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15 septembre 2011 4 15 /09 /septembre /2011 19:31

15 septembre 2011
Juliette Abandokwe

 

 

Le procès de la légitimité ou non de la présence d’Alassane Dramane Ouattara à la tête de l’Etat ivoirien, ainsi qu’à son tour la légitimité ou non de la brutale désactivation de Laurent Gbagbo par l’armée française & co, fera sans aucun doute encore couler beaucoup d’encre. Néanmoins certains éléments méritent d’être rappelés pour tenter d’alimenter une réflexion à vocation évolutive sur un plan panafricain.

 

http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcSLTbh1Cswqqn7AXlhaYxyCTpdZe-yAOe6W5UtilRNEOIoH0SULYQCeux qui maintiennent jusqu’à aujourd’hui qu’Alassane Ouattara n’est pas un « usurpateur », ont des raisons diverses. Outre les considérations purement ethniques, donc pas très constructives sur le plan politique, certains invoquent notamment des preuves dans le passé de bonne gestion économique. Objectivement, ce genre d’argument mérite d’être approfondi et devrait être entendu et respecté si avéré. Car il s’agit bien d’une vérité universelle que de dire que l’Afrique souffre plus que jamais aujourd’hui d’une gestion abyssalement opaque, et de ce fait profondément destructive pour un continent qui ressemble de plus en plus à un champ de ruines fumantes. Néanmoins, un argument de bonne gestion, quelque soit son poids, ne peut pas être isolé du tableau circonstanciel dont il fera toujours naturellement partie.

 

C’est ainsi que, dans le cadre d’une profonde fracture dans le paysage sociopolitique de la Côte d’Ivoire, dès le 14 septembre dernier, à l’annonce du Prix Houphouët Boigny décerné à ADO par l’UNESCO,  certains manifestent leur désapprobation qualifiant la démarche de provocation, tandis que d’autres réagissent en traitant les premiers de fanatiques.

 

Pourtant, l’exclamation des premiers se fonde sur des éléments mûris au cours des derniers douze mois, dans l’observation de la situation particulière de la Côte d’Ivoire, et générale du continent africain depuis cinquante ans.

 

D'abord, de questionner la légitimité d’Alassane Ouattara, et de suspecter qu’il soit arrivé au pouvoir à travers d’autre procédés que le simple verdict des urnes, en mettant en doute des résultats dont la vérification demandée n'a pas été faite, n'est pas une preuve de fanatisme.

 

Ensuite, de désapprouver la décision de donner un prix qui se veut prestigieux, à un chef dont le problème de légitimité posé, non seulement par Gbagbo, mais par une masse non-négligeable d’Africains, n’est pas résolu à ce jour, n'est pas du fanatisme non plus.

 

De surcroît, la manifestation publique d'une désapprobation est un droit fondamental dans un pays démocratique. La qualifier de preuve de fanatisme constitue un acte de mépris, qui caractérise d’ailleurs ceux qui cherchent à prendre ou à garder le pouvoir en écrasant les contestataires quelque soit leur masse, dans l’ignorance totale des droits fondamentaux de la personne.

 

Usurpateur ou non, selon les nombreux témoignages ainsi que les différents rapports d'experts sur le terrain, Ouattara ne maitrise pas, et n’a d’ailleurs jamais maîtrisé, la brutalité de ses troupes. Néanmoins, de par sa responsabilité suprême, il est tenu de rendre compte personnellement, au minimum à la communauté qui l’a « librement et démocratiquement » élu, des diverses exactions arbitraires commises par ses employés, avant d’aller récolter en grande pompe, les récompenses fabriquées sur mesure par le mécanisme néocolonial en vigueur.

 

En fin de compte, par cette décision, l’UNESCO rappelle et confirme publiquement à titre posthume le lien partisan d’Houphouët Boigny avec la Françafrique en tant qu’homme de la France en Afrique, à travers l’instauration francophile d’un pouvoir personnel dont les abus sont répertoriés dans l’histoire de l’Humanité. Houphouët est l’incarnation d’un pouvoir fondamentalement non-démocratique, qui a été maintenu par la terreur de ses milices.http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcS0XUcDwpFcrnYYGvV5nYVGquezlDaJwoJ2muS1Tc29hGyo9-W0aA

 

En tant qu’illustre garant des intérêts français en Côte d’Ivoire et en Afrique, sa persécution il y a 40 ans d’un Gbagbo jugé subversif, prouve accessoirement à quel point l’UNESCO, censé promouvoir l’autonomisation des jeunes par l’éducation, en décernant ce prix à Ouattara, se décrédibilise aux yeux de nombreux humanistes et progressistes africains, en affichant un soutien inconditionnel à la politique de colonisation/recolonisation de la France en Afrique. Ce prix décerné à Ouattara, même s’il lui va bien paradoxalement, est bel et bien une provocation, et pour beaucoup même une insulte, envers les efforts, aussi hétéroclites et désorganisés soient-ils, de quête d’émancipation du peuple Africain. Il est avant tout un affront envers le peuple Ivoirien.

 

En ce qui concerne la réconciliation que demande désespérément la situation aujourd’hui profondément fracturée en Côte d’Ivoire, nous assistons malheureusement au bien médiocre effort de réhabilitation d’un homme, dont on ne cherche qu’à redorer le blason de « chef d’Etat ». Il ne s’agit que d’une simple façade justificative, érigée par ceux-là même qui, par la force, ont réussi à repositionner leur pion sur l’échiquier stratégique de leurs intérêts économiques africains.

 

Les graves problèmes éthiques qui entourent le pouvoir d’Alassane Ouattara aujourd’hui, ne pourront être masqués par des couronnes de lauriers, quelque soient leur parfum enjôleur. La mince couche de plâtre de la tentative de devanture s’effritera à la première occasion.

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commentaires

A
<br /> C'est en tout cas aller vite en besogne que de décerner ce prix à ADO ! Lequel justement n'est pas exempt de toute responsabilité dans la crise socio-politique en Côte d'Ivoire.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Un euphémisme.......!<br /> <br /> <br /> <br />

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