Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

 

 

Rechercher

11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 16:36

Avril 2008
Par Henri Paul Akibata
 

Tout processus est défini comme un ensemble de phénomènes, conçu comme actif et organisé dans le temps. Et chaque processus est évolutif, soit positivement, soit négativement. On parle généralement de processus réversible ou irréversible.
Tel que défini, tout processus est plus ou moins visible dans le déroulement d’une organisation ou d’une entité donnée.


Dans le cas d’une entité comme la Centrafrique, il y a un certain nombre de faits et phénomènes produits ces derniers temps. L’apparition de ces faits exige une certaine analyse. Ceci dans le but d’indexer le processus dans lequel s’achemine le pays. Et aussi le caractère dudit processus sur l’avenir du pays Centrafrique.

Pour une visibilité, il convient de mettre en évidence ces faits. Les repartir dans les domaines d’intervention et d’existence d’un Etat. Analyser l’impact concret de ces différents événements. Et surtout de penser une manière d’agir capable d’inhiber le processus semblant irréversible de l’entropie négative du système Centrafrique en phase actuellement.

Les faits incriminés

Ces informations mises en exergue dans ce travail se trouvent sur la toile. Rigoureusement, il faut avancer avec précaution quant à leur véracité. Toujours est-il que le pays Centrafrique est dans une situation précaire. Et celle appelle à une vigilance de chaque ressortissant pour ne rien occulter.


Les faits saillants retenus dans ce travail sont :


1 - Négociation Gouvernement-Zaraguina parrainée par l’Ambassadeur du Tchad en Centrafrique.


2 - Siège de la ville d’Obo par les hommes du LRA (Armée de Résistance du Seigneur) de Joseph Koni.


3 - Assassinat du Maire de la Commune de Koui.


4 – Incursion des forces armées tchadiennes dans la partie septentrionale de la RCA pour s’en prendre aux agriculteurs centrafricains suite à des différends entre ces derniers et les éleveurs peulhs tchadiens.


5 - Fraude massive au niveau de l’Ecole Normale Supérieure pour l’organisation pour le recrutement en vue de la formation des professeurs des collèges et lycées et aussi des cadres du Ministère de l’Education Nationale.


6 - Kidnapping des fonctionnaires du Ministère de la Santé (dont deux médecins).
7 - Taux élevé de l’infection du VIH dans le milieu scolaire (sur 10 filles scolarisées en collèges et lycées, 4 sont infectées).

Parmi ces faits non exhaustifs retenus ici, il y a ceux relevant de la politique (les points 1, 2, 3 et 4) et les autres sont du domaine social.


Analyse succincte des différents domaines

° Politique : Ayant voulu une analyse même succincte des faits et événements survenus dans le pays Centrafrique, il semble inutile actuellement car les faits parlent d’eux-mêmes.


Cependant une nécessité reste d’actualité et permettra à tout un chacun de se faire une idée réelle de ce qui est advenu de son pays. Cette nécessité ne doit être perdue de vue. La Centrafrique est dite Etat souverain. Il est souhaitable de rappeler la définition de ce concept afin de faire ressortir l’illusion centrafricaine concernant l’état du pays.


L’Etat souverain est un édifice politico-juridique, combinant trois traits essentiels : un territoire aux frontières définies, sa population et, enfin, un pouvoir capable de les prendre en charge.


Cette seule définition donne une idée sinon l’idée de l’état réel du pays et la déliquescence avancée de l’entité Centrafrique.


Comment un Etat souverain qui se dit “Etat de droit“ se permet-il d’ouvrir des négociations avec une bande armée sans foi ni loi ? Pourquoi opter pour cette solution humiliante alors que la solution reste l’engagement d’une véritable armée républicaine pour bouter ces hommes hors de nos territoires ?


La vassalisation de l’Etat Centrafricain amorcée par Ange Félix Patassé et accentuée par son successeur semble ne connaître de fin. Sur quelle base un ambassadeur accrédité auprès de notre pays peut-il s’immiscer dans nos affaires intérieures ? Pour mieux contraindre les autorités centrafricaines, ces bandes armées s’en prennent au Maire de la commune de Koui dont son enlèvement a terminé tragiquement sans émouvoir l’ensemble de la classe politique outre mesure et encore moins les autorités politiques en place. Encore un meurtre qui restera impuni. Pourquoi cette latitude vile à se laisser devenir la proie des forces étrangères non conventionnelles et surtout avec la bénédiction des autorités centrafricaines mêmes ?


