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27 janvier 2009 2 27 /01 /janvier /2009 22:37

26 janvier 2009
A
braham Avellan Wassiama
Mwinda

Si les pouvoirs autocratiques et dictatoriaux des tropiques étaient capables de sortir l’Afrique de sa noyade, il y a longtemps que ce continent aurait amorcé le développement tellement qu’il regorge de potentialités avérées.

Leur incapacité à donner du sens à la vie vrillée pour longtemps au travers des privations des droits et des libertés fondamentales piétinées, accentue la vulnérabilité du continent. C’est en cela que le colon apparaît abusivement, à certains égards et pour son époque, comme davantage plus inspiré.

Dans un mouvement très lent, à peine perceptible, l’histoire pourrait bégayer brutalement. Les gribouillages des dirigeants africains, souvent autoproclamés, prédisposent progressivement le continent, à l’aune de ce 21ième siècle, à une recolonisation ! Cette cruelle hypothèse d’un nouvel asservissement de l’Afrique a désormais toute sa pertinence au regard de la désillusion enregistrée en cette période postcoloniale.

L’avancée sino-américaine en Afrique, la misère chronique des populations, la vénération du colon statufié à Brazzaville, la déscolarisation d’une frange de la jeunesse avec leurs conséquences directes et collatérales telles que l’illettrisme et les boat people enjambant les barbelés, ainsi que les tentatives d’esquisse des prétendus bienfaits de la colonisation, rendent crédible subrepticement une telle éventualité.

Si dans les années 80, le doute subsistait sur les visées réelles des dirigeants africains, de nos jours, avec le recul du temps, lequel temps ne renferme que désolation et pillages, il est désormais hors de question. Chaque jour, l’imbécillité des dirigeants africains, aventuriers sur les bords, afflige les consciences.

D’où vient qu’après les enfants soldats, l’Afrique aligne le viol des femmes comme arme de guerre ?

Quoi qu’il en soit, la barbarie enfouie en l’homme qui n’a d’égale que l’absurdité bestiale des acteurs en présence s’incarne dans la violence. Hélas, tous ces comportements déviants ont eu raison de nos valeurs ancestrales. Les histoires individuelles vécues par les populations africaines en zone de conflit ou non, quel que soit le pays, dépassent l’entendement humain.

L’action humanitaire si vitale pour les populations doit s’accompagner désormais d’une démarche des psychologues. Ceux-ci devraient, au-delà de la prise en charge des populations livrées à elles-mêmes, ausculter les têtes des dirigeants africains afin de déterminer la cause exacte de leur hérésie. Brazzaville, Luanda, Bangui, Kigali, Lomé, Abidjan, Ndjamena, Maputo … Goma porteront à jamais les stigmates de la bêtise humaine.

Oui, la RDC est un symbole représentatif de l’échec de la Communauté internationale. Dans ce pays, les troupes onusiennes y sont, en réalité, depuis les années 60. Un important dispositif, semble-t-il, s’y trouve encore aujourd’hui. Cependant, les conflits sanglants touchant les pays du Grand lac, s’y déroulent sous nos yeux. Ici, en un demi-siècle, la Communauté internationale, en dépit de ses efforts, reste impuissante.

Par ailleurs, il n’est pas rare de voir en Afrique des jeunes qui auraient pu constituer l’espoir d’un peuple, aller faire leurs armes de culture démocratique à la boutique du dictateur. D’autres imposteurs s’aventurent dans l’univers dictatorial, paradoxalement, au nom de ce même peuple qu’ils prétendent délivrer. Alors, participer aux élections souhaitées et organisées par une dictature est-ce de la naïveté ou de la bravoure ?

On ne sort jamais indemne d’une partie de cache-cache avec un dictateur. Trois issues possibles. Tout d’abord, une possible cooptation pour ceux qui, au-delà de leurs masques, prouvent leurs capacités à huiler et revivifier le mécanisme dictatorial. Ce sont en réalité des ennemis du peuple.

Puis il y a celui qui, au terme d’une tragique ruse ou d’une terrible bataille, terrasse le dictateur. C’est le nouvel homme fort. C’est le cas de certains chefs d’états africains actuels. Mais une telle victoire est applaudie par la population non pas par légitimité mais par soulagement. Puisque n’étant pas mandaté par le peuple, cette victoire s’apparente à un subtil holdup up générateur de peur et d’hallucinations permanentes.

Or, asseoir la confiance exige du temps et du concret. N’en disposant guère alors les conditions de consultation de la population interviennent de manière folklorique et surprenante. Dès lors, l’accumulation des caractéristiques anxiogènes conduise inéluctablement au modèle dictatorial. C’est en cela que les pays africains basculent d’une dictature à une autre, par-delà les intentions premières. On ne naît pas dictateur, mais on le devient.

La troisième éventualité expédie les mutins à l’abattoir. Si par bonheur, ils y échappent, les insurgés en reviennent groggy, complètement éreintés et en lambeaux avec un serment dans la bouche indiquant qu’il n’y a rien à faire. Ne jamais s’y méprendre ; une dictature est très bien organisée. Même si elle arbore une ossature rustique, ses mécanismes de défense sont en général très sophistiqués, et ils résistent longtemps.

Quelles que soient ses apparences et ses gesticulations, une dictature broie. De ses mielleuses contorsions et flexibilités de circonstance, elle broie. Tellement qu’elle broie que pour finir, elle va broyer ses propres fils. Ses codes de fonctionnement sont si durs et si ridicules qu’elle propage ses néfastes réflexes auprès de ses courtisans qui, eux, se chargent d’esquinter les esprits de la population livrée à leur merci.

De plus, une dictature est capable de se morceler, et, soudain de se reconstituer en une masse trompeusement informe. Elle est capable de se débarrasser d’une partie d’elle-même avant de se la réapproprier. Elle n’est que terreur.

A une dictature, il convient d’y opposer la colère du peuple. Celle-ci a pour effet de solder les actes du dictateur et de poser les jalons d’une volonté démocratique. Entre la vision politique de Lumumba et le peuple, figure un fossé jamais comblé à ce jour où s’est engouffrée une classe politique peu soucieuse du développement intégral des populations.

La lutte des africains formulée confusément entre maladies, pillages, famine, dictature, élections, illettrisme … comporte un handicap sérieux. Celui de manquer de cible précis susceptible de déverrouiller l’ensemble de la problématique.

Après Lumumba, Ben Barka, Jomo Kenyatta … il n’y aurait logiquement eu de place qu’aux Mobutu, Déby, Sassou, Biya et leurs homologues ? ! Combattre tout système dictatorial doit constituer notre contradiction principale dont une menace redoutable est la recolonisation du continent. En éradiquant la dictature, l’on marquera un pas important dans la direction de la résolution de l’ensemble de la question africaine.

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