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30 septembre 2013 1 30 /09 /septembre /2013 00:28

15 septembre 2013
Source: La Voix du Peuple


Le drame du 4 mars 2012, une énième machination politique 

Cet éclairage est un devoir moral et il était nécessaire de le faire ne serait-ce que pour honorer la mémoire des milliers de victimes qui sont décédées dans ce drame. Les Congolais avaient soif de vérité et ils voulaient savoir la vérité au terme de ce procès, malheureusement, au terme des 25 jours de débats à la barre, ils sont toujours assoiffés de vérité. 

En effet, force est aujourd’hui de reconnaître que finalement les explosions du 04 mars 2012 qui ont endeuillé et meurtri profondément le pays ; cette affaire dite du 04 mars 2012 qui a fait couler tant d’encre et de salives, et que les tenants du pouvoir ont présenté comme « l’affaire du siècle », « le complot du siècle » portant atteinte à la sûreté nationale de l’Etat, était tout autre chose que ce que les grands manœuvriers de la communauté des renseignements dévouée au service de Denis SASSOU NGUESSO et son régime de fer, ces machinateurs, voulaient faire admettre à nos malheureuses populations pour calmer leur soif de vérité et de réparation. 

Des innocents ont été accusés et présentés à la barre et qualifiés de criminels ultra-dangereux, sans foi ni loi, qui n’auraient pas hésités à attenter à la vie et la quiétude de milliers de Brazzavillois pour assouvir leur soif de pouvoir et d’argent. 

Cette affaire, devrait-on dire, n’était en réalité qu’une vaste et grossière machination politique, ourdie par la bande de sécurocrates zélés au service de la dictature, agissant dans le mépris total des textes qui organisent notre pays, contre de paisibles citoyens, et notamment contre l’un des leurs devenu subitement indésirable, en l’occurrence, le colonel NTSOUROU Marcel. 

Commençons par le commencement.

 

Que s’est-il passé exactement ce dimanche 04 mars 2012 ?

Quelles sont les causes réelles de l’explosion de l’ECRRRAMU (Etablissement central des rechanges, des réparations, des réserves en armements et munitions) ?

Le défilé à la barre des prétendus auteurs et des différents témoins n’a pas permis d’établir les causes réelles de l’incendie, disons les choses clairement, faute d’enquête correctement diligentée par la fameuse commission qui avait été mise en place à cet effet. 

Mais les différentes auditions des accusés et des témoins à la barre ont permis cependant de constater des dysfonctionnements flagrants dans le système de conservation et d’entreposage dans la caserne de l’ECRRRAMU de matériels militaires et d’explosifs appartenant à des entreprises privées propriétés des proches du pouvoir. 

L’arrêt de renvoi rendu en date du 11 juin 2013 relève à l’encontre des principaux accusés qui sont : le colonel NTSOUROU Marcel, le Caporal-chef NTSOUMOU NGOBA Charly, le Lieutenant OKANA Benjamin, le Sergent OKANA Roland, le Commandant PIKINDZA Destin Noé, le Sergent-chef BOUANDZOBO Abdoul et Monsieur PANKIMA Jean Bosco, les faits qui seraient constitutifs d’infractions suivantes :

  • Que le jour du drame la garde avait été totalement désorganisée ; le Sergent-chef NGOUOLALI MISSIE Alvarez Georginos s’est érigé en Officier de permanence, se permettant d’accorder des permissions d’absence... 
  • Que le Sergent-chef BOUANDZOBO Abdoul Yorgen, les Sergents YENGOLO Bréchère Macaire et NTSOUMOU NGOBA Charly Fortuné, et les Caporaux-chef SOUANA André et ISSANGOU MAMPASSI Dimitri Gédeon, après s’être aperçus que le Caporal-chef KAKOM KOUACK Blood avait mis le feu au magasin d’armes, n’ont pu rien entreprendre pour éteindre le feu encore à ses débuts ; 
  • Qu’à l’issue de cet incendie et même bien avant, quelques comportements pour le moins suspects ont été observés de la part de certains officiers supérieurs, notamment les Colonels NTSOUROU Marcel, SAHOUSS André Joseph, ICKONGA ACKINDOU Germain notamment, qui ont posé des actes contraires à la réglementation militaire et ce, sans l’aval de la hiérarchie militaire ; 
  • Que le Colonel NTSOUROU Marcel, par exemple, s’est permis de se faire établir et délivrer discrètement et officieusement, à l’insu de sa hiérarchie, par le Commandant PIKINDZA MANDALI Destin Noé l’état récapitulatif sur l’armement du Régiment Blindé, et détenait dans ses domiciles du Plateau des 15 ans et de fonction au centre ville, Allée du Chaillu non loin de la Maison d’Arrêt, un arsenal impressionnant d’armes de guerre y compris des fusils à lunette et autre pistolet à cyanure aux munitions létales, il suffit d’être touché, peu importe la blessure pour irrémédiablement trouver la mort ; en outre , de la fausse monnaie a été trouvée au domicile privé du colonel NTSOUROU Marcel, il lui est aussi reproché, entre autre, le fait d’avoir commandité l’arrestation, détention et séquestration arbitraire ainsi que la battue du nommé NGAMI Kévin Simplice par ses éléments de garde ; 
  • Que l’attitude du Colonel NTSOUROU Marcel observée avant et après les évènements du 4 mars 2012 laisse interrogateur et prouve que malgré ses dénégations, il est le donneur d’ordre, le commanditaire de l’incendie ; 
  • Que la veille du sinistre de Mpila, le Colonel NTSOUROU Marcel a organisé une curieuse cérémonie d’anniversaire, alors qu’il n’est pas né le 03 mars mais plutôt un 28 Février, cérémonie au cours de laquelle, devant un parterre d’invités, essentiellement de sa tribu, il a tenu des propos pour le moins énigmatiques : «  la peur a ses limites, il faut vaincre les peurs », à ceci s’ajoute - le fait que le lendemain du drame Marcel NTSOUROU s’est rendu, sans en informé sa hiérarchie, au lieu des explosions et dans les hôpitaux où se trouvaient les blessés, ainsi qu’à la morgue du CHU où étaient entassées les personnes décédées, - le fait également qu’auparavant il s’était fait officieusement et sous le manteau remettre par le commandant PIKINDZA MANDALI Destin Noé un état des engins, armements et munitions du Régiment Blindé, à l’insu du chef de corps du régiment Blindé et de la hiérarchie, alors dans quel but ? – le fait aussi que des dépôts d’armes et munitions de divers calibres ont été découverts et saisis aux domiciles du colonel NTSOUROU Marcel sis à Batignolles ; 
  • Qu’autant d’indices, réunis en faisceau, laissent transparaître quelques velléités subversives, non détachables de l’incendie alors projeté de l’ECRRRAMU à Mpila ; 
  • Qu’en contemplation de ce qui précède, il y a lieu de retenir les inculpés NTSOUROU Marcel et NGOUOLALI MISSIE Alvarez Georginos dans les liens de la prévention du chef de complicité d’incendie volontaire… 