L’humiliation vécue par le peuple centrafricain ne semble s’arrêter. L’occupation de la ville d’Obo par les hommes du LRA illustre nettement l’incapacité du pouvoir central de prendre en charge sa population sur toute l’étendue du territoire.


Que dire de l’incursion d’un contingent de l’armée tchadienne pour s’en prendre allégrement et impunément à des paysans centrafricains ? Et tout ceci sous l’œil complice du pouvoir central. L’équipe dirigeante au pouvoir a opté pour le silence afin de ne risquer son fauteuil. Qui est le plus important, le Tchad de Deby ou le peuple centrafricain ?

° Social : Les faits retenus dans le domaine social est l’expression tout simplement de la misère pesante et sans précédent dans l’histoire du pays.


Lorsque la misère sévit durement dans une cité, l’échappatoire facile de la population se trouve dans le sexe, la violence et la drogue (alcool). Et les événements mis en exergue dans ce travail illustrent bien cette valeur refuge où la quasi-totalité de la jeunesse s’y engouffre sans émouvoir les autorités politiques.


L’avenir de la Centrafrique comme de tout pays réside dans sa jeunesse. Aujourd’hui la jeunesse n’a que violence, sexe, et drogue comme alternatifs au rêve d’un lendemain meilleur. Dans un pays tourné vers le progrès, la jeunesse a le choix entre le sport, la culture et les études où tout un chacun pouvait avoir sa chance. Tel n’est le cas en Centrafrique. Aucune infrastructure sportive mise à la disposition de cette jeunesse pour les détourner de ces fléaux cités ci-dessus. Absence totale de bibliothèques permettant de s’enrichir intellectuellement. Aucune incitation à l’innovation culturelle.


En Centrafrique le temps semble s’arrêter à l’exception de certaines réalisations en trompe l’œil n’ayant aucune influence directe sur cette partie considérable de la population. Qui tourne le dos à la jeunesse renonce à l’avenir. Est-ce le cas pour ce pays ?

L’impact de ces événements

Le pays tout entier est dans un processus de déliquescence. Loin de tomber dans le pessimisme total, il serait inconscient de parler d’un processus irréversible pour le moment. Mais le tournant fatal n’est pas aussi loin qu’on le pense. Tout dépend de notre capacité à réagir aujourd’hui pour que demain, on agisse dans le sens qu’il faut pour l’honneur du pays.


L’impact de ces événements n’est pas à chercher dans des projections sorcières. Le pays Centrafrique est entrain de dilapider son capital d’honneur et de respect. Il est entrain de légitimer sa position de province du Tchad et d’un vaste territoire où chaque personne en mal de génie va dicter sa loi.


Une question demeure et sa réponse ne se trouve que dans la question même : comment la Centrafrique a-t-elle fait pour se retrouver dans cet état ? Aujourd’hui a-t-elle les capacités de s’en sortir ?


Dissertons, croisons les ébauches de solutions, débattons pour qu’émergent des résolutions tangibles. Et que celles-ci soient suivies d’actes concrets en prenant tous les risques possibles, car s’arracher maintenant à cette emprise, non seulement du Tchad mais de tous les autres Etats de la sous région n’est chose facile mais pas impossible.


Comment agir ?

L’espoir de voir la Centrafrique recouvrir sa dignité d’Etat souverain, d’administrer la totalité de son territoire sans l’aide d’un pays tiers, de défendre efficacement son peuple partout où il se trouve et de lui assurer le bien-être passe nécessairement par l’identification de la source des différents maux que connaît le pays.
Cette source de tous les maux centrafricains est l’absence totale d’un potentiel collectif et de la panne du leadership.


