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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 13:37

18 avril 2012


Lettre du MLPC au Président de la Commission de la CEMAC 
 

 

 

A Monsieur le Président
de la Commission de la CEMAC

BANGUI, République Centrafricaine

 

Objet : lettre d’observation relative à la situation de la RCA depuis le 15 mars 2003.

 


Monsieur le Président,

Du 22 mars 2012 au 12 avril 2012, vingt deux jours se sont écoulés entre la date du coup d’Etat du Capitaine SANOGO qui a renversé, deux mois seulement avant le terme de son mandat, le Général Ahmadou Toumani TOURE, Président démocratiquement élu, et celle du rétablissement de la légalité constitutionnelle dont la démission entre temps de ce dernier en a favorisé l’heureux aboutissement.

Tout au long de ces vingt deux jours, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) d’abord, l’Union Africaine, l’Union Européenne et les Nations Unies ensuite ont, par des initiatives hostiles au coup d’Etat et complémentaires, réussi à faire plier la junte et les putschistes mal inspirés et redonné à la démocratie malienne, ses chances de poursuivre son petit bonhomme de chemin et au Mali de continuer à œuvrer à son développement.

Le succès de ce tour de force, exceptionnel dans l’histoire contemporaine de la démocratie et des Etats, est à porter surtout au crédit et à l’honneur des Chefs d’Etat de la CEDEAO, des démocrates maliens, de l’UA et de la communauté internationale dont la détermination tout au long de cette crise a été implacable et exemplaire.

Face à un tel succès diplomatique, on ne peut s’empêcher de faire un rapprochement, neuf ans en arrière, avec un certain François BOZIZE qui, le 15 mars 2003, va interrompre par les armes un processus démocratique en cours en renversant, comme au Mali, un Président démocratiquement élu, Ange Félix PATASSE.

A l’inverse de la CEDEAO aujourd’hui, la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) et l’Union Africaine hier, avaient fait preuve d’un parti pris manifeste, établissant ainsi leurs responsabilités directes dans une entreprise qui, à tous les égards et aux termes de la Constitution de la République Centrafricaine, est « un crime imprescriptible contre le Peuple centrafricain » et que « toute personne ou tout Etat tiers qui accomplit de tels actes (l’usurpation de la souveraineté par coup d’Etat ou par tout autre moyen) aura déclaré la guerre au Peuple centrafricain ». On ne se souvient pas d’avoir entendu la voix de la CEMAC condamner le coup d’Etat du 15 mars 2003. Est-ce à dire qu’elle l’a approuvé ou commandité ? La question reste posée. La communauté internationale, quant à elle, se confinait dans un silence complice

A l’épreuve du pouvoir, le poulain BOZIZE s’est révélé être un piètre gestionnaire, plus enclin à la violation continue de la Constitution, à la mal gouvernance, aux crimes politiques, à la prédation, à la brutalité, à l’affairisme, au clanisme, à la rébellion, au non respect de la parole donnée, toutes choses qui mettent à mal la cohésion sociale, l’unité nationale et le développement du pays.

Compte tenu de la nature du régime fortement enracinée dans la rébellion, il n’est pas surprenant que sous BOZIZE, les rébellions ont proliféré comme jamais avant lui en RCA, engendrant une insécurité généralisée sur l’ensemble du territoire national, ce qui hypothèque l’intégrité même de la République Centrafricaine.

Cette situation a envoyé sur le chemin de l’exil de milliers de compatriotes, pendant que plusieurs centaines d’autres ont trouvé refuge en brousse jusqu’à ce jour.

La dissémination d’armes de guerre et la perspective de leur ramassage sans cesse repoussée du fait des détournements des fonds qui leur sont consacrés – y compris par votre Institution - ont ôté pour longtemps à notre pays la paix et la sécurité. Quand au développement, il est tout simplement repoussé aux calendes grecques.

Aujourd’hui, BOZIZE et tous ses soutiens, directs et indirects, portent une lourde responsabilité dans la dégradation de la situation actuelle du pays et les graves crises multiformes qu’il traverse et qui le classe après la Somalie. C’est une insulte et une humiliation qu’aucun patriote centrafricain ne saurait tolérer.

Le Peuple centrafricain, marqué dans sa conscience collective par ce forfait, se réserve le droit de rouvrir le dossier à tout moment afin que les responsabilités des uns et des autres soient établies et que les auteurs de ce coup de force soient poursuivis et punis conformément à la loi.

La CEMAC et ses principaux animateurs, à l’instar de sa consœur d’Afrique de l’Ouest la CEDEAO, seraient bien inspirés de prendre des positions et des décisions pertinentes allant dans le sens des intérêts des peuples de cette communauté économique régionale, volontairement maintenue à la traîne par la seule volonté des partisans de l’immobilisme qui la dirigent, comme le confirme entre autres, le scandale actuel à la Présidence de sa commission et les malversations commises dans une de ses institutions spécialisées, la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) restées impunies jusqu’à ce jour.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre haute considération.

 

Fait à Bangui, le 18 Avril 2012

Pour le Bureau Politique du MLPC

 

Le Premier Vice Président

G.J.E. KOYAMBOUNOU

 


Ampliation

-          Bureau de l’UA en Centrafrique

-          BINUCA

-          UE

-          Chancelleries

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