Le crime d’atteinte à la sûreté de l’Etat reproché aux accusés NTSOUROU Marcel, NTSOUMOU NGOBA Charly Fortuné, MPANKIMA Jean Bosco, OKANA BENJAMIN, PIKINDZA MANDALI Destin Noé et OKANA Roland est décrit dans l’arrêt de renvoi comme étant constitué par les faits suivants :

  • Considérant qu’il résulte des dispositions des articles 75 et suivants du Code pénal qu’est coupable de trahison et puni de mort tout congolais qui portera des armes contre le Congo, qui détruira ou détériora volontairement un navire, un appareil de navigation aérienne, un matériel, une fourniture, une construction ou une installation susceptible d’être employée pour la défense nationale, ou pratiquera sciemment, soit avant, soit après leur achèvement, des malfaçons de nature à les empêcher de fonctionner ou à provoquer un accident ; 
  • Que sera coupable d’atteinte à la sûreté extérieur de l’Etat et puni des peines portées à l’article 83, tout congolais qui dans un but autre que celui de le livrer à une puissance étrangère ou à ses agents, s’assurera par quelque moyen que ce soit, la possession d’un secret de la défense nationale, ou le portera sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, à la connaissance du public ou d’une personne non qualifiée, qui par imprudence, négligence ou inobservation des règlements, laissera détruire, soustraire ou enlever, en tout ou en partie, et même momentanément, des objets, matériels, documents ou renseignements qui lui étaient confiés et dont la connaissance pourrait conduire à la découverte d’un secret de la défense nationale ou laissera prendre, même en partie, connaissance, copie ou reproduction ; 
  • Que sont réputés secrets de la défense nationale : les renseignements d’ordre militaire, diplomatique, économique ou industriel qui par leur nature, ne doivent être connus que des personnes qualifiées pour les détenir et doivent dans l’intérêt de la défense nationale, être tenus secret à l’égard de toute autre personne ; les objets, matériels, écrits, dessins, plan, cartes, levées, photographies ou autres reproductions et tous autres documents quelconques qui par leur nature ne doivent être connus que des personnes qualifiées pour les manier ou les détenir et doivent être tenus secrets à l’égard de tout autre personne comme pouvant conduire à la découverte de renseignements des catégories précitées ; les informations militaires de toute nature, non rendues publiques par le gouvernement et non comprises dans les énumérations ci-dessus, dont la reproduction aura été interdite par une loi ou un décret en Conseil des ministres ; 
  • Considérant qu’en l’espèce, il ressort du dossier que l’attitude de l’inculpé NTSOUROU Marcel, observée avant et après les évènements du 4 mars 2012 prouve malgré ses dénégations qu’ensemble et de concert avec ses hommes de main notamment NTSOUMOU NGOBA Charly Fortuné, MPANKIMA Jean Bosco, OKANA Benjamin, PIKINDZA MANDALI Destin Noé, OKANA Roland et bien d’autres, qu’il a attenté à la sûreté de l’Etat Congolais ; 
  • Que la veille du sinistre de Mpila, il a organisé une cérémonie d’anniversaire au cours de laquelle, devant plusieurs invités, pour la plupart de sa tribu, il a déclaré : « la peur a ses limites, il faut vaincre les peurs » et les 5 et 6 mars 2012, sans l’avis de sa hiérarchie, il s’est rendu sur les lieux du sinistre, a visité le centre Hospitalier universitaire (CHU) et la morgue municipale de Brazzaville, alors que cela était du ressort des autorités politiques et administratives (donner des contre exemple) ; 
  • Que les perquisitions effectuées par les officiers de police judiciaire dans ses domiciles sis au 2061, Rue BANGOU, plateau des 15 ans et sur l’allée du Chaillu, non loin de la maison d’arrêt central de Brazzaville ont permis la saisie de plus d’une centaine d’armes de guerre et des munitions de tout calibre, des billets de banque contrefaits, un état récapitulatif des armements, munitions, optiques et accessoires du 1er Régiment Blindé, document pourtant de nature secret défense, mais à lui remis frauduleusement par son homme de main le commandant PKINDZA MANDALI Destin Noé ; 
  • Que les écrits du genre : « le temps passe, les évènements se précipitent tous favorables à la rupture et par conséquent nous oblige à lui apporter les éléments nécessaires à son succès » à lui adressé par son autre homme de main le nommé MPANKIMA Jean Bosco ne laisse point de doute sur l’éventualité d’un coup de force en préparation avec le concours des autres NTSOUMOU NGOBA Charly Fortuné, OKANA Benjamin, OKANA Roland et bien d’autres ; 

Quant au délit d’homicide et blessures involontaires reprochés à BOUANDZOBO Abdoul et NTSOUMOU NGOBA Charly Fortuné, il est décrit comme suit dans l’arrêt de renvoi :