L’unité, dans la devise du pays, ne constitue qu’une valeur abstraite où son importance et même sa valeur échappent à tout le sérail politique. Le potentiel collectif demeure le seul problème du Centrafricain. Résoudre ce problème passera inéluctablement par l’émergence d’un homme ou d’une femme ayant un leadership réel. Une personne dotée d’une culture et d’un volontarisme politique (ici l’expérience est reléguée au second plan) prouvé. Une personne qui connaisse la RCA et la respecte en parole et en acte.
Cependant il y a des actions d’urgence à mener. Ces actions d’urgence est assimilable à un terreau à entretenir, un sillon à creuser capable de constituer le creuset d’émergence du leadership au niveau national. Une fois le leadership acquis, l’absence du potentiel collectif sera comblé aisément.


Et cette tâche à tous les centrafricains. Qu’importe le lieu de résidence, chaque centrafricain doit trouver des créneaux pour parler, dénoncer la mainmise du Tchad et des autres Etats de la sous-région et au-delà sur la Centrafrique. C’est un travail à organiser et à faire. Le temps n’est à notre avantage.


Certes, il y a des partis politiques d’opposition, censés mener ces actions. Mais le cadre d’action de ces partis est flou. En plus, les différents partis ayant une certaine résonnance nationale sont minés par le tribalisme et la désorganisation. Il ne faut point oublier non plus leur caution quant aux différentes implications étrangères en Centrafrique. Faille-t-il rappeler que les représentants des partis politiques se sont rendus à Libreville pour que le Président Gabonais décide de qui doit ou ne pas être candidat aux élections présidentielles de 2005 en Centrafrique ? Que dire du silence des deux principaux partis de l’opposition le MLPC et le RDC sur les événements inacceptables cités ci-dessus ? Et s’il faut qu’il y ait réaction souvent timide, celle-ci est remplie de contresens preuve d’une absence totale d’autocritique. Cela s’explique par le déni vif de tous les maux ayant émaillé leur régime respectif. Et que dire du reste des partis comme ADP, FPP, KNK, PDCA, MDD ? En Centrafrique, la logique ethnique comme socle des partis politiques est la chose la mieux partagée. Ce phénomène corrobore le diagnostic de l’absence du potentiel collectif.

Pour combler cette absence, il reste l’émergence d’un leader au-dessus des considérations partisanes, claniques ou ethniques. Espérer voir une personne de cet acabit surgir sur la scène politique en Centrafrique, n’est point un vain espoir. Mais l’erreur serait de croire que cette personne est parmi la génération décadente ayant entrainé le pays dans cette misère incommensurable. Il ne reste que la jeunesse. Qui dit jeune, dit toute personne n’acceptant l’inacceptable avec des actions concrètes pour le prouver. La Centrafrique a besoin de pareilles personnes, innocentes, désintéressées capables de mettre en avant leur accomplissement par le bien-être de la population.


Les différents contextes dans la sous-région ne sont guère favorables pour le pays Centrafrique et les sceptiques sont nombreux. En ne quittant point la réalité des yeux, il reste une évidence. En politique, point de fatalité. Evoquer la fatalité en prenant en exemple des faits établis est un vœu de faiblesse et de renoncement. La définition stricte de la politique c’est l’anti-destin. La politique est un concept réactif capable de changer le destin et non de se laisser entraîner par celui-ci.

En attendant de voir surgir des femmes et des hommes empreints de cette conviction, préparons le terrain en rompant l’omerta vile dans notre pays. Que tout ce qui est à dénoncer se sache. Le silence est le ferment par excellence du pourrissement de la mentalité. Lorsque les dirigeants actuels sauront que tous leurs faits et gestes sont épiés et remontés à la connaissance du grand public, lorsque la population se sachant point abandonné dans la misère au quotidien, lorsque la jeunesse se sachant un autre chemin pour concrétiser son rêve d’un avenir, lorsqu’elle sache que la violence, le sexe, la drogue constituent une aliénation, il est fortement à parier un réveil de chaque composante de cet Etat.

Conclusion

Finalement, le système Centrafrique a une entropie négative. Ce n’est point un processus irréversible. L’affirmer n’est point une vérité d’évangile. Il reste des actions précises, pensées pour amener un renversement de tendance. Et pour commencer ces actions, la parole est primordiale, car au commencement était la parole, toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.


Parlez, Centrafricains, dénoncez sans répit. Le silence tue, la parole libère et fait prendre conscience.

SINGUILA MINGUI.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Textes De Juliette