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14 novembre 2009 6 14 /11 /novembre /2009 20:48

Abdou Zouré
Le Pays



Médias africains, le retour de la chape de plomb?

Pendant que la liberté de la presse est célébrée dans les rues de Ouagadougou à travers la 3e édition du Festival international de la liberté d’expression et de la presse, le constat est tout autre et devient de plus en plus inquiétant dans le paysage médiatique africain. Du Togo au Bénin, en passant par la Côte d’Ivoire et le Gabon, les fermetures d’organes de presse se font à tour de bras.


Faut-il craindre le retour des baillons de la voix des sans voix ? N’y a-t-il pas d’autres alternatives que la mise sous scellés des médias ? Certes, l’on reconnait que le manque d’éthique et de déontologie est souvent l’apanage de bien des organes de presse, conduisant à des dérives fort regrettables qui écornent sérieusement l’image de la corporation. Mais au-delà de tout cela, il faut admettre que la plupart des organes de presse africains sont des embryons encore en pleine formation. Ordonner aujourd’hui la fermeture, même temporaire, d’un média en Afrique, c’est l’envoyer sans sursis au cimetière. En effet, les entreprises de presse, de façon générale, ont du mal à joindre les deux bouts. Et si l’on connait la situation précaire des pays africains, qui poussent de grands ahanements essoufflés sur la pente du développement, on n’aura aucune peine à imaginer le sort de ses entreprises de presse. Dans la même logique, l’on constate également que ce n’est qu’en Afrique que l’on boucle aussi facilement les portes des médias. Signe qu’il reste quelque part un fond de répression de la presse qui passe à présent par les institutions de régulation et non directement par l’exécutif. En somme, le combat pour une presse libre et sans baillon n’est pas encore totalement gagné.

Une fois de plus, l’on admet qu’il y a certes, des brebis galeuses qui quittent le gros du troupeau pour cheminer à travers les champs du désordre et de la violation des législations. Mais encore une fois, il faut appliquer des coups de bâtons pédagogiques sur lesdites brebis et non des coups de canons qui vont les exterminer, car chaque brebis a son importance dans le troupeau. Ce qui veut dire alors qu’il faut trouver une alternative aux fermetures et suspensions systématiques des médias. Ces fermetures devraient être des sanctions particulièrement extrêmes pour des fautes extraordinairement graves.

Par exemple, l’on pourrait instituer un système de punition allant du simple avertissement au blâme en passant par les mises en demeure et les amendes. Et ces amendes pourraient être imputées sur la subvention accordée aux médias incriminés.

Autrement, les fermetures brutales, systématiques et intempestives ne peuvent que faire penser à une volonté d’empiéter sur la liberté d’expression et de la presse. De tout cela, il faut garder à l’esprit qu’il n’est pas question d’impunité des délits de presse, mais qu’il est important d’instaurer une collaboration pédagogique, dénuée de toute idée de répression, entre la presse et les institutions chargées de la réguler.

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