  • Considérant qu’en l’espèce il ressort des éléments du dossier que BOUANDZOBO Abdoul Yorgen et NTSOUMOU NGOBA Charly Fortuné ont à des degrés divers failli à leur responsabilité, soit par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou inobservation des règlements ; 
  • Que les inculpés BOUANDZOBO Abdoul Yorgen, NTSOUMOU NGOBA Charly Fortuné, de service le dimanche 4 mars 2012 et sensés attendre la relève à leur poste, ont cependant pour certains abandonné leur poste de service de garde dès 7 h ; 
  • Que YENGOLO Bréchère Macaire, NTSOUMOU NGOBA Charly Fortuné et SOUANA André, resté à leur poste n’ont pu faire attention à ce que portait KAKOM KOUACK Blood au retour de ce dernier dans la caserne, une bouteille ou un bidon d’essence, un sachet de charbon qu’il devait allumer pour réchauffer sa nourriture et qui a servi à d’autres fins, toujours est-il que tous ceux qui se trouvaient à l’ECRRRAMU au moment où KAKOM KOUACK Blood avait mis du feu au magasin contenant notamment des charges de SPG9 n’ont entrepris aucune action pour éteindre le feu au magasin, alors qu’ils pouvaient par exemple à défaut d’extincteur, se servir du sable pour éteindre le feu encore naissant ; 
  • Qu’en s’absentant de leur poste de service pour certains, tôt le matin, alors que la relève n’était pas encore faite, en se contentant de prendre la fuite, les militaires  dont s’agit les nommés  OBA Rodrigue, SOUANA André, GANA julien Aymard, ISSANGOU MAMPASSI Dimitri Gédéon, BOUANDZOBO Abdoul Yorgen, YENGOLO Bréchère Macaire, NTSOUMOU NGOBA Charly Fortuné, MIERE Raymond, MAFOUA Gladys, NGOUOLALI MISSIE Alvarez Georginos ont manqué à leur devoir « La Patrie ou la Mort »  et de ce fait par leur maladresse, négligence, inobservation des règlements, ils ont involontairement causé la mort de plusieurs personnes ». 

Sur le fondement de cet arrêt de renvoi,

  • le Colonel NTSOUROU Marcel est accusé de : 

° Complicité d’incendie volontaire,

° Complicité d’assassinat,

° Complicité de dommage à la propriété immobilière d’autrui,

° Complicité de coups et blessures volontaires,

° Contrefaçon de billets de banque,

° Détention illégale d’armes de

° Complicité d’arrestation, détention et séquestration arbitraire,

° Atteinte à la sûreté de l’Etat,


- Le Sergent-chef BOUANDZOBO Abdoul Yorgen est accusé de homicide et blessures involontaires ; 

- Le Sergent NTSOUMOU NGOBA Charlie est accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat et Homicide et blessures involontaires ; 

- Monsieur MPANKIMA Jean Bosco est accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat ; 

- Le Lieutenant OKANA Benjamin est accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat ; 

- Le Commandant MPIKINDZA MANDALI Destin Noé est accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat ; 

- Le Sergent OKANA Roland est accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat ; 

Mais avant de poursuivre, il convient de faire une petite présentation de ces personnes qui sont accusées d’être les auteurs des faits aussi graves. 

Les Congolais ont découvert BOUANDZOBO Abdoul Yorgen à qui il est reproché le fait d’avoir enfreint le règlement militaire en son article 5 qui prescrit l’obligation d’assurer la sécurité des casernes militaires.

Militaire de la classe 1996, BOUANDZOBO Abdoul Yorgen est né le 16 juin 1979 à Brazzaville, son père est décédé et sa mère a élevé seule ses cinq enfants. Il vit en concubinage et est père de trois enfants : YOURMA (15 ans), MISCHKA (8ans) et Ruth (6ans) qui n’ont plus vu leur père depuis le samedi 31 mars 2012, date de son interpellation. En effet depuis le 31 mars 2012, il a été interpellé par la Direction Générale de la Surveillance du Territoire (DGST) et mis au secret pendant plus d’un mois,  il n’avait droit à aucune visite ni même celle de ses parents. Même pour aller aux toilettes, il était escorté par un policier armé. 

Courant avril, un Adjudant de la DGST nommé OYENGUE Léon est venu le chercher en même temps que le Caporal Chef GANA. Il a été conduit au GASP où des instructions ont été données pour qu’il soit torturé. Il dormait à même le sol mouillé exprès. Il est resté au GASP pendant deux semaines et demie. Le sergent Chef NGOUOLALI s’y trouvait 12 Jours avant lui. 

Toutes ses souffrances lui ont été infligées parce que les journées des 3 et 4 mars 2012, il était l’officier de permanence Adjoint. Le matin du 4 mars après avoir effectué la ronde de la caserne, constatant que le Caporal-chef ISSANGOU était resté seul pour assurer la garde, il était resté à ses côtés pour l’assister, dans l’attente de la rediffusion à la télévision du match de la veille et de la passation des consignes avec l’équipe montante ; 

Il s’était levé pour se diriger vers la permanence, quand, arrivé à l’angle du bâtiment administratif qui abritait la permanence il constate qu’en face de lui il y’avait un grand feu qui sortait du bâtiment où habitait le Caporal-chef KAKOM. Ce bâtiment comprenait des magasins qui abritaient des munitions, des explosifs, des détonateurs, des pains de TNT et des sacs de nitrates d’ammonium. Effrayé par ce grand feu qui atteignait déjà la toiture du bâtiment, il a fait un demi-tour, l’officier de permanence le Sergent-chef NGOUOLALI et le Sergent MANANA le suivaient vers la sortie. Arrivé devant le portail, il a essayé d’appeler les sapeurs pompiers et d’avertir le Chef de Corps (le Colonel INGANI), mais avant d’avoir pu téléphoner,  il y a eu la première explosion. 

