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12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 20:46

11 janvier 2010
Bertrand Tanza, correspondance particulière
L'Indépendant


Séquestration de Charles Massi : l’inadmissible comportement de Bozizé et l’inacceptable silence de la classe politique centrafricaine !


La République centrafricaine s’enferme peu à peu dans le totalitarisme érigé en système de gouvernement depuis mars 2003. Elle tangue et inquiète à cause de la régression des acquis de sa démocratie naissante. Il ne fait plus bon s’opposer à la gabegie et la gestion clanique du pouvoir de l’Etat par François Bozizé. Charles Massi l’a appris à ses dépens ! C’est en tout cas le moins que l’on puisse dire.


Le Colonel Charles Massi

Le Colonel Charles Massi

Le président tchadien fait la basse police de son vassal de Bangui…


Celui-ci s’est retrouvé malgré lui au centre d’un échange inique qu’affectionnent les ogres de Bangui et de N’Djamena. Manifestement, se sont les services tchadiens qui ont entrainé Charles Massi dans un guet-apens vers la région des trois frontières Tchad, Centrafrique et Cameroun avant de l’enlever le 19 décembre dernier et de le séquestrer avant de le livrer à Bozizé.

En dépit des dénégations du ministre tchadien de l’intérieur qui cherche à se cacher derrière son doigt, c’est à partir de la localité tchadienne de Doha, en dehors de tout cadre législatif et judicaire, que Charles Massi a été transféré à Bangui les pieds et mains joints comme un vulgaire malfrat ou un simple paquet. Comme cela fut le cas du chef rebelle tchadien Baba Laddé arrêté à Bangui par le fils Bozizé Francis et livré à Deby Itno.

Ce procédé ignoble est inadmissible en démocratie et contraire aux valeurs de la République. Car dans le cadre d’une démocratie républicaine force reste et demeure la loi. Ces guignols sanglants de l’entourage de Bozizé qui s’emparent de n’importe quel prétexte pour passer à tabac les adversaires de leur maître où les jeter arbitrairement dans ses prisons personnelles doivent comprendre qu’il y’a un temps pour tout.

Un petit rappel à l’intention de Bozizé : à l’époque du parti unique sous le régime d’André Kolingba, un communiqué avait été rendu public pour annoncer l’arrestation au Benin et le transfert d’un certain général putschiste à Bangui. Lequel communiqué annonçait aussi que l’intéressé était mis à la disposition de la justice centrafricaine qui avait fini par le libérer à l’issue d’un procès équitable.

Ces violations répétées et systématique des droits fondamentaux humains que l’on ne compte plus, doivent êtres dénoncées avec la rigueur qui s’impose. En démocratie, il n’ya pas un prisonnier personnel du prince. Ce que vit Charles Massi aujourd’hui, beaucoup de Centrafricains l’ont déjà vécu et le vivent chaque jour que Dieu fait. Aux dernières nouvelles, Charles Massi serait détenu au Camp de Roux dans une pièce à côté de la villa qu’occupait l’empereur Bokassa et serait gardé par trois soldats armés jusqu’aux dents.

Nous apprenons aussi que Bozizé procède demain à l’inauguration d’un nouveau local au sein du Camp de Roux.

Quelle image de la RCA François Bozizé et ses ouailles entendent-ils véhiculer à moins de dix jours d’un sommet des chefs d’Etats de la CÉMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), prévu pour se tenir à Bangui le 16 janvier prochain ?

Où est la classe politique centrafricaine ?

Depuis l’annonce de la disparition de Massi nous n’avons noté aucune réaction de la classe politique centrafricaine. Même le Coordonateur de l’UFVN qui a tenu une conférence de presse le samedi dernier s’est curieusement abstenu d’aborder le cas Massi. Or, nul n’est besoin de rappeler que Charles Massi a été tour à tour leader politique, ministre et député de la Nation. C’est l’un des personnages les plus importants du pays de ces dix dernières années.

Il est loin d’être un vulgaire laminaire. Son enlèvement et sa séquestration doivent être condamnées par l’ensemble de la classe politique centrafricaine. Aujourd’hui c’est Massi, à qui le tour demain ? Seigneur Bozizé avait déjà prévenu lors de son adresse à la nation en langue nationale le 1er décembre dernier : « je ne veux plus entendre des pleurs et des lamentations. Prévenez vos enfants », avait-il dit, façon de mettre en garde ceux qui tenteraient de le contredire.

Même si nous avons toujours éprouvé la plus profonde défiance pour ceux qui prennent les armes pour quelque prétexte que ce soit, nous disons que Massi ne mérite pas ce sort. C’est pourquoi nous avons infiniment compati, souffert et finalement révolté contre la souffrance que Bozizé et son parent Ludovic Ngaïfei font subir à cet homme.

Il va maintenant falloir que l’opposition sorte de sa léthargie chronique pour exiger la stricte application des principes républicains qui sont à l’antipode des traitements inhumains que chérissent Bozizé.

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