher cette histoire de pays pauvre. Un Conseil interministériel de l’Outre-mer va donc se mettre en place…

La solution viendra d’Afrique

Pas évident de sortir d’un régime politique. Cela fait 50 ans que nous essayons, un demi-siècle que nous disons au Cameroun, partout dans les pays africains que nous voulons changer de régime politique. Mais personne ne nous entend, personne ne nous voit… C’est comme si c’était un non-sens, une “ petite utopie ” comme dit Mila Assouté. Et pourtant, là sous nos yeux, la Pologne par exemple est bien sortie du communisme. Comment a-t-elle réussi un tel exploit alors qu’elle ne vivait pas sous un régime démocratique ?

Cela prend une table de négociation comme disent nos amis canadiens, des Assemblées des peuples dans tous nos pays pour poser deux ou trois actes fondamentaux : l’abolition de l’impérialisme avec à la clé la dissolution des décrets qui ont créé des Etats comme le nôtre, la renégociation des Accords de coopération internationale et les états généraux de nos économies ; l’abolition du totalitarisme avec la suppression du poste d’Egocrate, l’institutionnalisation de l’Etat de droit ; l’abolition du racisme institutionnalisé que l’on a appelé – par euphémisme – “ tribalisme ” en Afrique. Cela peut apparaître comme une révolution pour certains : il s’agit juste d’une solution tactique si l’on veut réellement sortir de cette crise mondiale et non pas comme d’habitude, jeter le bébé avec l’eau du bain.

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