Il a été projeté jusque dans un caniveau devant le foyer du matériel, grièvement blessé, il a réussi à se relever pour aller vers le rond point EBINA en compagnie du Sergent NTSOUMOU NGOBA lui aussi grièvement blessé  et aveuglé. En cours de route, il a rencontré l’Adjudant OKEMBA qui lui demandait ce qui s’était passé, constatant qu’il était ensanglanté et aphone, l’Adjudant OKEMBA a arrêté un bus pour en faire descendre les passagers afin que BOUANDZOBO et NTSOUMOU NGOBA soient emmenés à l’hôpital le plus proche, c’est-à-dire l’hôpital de Talangaï. 

Mais arrivé au niveau du marché de Dragages, il y a eu la deuxième explosion et leur bus a été projeté de l’autre côté de la rue. C’était le sauve qui peut général. 

Sans bien comprendre comment, il s’est retrouvé sur l’avenue BOUETA MBONGO vers la palmeraie MBEMBA et c’est un véhicule appartenant à une société de sécurité privée qui l’a déposé à l’hôpital militaire.

Cette même après midi il a reçu la visite de son chef à l’hôpital. 

Ce récit qui a été confirmé par tous les accusés qui sont passés à la barre montre bien l’absence d’éléments constitutifs du délit d’homicide et blessures involontaires qui pourraient être requis à son encontre car, comme cela a été démontré, ce matin du 4 mars aux environs de 6h BOUANDZOBO avait effectué la ronde de la caserne, qu’il n’avait accordé aucune permission d’absence à quiconque puisque lorsque MIERE vient demander une permission d’absence, il le renvoie vers l’officier de permanence NGOUOLALI pour que ce dernier prenne ses responsabilités en refusant de lui accorder une permission, que constatant qu’il y avait des absents au niveau de la garde, il était venu assurer la garde aux cotés de ISSANGOU. 

A l’encontre des accusés, ce délit serait constitué par l’inobservation des règlements, ce qui suppose que la conduite du Sergent-chef BOUANDZOBO serait contraire au règlement militaire. 

Or devant la barre, le colonel INGANI Frédéric, chef de corps de l’ECRRRAMU a lui-même déclaré que la consigne donnée aux militaires en cas d’incendie était :

  • Premièrement d’informer le service général pour recevoir des instructions ; ce qui dans le cas d’espèce avait été fait lorsque NTSOUMOU NGOBA appelé par OKANA Roland l’avait informé de l’incendie et que ce dernier avait appelé le Capitaine OPANDZA. 
  • La deuxième consigne est qu’on peut maîtriser le feu au début de l’incendie, mais lorsque l’incendie devient immaîtrisable le règlement prévoit de quitter les lieux. 

Lorsque BOUANDZOBO aperçoit le feu, les flammes ont déjà dépassé la toiture, c’est dire que le feu était déjà à un stade immaîtrisable, il ne pouvait donc que quitter les lieux conformément au règlement. 

La première et deuxième explosion aux conséquences tragiques lui aura donné raison d’avoir fait ainsi preuve de prudence. 

(...)

Il faut en outre signaler, comme l’a reconnu à la barre le Général DIBIRA Norbert, inspecteur général des Armées au moment des faits, que la caserne de l’ECRRRAMU ne répondait pas aux normes de bâtiments pouvant abriter du matériel militaire et autres explosifs. 

S’agissant des extincteurs dont disposaient l’ECRRRAMU, non seulement ces extincteurs n’étaient pas recommandés pour lutter contre les flammes, mais encore faut-il souligner qu’ils étaient gardés dans le débarras attenant au secrétariat fermé à clés ; ces clés n’étant pas confiées à l’officier de permanence. 

Par ailleurs les militaires de l’ECRRRAMU ne savaient pas manipuler les extincteurs.

Dans de telles conditions, comment peut-on reprocher à BOUANDZOBO le délit d’homicide et blessures involontaires par imprudence ? Pouvait-il faire mieux ?

BOUANDZOBO serait coupable parce qu’il n’est pas intervenu pour éteindre le feu, coupable parce qu’il n a rien fait alors même qu’il ne disposait d’aucun moyen matériel pour agir ?

La culpabilité par abstention est impensable, le droit interdit de condamner pour un délit d’abstention. Par conséquent, BOUANDZOBO Abdoul Yorgen ne peut être déclaré coupable du délit d’homicide et blessures involontaires et doit donc être purement et simplement acquitter parce qu’il ne peut être coupable du délit d’homicide et blessures involontaires, aucun moyen pour lutter contre l’incendie n’a pas été mis à sa disposition et le règlement militaire n’a pas été violé. 

L’autre obligation de sécurité que BOUANDZOBO Abdoul aurait enfreint, et qui lui vaudrait d’être déclaré coupable, serait le fait d’être semble t-il co-responsable de la désorganisation de la garde. Or, nous sommes en matière pénale et la responsabilité pénale est personnelle. 

(...)

Comme chacun peut le voir, BOUANDZOBO n’a pris aucune part à ce que les sécurocrates zélés de la dictature se sont évertués à présenter comme une désorganisation de la garde, et que par ailleurs il n’existe aucun lien de causalité entre les explosions qui ont eu lieu le dimanche 04 mars 2012 à l’ECRRRAMU et cette supposée désorganisation de la garde.

BOUANDZOBO ne peut pas et ne doit pas servir de bouc-émissaire. Il doit être acquitté purement et simplement.    

Les Congolais ont également découvert NTSOUMOU NGOBA Charly Fortuné. Né en 1977 à Kébara (non loin du district de Lékana dans la région des Plateaux), il est Sergent de la classe 1998. Il évolue à l’ECRRRAMU où il exerce les fonctions de cuisinier, il est ce que l’on appelle le chargé de l’ordinaire, et vit en concubinage et père de quatre filles âgées de 13 ans à 14 mois, la dernière étant née courant 2O12, il n’a toujours pas eu l’occasion de la prendre dans ses bras depuis sa naissance. 

