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2 juin 2008 1 02 /06 /juin /2008 22:15

 2 juin 2008
 Adrien Poussou – L’Indépendant

 Arrestation de Bemba : après les crimes la justice !

 

Le chef rebelle Jean-Pierre Bemba a été arrêté à Bruxelles sur mandat de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, dont des viols et actes de tortures, commis par ses hommes en Centrafrique en 2002 et 2003. Il est en détention provisoire à la prison de Saint-Gilles, dans un quartier sud de Bruxelles.

 

L'arrestation de ce mystique sanguinaire continue de faire de vaques aussi bien dans son pays d'origine, la RD-Congo où ses partisans ont organisé des manifestations de soutien et exigé sa libération que dans certaines villes d'Europe. Pour sa défense, ses partisans déclarent qu'il n'a pas été physiquement à Bangui à l'époque et que ses troupes ne se sont pas rendues en Centrafrique de leur propre chef. Pour d'autres encore il ne s'agit là que d'un autre complot de la communauté internationale contre un fils éclairé d'Afrique qui dérange.

Ce qu'il faut retenir

Selon une source proche du dossier qui a requis l'anonymat Jean-Pierre Bemba a été poursuivi dans cette affaire parce qu'il était parfaitement au courant des agissements de ses troupes en République centrafricaine. C'est lui le chef politique et militaire du Mouvement de Libération du Congo. Ces crimes ont été perpétrés sur la période allant d'octobre 2002 à mars 2003, et n'ont été que le deuxième acte de la pièce dont le premier a été joué en mai 2001 après la tentative de coup d'Etat revendiquée par le Général Kolingba. Cette source argumente que cette première intervention des troupes de Bemba à Bangui là encore à la demande de l'ex président Patassé a servi de laboratoire ou a permis l'expérimentation des pratiques réitérées une année plus tard. Il est fort à parier que sur cette période la hiérarchie n'a pas été informée des agissements et autres pratiques des éléments sur le terrain.

Toujours d'après la même source il est évident que l'ex président Patassé qui vit en exil à Lomé sera arrêté. « J'étais convaincu qu'il serait le premier sur la liste », a-t-il indiqué. Si Jean-Pierre Bemba l'a précédé c'est tout simplement parce que la Cour pénale internationale avait des informations qui font état de son éventuelle soustraction à la justice. Quoi de plus normal pour une cour qui a le soutien indéfectible de l'Europe de bénéficier de la coopération de l'Etat Belge, membre de l'Union Européenne et qui accueille de surcroit son siège ?

A rappeler que quelques jours seulement après ces crimes et sur la base des témoignages concordants des victimes, la Ligue centrafricaine des Droits de l'Homme (LCDH) avait ouvert une enquête. Cette organisation devait malheureusement suspendre son enquête à cause des combats qui se poursuivaient encore dans les zones où les crimes ont été commis. Mais juste après la prise du pouvoir par François Bozizé en 2003 elle a fait appel à la Fédération Internationale des Ligue de Droits de l'Homme (FIDH) pour l'aider à mener à bien cette enquête (lire le rapport commun publié à l'époque sur le sujet sur le site de l'organisation).

La LCDH a donc pu réunir des preuves nécessaires qui l'ont fondé à saisir la Cour pénale Internationale. A l'époque Louis Moreno Ocampo n'avait pas été nommé procureur de la cour. Lui, dès son arrivée n'était pas pressé de se saisir de cette affaire. Il aurait fallu la détermination, le tact et une certaine diplomatie des responsables de la LCDH pour convaincre les nouvelles autorités centrafricaines dans la foulée de la transition à saisir directement la cour comme les statuts du traité de Rome de juillet 2002 les y autorisent.

C'est à rougir de rage et de honte en écoutant le premier d'entre les centrafricains, François Bozizé, évoquant cette affaire ce samedi sur les antennes de RFI. Comment peut-il oublier que c'est l'Etat centrafricain par l'entremise d'un avocat centrafricain désigné par lui qui ait saisi la cour pénale internationale pour la seconde fois pour la même affaire ? Faut-il rappeler, que saisi, par la LCDH et la FIDH pour s'autosaisir de cette affaire, Louis Moreno Ocampo ne s'est pas vite décidé à la connaitre ? C'est donc grâce à la seconde plainte de l'Etat centrafricain qu'il s'est décidé à ouvrir les enquêtes. Comme le traité de Rome le prévoit, le Procureur de la Cour pénale internationale peut-être saisi soit par le Conseil de sécurité des Nations Unies, soit par un Etat qui a ratifié le traité ou encore s'autosaisir d'une affaire.

Le faux débat

Dès l'annonce de l'arrestation de Bemba beaucoup ont cru devoir réagir. Certains ont poussé l'outrecuidance jusqu'à accuser l'occident de complot contre ce dernier qui représenterait un obstacle au pillage des ressources de la RD-Congo. Ils ont également évoqué et la politisation de la Cour pénale internationale qui jouerait le jeu du président congolais Joseph Kabila.

Il y'a vraiment quelque chose de très malhonnête dans toutes ces réactions, notamment lorsque nous savons qu'un peu plus d'un millier de personnes ont été victimes de la barbarie des éléments du désormais tristement célèbre Bemba. A vouloir défendre Bemba ceux-ci dénie même aux 600 femmes sauvagement violé dont on a introduit des gourdins et autres épis de maïs dans les parties intimes. C'est vraiment faire peu de cas de celles qui ont été contaminés du SIDA et à toutes ces familles disloquées à causes de ces crimes odieux et crapuleux. C'est surtout renié les résultats de plusieurs semaines d'enquêtes et d'investigations pour le rassemblement des preuves contre les auteurs et complices de cette barbarie. A dire vrai, le sort de Jean-Pierre Bemba importe peu à ce que les victimes ont subis dans leurs chairs.

Vers une justice généralisée ?

Comme l'une des collaboratrices du procureur l'a si bien indiqué au micro RFI de Christoph Boisbouvier, « l'enquête se poursuit ». Autrement dit, les enquêteurs de la CPI ne vont pas seulement se focaliser sur les crimes commis par les éléments de Bemba. Car pour qu'il y'ait belligérance il faut nécessairement deux forces en présence. A l'époque des faits, les rebelles de Bozizé aidés par les mercenaires tchadiens ont également semé la désolation au sein de la population des zones touchées par le conflit. Cette horde de mercenaire venue du Tchad a été aussi responsable d'exaction et de crimes imprescriptibles sur la population. Villages incendiés, églises détruites, usines pillées, telle a malheureusement été la marque de fabrique des zagawa à la solde de Bozizé.

Mais il n'ya pas que cette période qui intéresse la cour. Puisque ces crimes massifs se sont poursuivis jusqu'à nos jours. Des faits graves relevant de la compétence de la cour ont été commis en 2005 par exemple suite aux représailles contre la population des régions nord-ouest par la soldatesque de François Bozizé, dirigé par un certain capitaine Eugène Ngaïkosset. C'est dire qu'après Bemba d'autres seront également éclaboussés.

S'il y'a une chose que l'on doit retenir de ces évènements c'est qu'ils serviront de leçons à nos dirigeants futurs qui réfléchiront à deux fois avant de poser un acte et feront très attention.


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