8 novembre 2009
Félicité Ngadja, camer.be
Félix Moumié, un des leaders de l’Union des populations du Cameroun (UPC), déjeune au restaurant aux plats d'or sis au n°44 de la rue des Paquis à Genève avec William Bechtel, un pseudo-journaliste. Quelques heures après, il décède dans une clinique. Empoisonnement au thallium, . 59 ans plus tard, ce crime n'a toujours pas été puni. La justice genevoise connaissait l’ assassin : William Bechtel, agent réserviste des services secrets français. Ce dernier sera arrêté en 1975 avant de bénéficier d’un non - lieu. La Suisse n'a pas bougé, sous pression de la France qui redoutait que la " sale guerre " qu'elle menait au Cameroun ne soit mise à jour.
Pendant les années de braise des " crimes de guerre " ont été commis au Cameroun sans que l'opinion publique ne soit alertée. Plusieurs milliers de personnes auraient ainsi été déportées, torturées et exécutées. Au-delà du meurtre de Félix Moumié, c’est l’histoire des leaders indépendantistes qui est remise à jour.
59 ans après, le combat de Félix Moumiè reste d'actualité. Moumié, Um Nyobé,Ossendé,Ernest Ouandié, et les autres ne sont pas morts pour rien. Tout reste encore à faire et ce combat ne s'arrêtera qu'une fois libéré.
Les différents pouvoirs qui se sont succédés au Cameroun ont tout fait pour imposer leur manière de rendre hommage aux différents héros qui ont œuvré à la construction inachevée de notre pays à couleurs de caméléon et n’ont pensé à ces derniers qu’en un seul jour, tout en les reléguant dans les oubliettes de l’histoire.
Les grandes nations, les grands peuples, les grands Etats, n'ont aucun sens sans leurs mémoires historiques. Un peuple sans histoire est une pure aberration, voire un pseudos peuple. En septembre dernier, c’était le cas Ruben Um Nyobé. Il n’y a pas eu au Cameroun de commémoration officielle pour marquer le cinquantenaire de la mort de Ruben Um Nyobè, nationaliste de la période coloniale quasiment ignoré, voire oublié. Tué par l’armée française le 13 septembre 1958, Um Nyobè est pourtant "la plus grande personnalité politique qu’a connue le Cameroun depuis les années 50", selon le politologue Fred Eboko.
Que dire de Rudolf Douala Manga Bell qui fut parmi les hommes les plus illustres du Cameroun à son époque ? L’histoire nous apprend qu’il s'était opposé à la main mise allemande sur la ville de Douala. Il est mort pendu le 7 août 1913 à Douala.
Un autre martyr, Martin Paul Samba fut exécuté le 08 août 1914 par les allemands à Ebolowa sans oublier, Ossendé Afana, Abel Kingué et… d’autres héros nationaux morts ou assassinés en exil. Tous sont rangés aux oubliettes de l’histoire.
Depuis les temps anciens, la mémoire historique des héros nationaux a toujours été une préoccupation de tous les Etats et d'un peuple qui se respecte. La mémoire d'un peuple n'est en réalité qu'une véritable entreprise d'exaltation de toutes les grandes figures et de tous les événements qui ont marqué de leur pierre de touche à la construction de sa société dans le temps.
Le 59e anniversaire de la mort de notre héro Félix Moumié le 3 novembre 1960 à Genève vient nous rappeler tristement que la mémoire de nos héros est oubliée par nos dirigeants, d'où la question de la semaine:
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