Le 04 mars 2012, NTSOUMOU NGOBA est arrivé à l’ECRRRAMU aux environs de 8h10mn. A l’entrée de la caserne, il a rencontré le Sergent SOUANA qui revenait de la caserne de l’Intendance poussant une brouette contenant deux sacs de pains. Il s’est avancé devant le poste de police, vers le conteneur d’azote où se trouvait ISSANGOU qui coiffait MAFOUA, qu’il a chahuté au passage en raison de sa calvitie. 

Devant le poste de télévision se tenait le défunt sergent MANANA venu chercher du pain. Il s’est dirigé ensuite vers la permanence. Il est resté devant le poste de police, quelques instants après MAFOUA est parti vers la pompe d’eau. 

Soudain, le Sergent-chef NGOUOLALI et le Sergent MANANA sont sortis en courant criant au « feu, les gars fuyez, le magasin a pris feu ». Au même moment où ils lui demandaient ce qui se passait, il y a eu un grand bruit, comme un avion qui s’écrasait. 

Tout le monde est sorti en courant sur la grande Avenue. Ils ont tenté d’appeler les chefs. C’est alors que le Sergent OKANA Roland a répondu à son « Call Me » et il lui a demandé d’informer les chefs que la caserne avait pris feu. 

Ce dernier a effectivement appelé le responsable du service général, en la personne du Capitaine OPANDZA, qui a aussitôt informé le chef de corps, le Colonel INGANI de l’incendie déclaré à la caserne. 

Le sergent MANANA ayant décidé de repartir vers la caserne, il était arrivé au niveau du poste de police où il a récupéré son arme et fonçait vers le premier Bâtiment, ISSANGOU, MAFOUA et NTSOUMOU NGOBA s’apprêtaient à le suivre mais arrivés au niveau de la guérite, ils ont entendu l’officier de permanence le Sergent-chef NGOUOLALI leur crier : « les gars revenez, le feu n’est pas un ennemi, si c’était un ennemi on allait tous faire face ». 

C’est alors qu’il y a eu la première explosion qui l’a projeté dans une canalisation, il s’est retrouvé vers l’Eglise Saint-Louis des Français. En marchant à tâtons parce qu’il était aveuglé, il est arrivé devant le portail du Génie où il a croisé le Sergent-chef BOUANDZOBO blessé, qui cherchait de l’aide pour aller à l’hôpital. 

C’est l’Adjudant OKEMBA qui les a secourus en arrêtant un bus pour les emmener à l’hôpital de Talangaï. Quand le bus est arrivé à hauteur du marché de Dragages il y a eu la deuxième explosion qui a provoqué la panique générale.

Arrivé chez lui dans la rue Konda, il a constaté que sa maison s’était effondrée. Il s’est alors rendu chez son ami OKANA Roland dans la rue Bouzala où ses anciens voisins l’ont emmené à l’hôpital militaire. Il y a reçu les premiers soins, à savoir de simples calmants pour ses douleurs et arrêter l’hémorragie ainsi qu’un produit pour ses yeux. On lui a demandé de se représenter le lendemain pour un examen ophtalmologique. 

Il a été ramené dans la rue Bouzala aux environs de 16 heures. 

Le lundi 05 mars il s’est représenté comme prévu à l’hôpital militaire pour un examen ophtalmologique et de la sphère ORL, et on lui a remis un bon de pharmacie. 

Il est resté alité pendant une semaine, n’a commencé à se remettre que vers le 16 mars avant de se rendre au rendez-vous qui lui avait été fixé pour le 19 mars.

(...) 

Effectivement le 19 mars aux environs de 19-20 heures,  NGAMI Kévin s’est présenté au n°1100 rue Bouzala chez OKANA Roland qui logeait NTSOUMOU NGOBA. 

Ayant proposé de lui offrir un pot, ils sont sortis de la parcelle pour aller au bar du coin, Brusquement arrivé au croisement de la rue Bouzala et de l’Avenue, des personnes inconnues armées ont bondi sur lui et l’ont roué de coups. Les jeunes gens du quartier n’ont pas pu intervenir, parce que ses agresseurs criaient qu’il était un braqueur. Il a été emmené au domicile de l’Amiral OKEMBA Jean Dominique dans les conditions indescriptibles. 

Au cours de sa détention à la DGST, il a été interrogé nuitamment de 22h à 03h du matin, cagoulé et menotté comme un dangereux criminel. 

Le 30 mars il a été confronté au Colonel NTSOUROU Marcel qui ne le connaissait pas. 

Le 12 mars, il a été interrogé à l’aide d’un détecteur de mensonge par l’expert canadien Jacques LANDRY, après quoi il a été transféré au GASP à Moukondo, jusqu’au 07 mai 2012.

Il a été tabassé, il dormait à même le sol, mouillé, affamé pendant trois jours, en est tombé gravement malade. Tout cela pour lui faire avouer qu’il avait reçu de l’argent de la part du Colonel NTSOUROU Marcel pour mettre le feu à l’ECRRRAMU. 

Là aussi, toutes les déclarations des accusés et des témoins à la barre ont démontré que toute cette histoire était une sombre machination montée de toutes pièces par ces sécurocrates zélés qui composaient la fameuse commission d’enquête, avec la collaboration très active du Général NDENGUET Jean-François et la complicité de NGAMI Kévin, le propre neveu de NTSOUMOU NGOBA. 

Quant au Sergent OKANA Roland que les Congolais ont également découvert avec cette affaire du 04 mars, il est né le 16 décembre 1980 à LEKANA, il vit en concubinage et, est père de deux enfants. Il est entré dans cette affaire dite du 04 mars par un malencontreux hasard. 

En effet, le  matin du 04 mars 2012, il avait reçu un Call Me de son ami NTSOUMOU NGOBA (le cuisinier chargé de l’ordinaire) qui était en route pour la caserne. Il voulait lui dire qu’il pouvait venir chercher du pain. N’ayant pas prêté attention à cet appel aussitôt, c’est aux environs de 08h15 qu’il a rappelé son ami NTSOUMOU NGOBA pour l’entendre lui dire d’une voix paniquée d’appeler les chefs car la caserne avait pris feu. 

