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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 13:24

7 novembre 2009
Ahmat Zéïdane Bichara
Prix lorenzo Natali/Regards d'Africains de France

 

Pourquoi le président tchadien Idriss Deby agit-il comme un riche Nigérian, qui distribue, au hasard, des billets de banques à des démunis ne sachant plus à quel saint se vouer ? Quelle mouche l'a piqué lorsque, lors de son dernier passage à Paris à l'invitation de son maître Sarkozy, il s'est senti obligé de distribuer à la communauté tchadienne de Paris, sans aucune discrimination, un gros paquet de billets dont on ignore le montant exact. 

Certains disent que cet argent devra être partagé entre toutes les associations de la diaspora, éparpillées aux quatre coins de France. Sans entrer dans les détails, il faut savoir que ce n'est pas la première fois que le chef de l'Etat tchadien remet une somme colossale aux Tchadiens de Paris, sans connaître la façon dont cet argent sera utilisé.  Ce qui est critiquable, en effet, ce n'est pas le don lui-même, mais cette façon qu'a le président d'arroser ses compatriotes sans but précis,  comme si tous les biens du pays lui appartenaient, l'autorisant à en disposer comme bon lui semble.  

Y a-t-il urgence à donner une grosse somme à la diaspora tchadienne de Paris, ou d'ailleurs, quand on sait que ce sont ceux qui sont restés au pays qui ont besoin d'aide ? A N'Djaména et dans l'ensemble des villes du territoire, la population démunie de tout meurt de faim, et de toutes les maladies qu'entraîne une alimentation insuffisante et de mauvaise qualité. Les Tchadiens, il faut le répéter, sont plus pauvres que tous les pauvres d'Afrique et de la planète Terre. Même si on vit en France, il suffit, dans certains aéroports de Paris ou de Toulouse, de regarder des Tchadiens qui débarquent, le plus souvent via la Libye, pour tout comprendre : leur peau est sèche et leurs lèvres décolorées par les privations. Quant à leurs yeux, n'en parlons pas, ils brillent comme ceux d'un chat qui aurait passé des jours sans boire, ni manger. Et les premiers mots qui sortent de leurs bouches n'évoquent  que de la faim et le manque d'eau potable au pays. 

Certains disent clairement qu'ils arrivent de l'enfer. D'autres, plus courageux, arrivent quand-même à établir une comparaison entre le régime de Deby et celui d'Hissen Habré, dans leurs différentes façons de gérer les biens du pays. Tous sont unanimes :  « sauvons le Tchad et les Tchadiens du régime de Deby, sinon ils périront comme des chenilles.» Alors que l'ethnie du président ne sait plus que faire de ses richesses, accumulées malhonnêtement sur le dos des innocents. On peut parler sans exagération du pillage de biens appartenant à tous les fils et à toutes les filles du Tchad. Même la sœur aînée d'Idriss Déby s'est mise à la contrebande, en important frauduleusement toutes sortes d'articles commerciaux de Kousseri, la ville frontière du Cameroun, avec une quarantaine d'hommes sous ses ordres ! Son frère est parfaitement au courant, mais il laisse faire. 

En fait, tout vient de lui, car l'exemple vient d'en haut. Le président du Tchad dispose de tous les pouvoirs pour mettre fin à  ce désordre, mais malheureusement, quand on a grandi dans le désordre, on a oublié ce qu'est la sécurité des biens et des personnes. Tout ce qui compte pour lui, ce sont ses proches parents, son pouvoir, ses enfants et se(nombreuses) épouses. Le peuple tchadien mérite-t-il un sort pareil ? Difficile de répondre, car bien des choses peuvent nous amener à penser que certains Tchadiens sont eux--aussi largement coupables, et même contents de voir les pauvres souffrir de tout. Nous reviendrons plus longuement sur ce sujet-là.

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