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30 septembre 2013 1 30 /09 /septembre /2013 01:28

23 septembre 2013
Blog "Torre di Babel"

 

Un génocide passé sous silence et scandale géologique

 

A l’ombre de la crise malienne et syrienne se déroule un conflit moins médiatisé, celui de la République Démocratique du Congo. Depuis 1996, plus de 6 millions de personnes  ont été massacrées dans l’anonymat le plus total, la raison ? La R.D.C détient en son sein une grande zone minière que se disputent les grandes entreprises mondiales.

Vous n’y avez certainement pas échappé, la communauté internationale se mobilise actuellement pour résoudre la crise syrienne. En France, il est même question du Mali. Présence française obligatoire depuis l’intervention militaire en Janvier 2013, François Hollande était à Bamako jeudi dernier pour l’investiture du nouveau président Ibrahim Boubacar Keïta. Le président Français s’est essayé à un long discours félicitant la victoire de son homologue et de la France. Puis, il a énoncé cette phrase :

« c’est quand le droit est bafoué, quand des femmes et des enfants sont massacrés, c’est à ce moment-là que la communauté internationale doit se lever et assurer la solidarité pour le droit et pour la reconnaissance des peuples, voilà la leçon du Mali et le message de Bamako »

Le président français a pris le temps de justifier à nouveau les raisons de l’intervention militaire française. Si le but était tout à la fois de sensibiliser l’opinion publique et d’adresser un message aux opposants russes, iraniens dans le cadre du dossier syrien ; il paraît regrettable que notre cher chef d’Etat n’est pas profité de l’aubaine pour faire une simple allusion sur ce qui se déroule en ce moment  en République Démocratique du Congo. 

Diamant et Coltan, le prix du silence 

Depuis 1996, la communauté internationale garde sous silence son inefficacité à régler la crise que traverse la République Démocratique du Congo (RDC). En 15 ans, ce conflit a fait plus de 6 millions de morts, principalement des femmes et enfants comme le montre ce rapport de l’ONU datant d’octobre 2003. Dans l’indifférence quasi-totale, le génocide au Congo s’avère le plus meurtrier depuis la Seconde Guerre Mondiale. Les populations des mines sont la proie de rebelles du Rwanda (Armée patriotique rwandaise), de l’Ouganda et du Burundi qui veulent leur départ de cette zone stratégique pour enrichir des dictateurs et des entreprises étrangères.

Les outrages, les assassinats, les épidémies sont devenus le quotidien des ces populations. Le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (H.C.R) annonçait qu’au cours du premier trimestre 2010, mille deux cent quarante-quatre femmes ont été violées, soit une moyenne de 14 agressions par jour. Ces viols de masse ont contribué à répandre le virus du sida. Le Programme national de lutte contre le sida en R.D.C estime que le taux d’infection a déjà atteint plus 20 % dans les provinces de l’est. Le virus du VIH pourrait menacer plus de la moitié de la population de la R.D.C dans les années à venir.

Les zones minières sont particulièrement convoitées par les multinationales étrangères, on les localise au nord et au sud-est du pays (la région du Kivu) dans une vaste cuvette sédimentaire. La République Démocratique du Congo dispose de nombreuses ressources minières comme l’or, l’étain, les diamants, le gaz, le pétrole, l’uranium et surtout le Coltan (la R.D.C détient entre 60 et 80 %  des réserves mondiales). Le Coltan est un minerai qu’on utilise pour la fabrication de composants électroniques qu’on retrouve dans nos télévisions, ordinateurs, téléphones portables mais aussi missiles et armes. Depuis 1990 et l’explosion des marchés liée aux nouvelles technologies, les minerais de la R.D.C sont devenus un enjeu pour la plupart des pays du globe. En 2008, un Consortium d’entreprises chinoises ont signé un accord avec le gouvernement congolais pour développer des projets dans les mines du Kivu.

Rwanda, Burundi, Ouganda condamnés pour crime contre l’Humanité

Le rapport des experts présenté à l’ONU en 2001 dénonçait les accords entre les grands groupes multinationaux, les armées ougandaises et rwandaises et du Burundi dans l’extraction illégale des minerais dans la région du Kivu et les dérives qui en découlent. L’ONU a condamné ces pays pour crime contre l’humanité et génocide. Pourtant, les Etats-Unis ont continué de financer à hauteur d’un milliard de dollars le Rwanda. Le sénateur (peu connu à l’époque) à l’origine de cette loi n’est autre que Barak Obama.

Chaque année, les exportations de minerais de la R.D.C s’élèvent à plus de trois cents milliards de dollars. Ces dernières ont pour principales destinations les Etats-Unis, la Chine et l’Europe. Le bois est aussi devenu un enjeu et les déforestations abusives se multiplient dans le pays au profit, une nouvelle fois, de grandes entreprises internationales. Pour mémoire, la R.D.C détient la deuxième plus grande forêt tropicale au monde.  

Pour conclure, je vous remémore la phrase du président François Hollande, il y a quelques jours à Bamako :

« c’est quand le droit est bafoué, quand des femmes et des enfants sont massacrés, c’est à ce moment-là que la communauté internationale doit se lever et assurer la solidarité pour le droit et pour la reconnaissance des peuples, voilà la leçon du Mali et le message de Bamako »

Bamako, se situe à seulement 5000 km de Kinshasa : la capitale de la République Démocratique du Congo soit, un peu plus que la distance qui sépare Paris de Damas (4200 km). Le sort des populations du Congo n’a t-il aucune valeur face aux intérêts économiques mondiaux ? 

L’avenir nous le dira.

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