C’est ce qu’il a fait en appelant le Capitaine OPANDZA qui a aussitôt informé le chef de corps Colonel INGANI Frédéric. 

Le 04 mars lorsque les explosions créent la débandade dans la zone nord, il n’a qu’une seule préoccupation celle de retrouver sa fille qui assistait à la messe à l’Eglise Sainte-MARIE de Ouenzé dont une partie de la toiture s’était effondrée sur les fidèles. 

(...)

Le 19 mars au soir après l’enlèvement de NTSOUMOU NGOBA, le Capitaine OPANDZA est aussitôt informé par OKANA Roland qui était très proche de lui aux dires même du Colonel INGANI, leur chef de corps. 

Le Capitaine OPANDZA, certainement instrumentalisé pour des raisons subjectives évidentes, a semblé nier ce fait devant la barre malgré les incohérences de ses déclarations.

Pourquoi le Capitaine OPANDZA a-t-il nié l’évidence ? 

Parce que après l’enlèvement de NTSOUMOU NGOBA le 19 mars au domicile d’OKANA Roland et en présence de ce dernier, NTSOUMOU NGOBA est présenté comme un dangereux criminel qui était en fuite et recherché par la police. 

Comme il s’agissait, à l’évidence, d’une thèse inventée de toutes pièces par le Général NDENGUET Jean-François et les membres de la commission d’enquête, les déclarations d’OKANA Roland ne pouvaient  que contrarier cette thèse fumeuse.

En réalité OKANA Roland était un élément gênant pour DENGUET et les membres de la commission d’enquête. Il avait assisté à l’enlèvement de NTSOUMOU NGOBA et savait que ce dernier, malade et sinistré, ne s’était jamais rendu à LEKANA pour y distribuer de l’argent comme le prétendaient DENGUET et les membres de la commission d’enquête. 

Alors pendant un certain temps DENGUET et les membres de la commission d’enquête ont laissé OKANA Roland vaquer tranquillement à ses occupations sans être inquiété auprès de l’ONG MAG chargée de la dépollution du site de l’ECRRRAMU. 

(...)

Entretemps le capitaine OPANDZA a été instrumentalisé par les membres de la commission d’enquête afin de nier avoir été informé par OKANA Roland de la présence de NTSOUMOU NGOBA à son domicile. C’est comme cela que le Sergent OKANA Roland s’est trouvé embarqué dans ce triste complot, tout simplement pour brouiller les pistes. 

Après la présentation de tous ces éléments factuels, chacun peut voir assez aisément qu’il n’y a pas ici non plus d’éléments constitutifs du crime d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Sauf si les sécurocrates de la dictature de Brazzaville veulent dire que le seul fait d’avoir hébergé, une personne, un Congolais, un ami, un frère d’armes sinistré serait, selon eux, un élément constitutif du crime d’atteinte à la sûreté de l’Etat. 

En tout cas, chacun aura bien compris que le sergent OKANA Roland n’a pas attenté à la sûreté de l’Etat. Il doit donc lui aussi être acquitté de cette accusation. 

Penchons-nous à présent sur le cas de l’accusé, Le Commandant PIKINDZA MANDALI Destin Noé. Né le 18 mai 1970 à Brazzaville, Le Commandant PIKINDZA  MANDALI Destin Noé est marié et père de trois enfants. 

C’est un jeune officier brillant qui avait déjà eu l’occasion de travailler avec le Colonel NTSOUROU Marcel pendant les évènements dramatiques de 1998, lorsqu’il était détaché à la DCRM (Direction centrale des renseignements militaires). Au moment du drame du 04 mars, Le Commandant PIKINDZA MANDALI Destin Noé occupait les fonctions de Chef de section Organisation, étude et planification de la division logistique au Régiment Blindé.

C’est à ce titre qu’il constituait une source officieuse d’informations et de renseignements pour son ancien Chef, le Colonel NTSOUROU Marcel agissant désormais en qualité de Secrétaire général adjoint du Conseil National de Sécurité. 

Courant mai ou juin 2011, au cours d’une de ses visites au domicile du Colonel NTSOUROU Marcel, peu après le séjour des techniciens militaires nord-coréens au Congo venus pour réparer des engins blindés du 1er Régiment Blindé, le Colonel NTSOUROU Marcel demandera au Commandant PIKINDZA MANDALI Destin Noé, au cours de leur conversation si le Régiment Blindé disposait d’un matériel opérationnel suite aux réparations effectuées par les Nord-coréens. 

Il expliquera au Colonel que le Régiment Blindé n’avait reçu aucun matériel de la part des coréens puisqu’il venait de dresser un état récapitulatif des armements et munitions à la demande de son chef. (Là, nous avons de bonnes raisons de dire que le Commandant PIKINDZA MANDALI Destin Noé n’a pas dit toute la vérité car comment expliquer que l’on fasse venir des techniciens militaires nord-coréens si les engins n’étaient pas de fabrication nord-coréennes ?) 

Le colonel NTSOUROU lui demande de lui rapporter la preuve de cette information, le lendemain après son service, aux environs de 16 h, il se présentera au domicile du Colonel NTSOUROU Marcel pour lui remettre une copie de l’état récapitulatif des armements et munitions du Régiment blindé dont l’original avait déjà été transmis au supérieur hiérarchique par la voie administrative ordinaire

Ce document qui n’était pas estampillé « secret défense », a été remis au colonel NTSOUROU Marcel qui en sa qualité de Secrétaire général adjoint du Conseil National de Sécurité (CNS), était habilité à prendre connaissance de tout document secret intéressant de près ou de loin la sécurité nationale intérieure ou extérieure. 

Il s’agissait d’une information relevant de la sécurité militaire, puisque après le départ des techniciens militaires nord-coréens, au cours des réunions de commandement, la situation opérationnelle du Régiment Blindé était présentée comme bonne alors que ce n’était pas le cas. 

