10 novembre 2009
Les depeches de Brazzaville
Chose promise chose due : Denis Sassou N'Guesso avait promis, s'il était réélu, de faire voter par le Parlement une loi d'amnistie en faveur de l'ancien président, Pascal Lissouba, condamné en 2001 par la Haute cour de justice pour haute trahison ; il a fait adopter, vendredi dernier, par le Conseil des ministres, un projet de loi dans ce sens, projet qui sera débattu et sans doute voté avant la fin de l'année en cours. La page des évènements douloureux qui marquèrent la décennie précédente est donc en passe d'être définitivement tournée pour le plus grand bien du Congo qui n'a que trop souffert de ses dissensions internes.
Reste à déterminer si la mesure de clémence prise par le président de la République sera étendue à ceux qui furent condamnés en même temps que Pascal Lissouba et qui, à ce jour, sont toujours exilés en Europe. Des personnalités qui, de façon indiscutable, portent une lourde part de responsabilité dans le déclenchement des guerres civiles successives et qui, jusqu'à présent, n'ont pas manifesté le moindre regret pour les
terribles blessures infligées à leur peuple ; des personnalités qui ne se privent pas de souffler sur les braises depuis l'étranger afin de ranimer le brasier.
Les leaders de l'opposition dite « radicale » font ouvertement campagne pour que la mesure de clémence dont bénéficiera l'ancien chef de l'État soit étendue à ceux qui furent ses principaux collaborateurs avant et pendant les troubles. Ils estiment que si le chef est absous, rien ne doit ni ne peut s'opposer à l'amnistie des quelques hommes qui l'entouraient ; et cela même si, de façon très évidente, ces derniers sont largement responsables des agressions médiatiques dont notre pays est toujours la cible.
Le problème est qu'à ce jour, sauf erreur de notre part, aucun d'eux n'a manifesté le moindre regret pour sa conduite passée; si bien que l'on peut légitimement craindre, s'ils revenaient au pas, qu'ils tentent de recréer les tensions qui firent tant de mal au Congo. Certes, de telles tentatives n'auraient pas la moindre chance de trouver un écho dans l'opinion publique qui sait bien de quel prix elle a dû payer leur folie passée, mais elles compliqueraient la tâche d'un gouvernement tout entier tendu vers la concrétisation du « Chemin d'avenir ». C'est probablement pourquoi le Conseil des ministres n'a inscrit que Pascal Lissouba dans la future loi d'amnistie.
Pour qu'il en aille autrement, il faudrait que les intéressés, au lieu de comploter et de participer activement à la campagne de diffamation conduite en Europe contre leur propre pays, envoient en direction de la présidence du Congo des signaux forts et indiscutables de leur volonté de réintégrer la mère patrie. Alors et alors seulement leur voix pourrait être entendue à Brazzaville.
Que ceux qui en doutent se remémorent les gestes spectaculaires accomplis en faveur de la réconciliation nationale depuis le début des années 2000.