Le Colonel NTSOUROU Marcel a expliqué à la barre que ce document n’avait pas encore été exploité parce qu’il avait reçu une information d’ailleurs médiatisée qu’un bateau nord-coréen, contenant du matériel militaire conventionnel et non conventionnel, à destination de Pointe-Noire avait été arraisonné en Afrique du sud. Le Colonel NTSOUROU Marcel avait donc sursis à l’exploitation de cette information pensant que le matériel militaire destiné au Régiment Blindé se trouvait dans ce bateau. 

Par décret n°2006-252 du 28 juin 2006, le Colonel NTSOUROU Marcel a été nommé Secrétaire général adjoint du Conseil National de Sécurité (CNS). Par note de service prise par le Secrétaire Général du Conseil National de Sécurité daté du 31 mars 2012, il a été suspendu de ses fonctions pour nécessités d’enquête liées aux évènements du 04 mars 2012. La correspondance n°055/PR/CNS/SG/CAB/13 du 13 août 2013 confirme à la cour sa qualité de Secrétaire général adjoint du Conseil National de Sécurité jusqu’à la date du 30 mars 2012.

(...)

En lisant cet extrait du décret relatif aux attributions du Conseil National de Sécurité (CNS), chacun aura compris que le crime d’atteinte à la sûreté de l’Etat par la fourniture d’un secret de défense nationale dont serait accusé le Commandant PIKINDZA MANDALI Destin Noé n’est pas constitué, puisque le Colonel NTSOUROU Marcel à qui il avait remis une copie de l’état récapitulatif des armements et munitions du Régiment blindé était bien habilité à prendre connaissance de toute information secrète qui intéresse la sécurité nationale intérieure et extérieure. 

A titre d’exemple, on peut faire un rapprochement avec un extrait du décret français qui organise la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) de la France. 

Les missions générales de la DGSE : 

La DGSE a pour mission, au profit du gouvernement et en collaboration étroite avec les autres organismes concernés, de rechercher et d’exploiter les renseignements intéressant la sécurité de la France, ainsi que de détecter et d’entraver, hors du territoire national, les activités d’espionnage dirigées contre les intérêts français afin d’en prévenir les conséquences. 

(...)

Par ailleurs, l’article 83 du Code pénal visé par l’arrêt de renvoi est relatif à la divulgation d’un secret de défense nationale à une puissance étrangère ou à ses agents pour atteinte à la sureté extérieure de l’Etat.

Les explosions de la caserne de l’ECRRRAMU le 04 mars 2012seraient-ils donc dus à l’action d’une puissance étrangère à laquelle il aurait été livré un secret de défense nationale ?

Assurément non, tel que cela résulte des débats au cours du procès. 

De plus, les explosions ont eu lieu à la caserne de l’ECRRRAMU et non pas au Régiment Blindé, le corps du Commandant PIKINDZA MANDALI Destin Noé. 

En l’espèce, les éléments constitutifs du crime d’atteinte à la sureté de l’Etat n’étant pas réunis, le Commandant PIKINDZA MANDALI doit donc être lui aussi purement et simplement acquitté. 

Analysons maintenant le cas du Lieutenant de police OKANA Benjamin. Né le 19 juin 1970 à Lessanga, le Lieutenant OKANA Benjamin vit en concubinage et il est père d’un enfant. 

C’est un jeune officier connu pour sa bravoure et son franc-parler, c’est peut être cela qui lui a valu tous ses ennuis. Il est accusé d’avoir attenté à la sureté sans que l’arrêt de renvoi du 11 juin 2013 n’ait relevé les éléments factuels de cette infraction. L’arrêt de renvoi évoque simplement « l’éventualité d’un coup de force en préparation avec le concours de OKANA Benjamin et autres » 

En vérité cette imprécision dans l’arrêt de renvoi n’a rien d’étonnant puisque déjà l’ordonnance de transmission des pièces du 06 novembre 2012, il était reproché au lieutenant OKANA Benjamin d’avoir tenu des propos virulents à l’endroit des institutions de la République au lendemain des évènements du 04 mars 2012, sans que lesdits propos ne lui soient opposés, encore que l’expression d’une opinion quelle qu’elle soit ne saurait constituer une infraction. 

La liberté d’expression de son opinion étant garantie par la Constitution même pour les militaires qui sont simplement astreints au devoir de réserve dont la violation relève de la discipline militaire

C’est ainsi que les débats à la barre ont permis de constater l’absence de réunion des éléments constitutifs du crime d’atteinte à la sureté intérieure de l’Etat dont serait accusé le Lieutenant OKANA Benjamin. L’un des griefs formulés à l’encontre du Lieutenant OKANA Benjamin serait sa fréquentation supposée du colonel NTSOUROU Marcel. 

Or, le Lieutenant a longuement expliqué à la barre qu’il s’était rendu une seule fois au domicile du Colonel NTSOUROU Marcel rendre visite à son cousin, l’Adjudant ETOU OBAMI Servant, aide de camp du Colonel, qui rentrait du village où il avait été visité son père malade. 

Le 03 mars le Lieutenant OKANA Benjamin était avec des amis à Léfini, à 200km au nord de Brazzaville, pour fêter l’anniversaire d’une amie. Son véhicule étant tombé en panne au retour, il l’avait abandonné vers l’ex-usine Kronenbourg sous la surveillance de jeunes policiers qu’ils connaît bien. Les explosions du 04 mars l’ont surpris pendant qu’il se trouvait vers l’ONEMO où il était allé récupérer son véhicule. 

Y a-t-il un lien entre les activités du Lieutenant OKANA Benjamin et les explosions du 4 mars 2012 ? 

En réalité, il y avait un témoin qui avait été fabriqué de toute pièce par le tristement célèbre Général NDENGUET Jean-François et les membres de la commission d’enquête, à la personne du Capitaine ATIPO Achille, pour porter de fausses accusations contre le Lieutenant OKANA Benjamin. Le Capitaine ATIPO Achille n’a d’ailleurs pas pu venir soutenir son accusation devant la cour. 

Serait-ce un repli tactique de sa part ? 

C’est pour cela qu’en définitive le Lieutenant OKANA Benjamin a été présenté comme un homme de main du Colonel NTSOUROU Marcel pour perpétrer un attentat imaginaire. Comme chacun peut le voir, le lieutenant OKANA Benjamin n’a commis aucune atteinte à la sureté intérieure de l’Etat, pourtant depuis le 16 mars 2012 il est privé de liberté. Il est resté 53 jours en détention arbitraire à la DGST, et est en détention préventive depuis le 07 mai 2O12.

(...)

Parlons à présent de Monsieur MPANKIMA Jean Bosco. Enseignant à la retraite, Monsieur MPANKIMA Jean Bosco est né le 15 août 1949 à DJAMBALA et père de 14 enfants et plusieurs fois grand père.

Il a fêté son 64eme anniversaire en détention préventive et il est détenu depuis 17 mois. Enseignant retraité, Monsieur MPANKIMA Jean Bosco a eu le bonheur de servir dans de nombreuses localités de la République, c’est-à-dire qu’il a appris à lire et à écrire à de nombreux enfants congolais. C’était un bon enseignant, comme on les appréciait à l’époque.

Son métier d’enseignant l’a amené à s’intéresser à l’anthropologie (l’étude des Hommes) et à la sociologie (l’étude des faits sociaux). Son intérêt pour les sciences sociales lui a surtout permis de constater les nombreux dysfonctionnements au sein de la société congolaise, l’ineffectivité des programmes politiques depuis que le Congo est devenu indépendant en 1960 jusqu’à nos jours. 

C’est bien connu, Monsieur MPANKIMA Jean Bosco a toujours exprimé librement et très ouvertement ses opinions politiques, puisqu’il considère que le Congo est un pays démocratique. Il se définit comme un opposant politique. Il avait même présenté sa candidature aux dernières élections présidentielles de 2009, mais sa candidature n’avait pas été retenue. Il avait de ce fait exercé un recours devant la cour suprême, mais ce recours avait été rejeté. Il a écrit de nombreux ouvrages sur les civilisations Tékés et Vili, mais peu ont malheureusement été publiés faute de moyens. 

Voilà qui est Monsieur MPANKIMA Jean Bosco à qui on reproche d’avoir attenté à la sureté intérieure de l’Etat de connivence avec le Colonel NTSOUROU Marcel. Monsieur MPANKIMA Jean Bosco considère le Colonel NTSOUROU Marcel comme un cadet téké, encore qu’ils ne sont pas du même district. NTSOUROU Marcel est originaire du district de Lékana, lui, est originaire du district de Djambala. Il avait sollicité a plusieurs reprise une aide matérielle du Colonel NTSOUROU Marcel pour publier certains de ses ouvrages, mais surtout pour l’aider à constituer un syndicat de retraités non corrompus.(

(...)

Pour justifier l’implication de Monsieur MPANKIMA Jean Bosco dans l’affaire du 04 mars 2012, la commission d’enquête s’est fondée sur un courrier qu’il avait adressé au Colonel NTSOUROU Marcel pour solliciter son aide afin de constituer un mouvement syndical.

Cette lettre est libellée comme suit : 

« Mon Colonel et Cher Frère, 

Le temps passe, les évènements se précipitent tous favorables à notre mouvement pour la rupture qui par conséquent nous oblige à lui apporter les éléments nécessaires à son succès.

Par exemple la retraite automatique manquée nous offre une bonne palette d’hommes déçus qui m’ont appelé à leur organisation en un syndicat confédéral.

Il me semble que le faire dans la concertation serait mieux.

Vous ne manquerez pas d’hommes à me proposer, des gens intègres qui peuvent comme moi, résister à la corruption.

D’ailleurs celui (qui) me fait pression dans ce sens est un militaire rencontré dans votre salle d’attente.

Il nous faut plus d’échanges d’information, l’accélération des évènements a toujours accompagné toutes préparations des élections.

C’est la période de modification de toute scène politique. Notre pays est un bel exemple à ce sujet avec sa politique du clientélisme sans idéologie de démarcation.

Appelez moi, voyons nous seulement, aucun de nous ne peut mesurer les effets cosmogoniques de ces rencontres. NGASUKU nous accompagne et il enregistre tout.

A très bientôt, et, fraternellement

Le Conservateur Honoraire Président

Jean Bosco MPANKIMA. »  

En quoi cette correspondance par ailleurs non datée a-t-elle un lien avec les évènements du 04 mars 2012 ?

 (...) Quelle est cette personne admise à la retraite dans notre pays qui n’a pas vécu la trop longue période d’attente avant le versement du premier trimestre de pension ? Comme chacun peut le constater, il ne résulte de cette lettre aucun élément prouvant la participation au crime d’atteinte à la sureté de l’Etat. 

En conséquence, Monsieur MPANKIMA Jean Bosco doit donc lui aussi être acquitté purement et simplement de ce chef d’inculpation. 

Après avoir démontré l’innocence de toutes ces personnes accusées à tort, nous pouvons à présent mettre en lumière la façon dont le Général NDENGUET Jean-François, l’Amiral OKEMBA Jean Dominique et les membres de la commission d’enquête ont secrètement mené leur grossière machination dans le but de nuire à un seul homme, le Colonel NTSOUROU Marcel qui plus est leur ancien bras droit et éminent membre tout aussi zélé de cette communauté des renseignements dévouée au service de Denis SASSOU NGUESSO et son régime de fer.

Car chacun l’aura compris, tout au long des faits étayés plus haut, que toutes ces personnes accusées ont été victimes d’une machination qui s’est abattue sur leur tête sans qu’ils n’en comprennent vraiment les tenants et les aboutissants.

Tout a été savamment préparé et orchestré par cette communauté des renseignements.

 

(à suivre)

 

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