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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 20:42

15 décembre 2009
Source: CamerounLibre

Il ne reste plus qu’un mo
is au gouvernement Yang pour présenter son bilan en matière énergétique. Nommé le 30 juin 2009, il avait reçu six mois pour réussir où les autres ont échoué. Dès 2010, le gouvernement met en oeuvre le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce). Il prend la place du Dsrp, adopté en 2003, et qui s’est révélé un échec à réduire la pauvreté. La même année 2010, le Cameroun va expérimenter la décentralisation avec le transfert des compétences et des moyens aux collectivités territoriales décentralisées.

Un aveu d’échec de l’Etat central à irradier les populations des commodités élémentaires du développement jusqu’aux confins du pays. Beaucoup d’échecs de choix, de méthodes, de projets jalonnent l’histoire de notre pays. « Les 10 grands échecs du gouvernement » est un choix subjectif de la rédaction de « Repères », un regard décalé sur les naufrages et les sinistres les plus marquants de l’histoire récente du pays. Ils ont été choisis en fonction de l’onde de choc propagée et de l’impact sur les populations, notamment à faibles revenus, sur l’image du pays, sur les espoirs suscités et sur le potentiel gâché. Les chantiers qui interpellent le gouvernement, la modernisation de l’administration, la construction des infrastructures énergétiques, routières et ferroviaires, l’amélioration du climat des affaires, etc. le mettent en permanence sur le qui-vive. Parce qu’il garde bien visible les stigmates de ses dérives, tergiversations et atermoiements passés. Actuellement à la croisée des chemins, le Cameroun a le choix entre se transformer et sombrer. Le répertoire de ses maladies passées pourrait servir à prévenir les risques d’une rechute, mortelle aux générations futures.

1. Avion présidentiel

Un Président en classe affaires 46 milliards de F CFA ont été sortis des caisses de l’Etat pour l’acquisition d’un aéronef pour les déplacements du chef de l’Etat camerounais. Mais toujours pas d’avion présidentiel. Paul Biya ne dispose toujours pas d’un avion de souveraineté pour ses déplacements. En dépit d’une saignée financière de quelque 46 milliards de F CFA infligée aux caisses publiques. Courant 2001, l’Etat du Cameroun, obligé de tromper la vigilance du Fmi et de la Banque mondiale opposés à toute « dépense de prestige » pour un pays sous ajustement structurel, met à la disposition de la Camair par l’entremise de la SNH, une avance de 31 millions de dollars pour l’acquisition d’un Boeing Business Jet 2.

Seuls deux millions de dollars, représentant une avance pour l’achat et l’aménagement d’un aéronef évalué globalement à 68 millions de dollars, sont virés dans les comptes de la firme Boeing. Le reste échoue chez GIA International Ltd, entreprise créée un an plus tôt et déjà moribonde. Ce pactole lui permet de se refaire une santé en acquérant pour son compte un Hercule 130, un Beech 1900 C et un Boeing 767. Ce dernier avion est ensuite loué à la Camair à 300.598 dollars par mois. Pendant que cet intermédiaire s’engraisse sur le dos du contribuable camerounais, le président n’aura même pas droit à une épave d’avion. Le projet d’acquisition d’un avion présidentiel est relancé quelques années plus tard. «The Albatros », un Boeing 767- 200, est acquis pour un coût d’environ 30 milliards de F CFA.

Mais son illustre utilisateur ne l’empruntera qu’une seule fois. A cause d’une défaillance mécanique ayant causé des sueurs froides à la famille présidentielle lors du vol inaugural du 25 avril 2004. Cet incident prête le flanc à une vive polémique. D’aucuns parlent d’un simple fusible manquant, d’autres d’un avion défectueux sorti de l’usine en juin 1986 qui affiche 58.000 heures de vol au moment où Air Madagascar, son dernier utilisateur, le sort de sa flotte en 2002. Dans ce projet lancé depuis près d’une décennie, l’affairisme semble donc avoir primé sur tout dans les deux tentatives d’acquisition d’un nouveau « coucou » présidentiel pour remplacer le «Pélican » usé par le temps. En lieu et place d’un avion, M. Paul Biya gère aujourd’hui le plus retentissant feuilleton judiciaire, de par la qualité des acteurs qu’il met en scène.

Dans la galaxie des têtes couronnées ayant joué un quelconque rôle, il y a, entre autres, MM. Jean Marie Atangana Mebara, ex-secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr), Jérôme Mendouga, ex-ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis d’Amérique, tous deux aujourd’hui en détention préventive à la prison centrale de Yaoundé, Ephraim Inoni, ex-Premier ministre et secrétaire général adjoint à la présidence de la République au moment des faits, Edgar Alain Mebe Ngo’o, actuel ministre de la Défense alors directeur du cabinet civil de la présidence de la République, Adolphe Moudiki, administrateur directeur général de la SNH, Marafa Hamidou Yaya, Sgpr de l’époque, Yves Michel Fotso, Adg de la Camair, et Michel Meva’a m’Eboutou, ancien ministre des Finances et du Budget. MM. René Owona, ancien Sgapr et Blaise Benaé Mpeckè, ancien chef d’Etat major particulier du président de la République sont aujourd’hui morts. En attendant d’établir un jour la responsabilité de chacun, M. Paul Biya va continuer à effectuer ses multiples voyages en classe «Affaires ».


2. Cellucam : 1200 milliards en pâte La Cellulose du Cameroun devait produire de la pâte à papier.

L’usine a fermé après seulement deux ans d’activité. C’est, assurément, le plus grand éléphant blanc jamais produit jusqu’à ce jour par un pays africain. Pour ce pharaonique projet de production de la pâte à papier, le Trésor public se déleste de près de 1200 milliards d’anciens francs CFA, presque le double de l’enveloppe que la Loi de finances adoptée le 1er décembre 2009 réserve aux investissements publics du Cameroun en 2010. Aveuglé par son rêve de grandeur, M. Ahmadou Ahidjo lance en 1976 les travaux de construction de Cellucam (Cellulose du Cameroun), malgré les fortes réserves émises par les experts de la Banque mondiale sur la rentabilité du projet. La mise en place de ce second projet phare dans la ville d’Edéa s’achève quatre longues années plus loin.Cellucam emploie près de 2000 personnes au moment de sa mise en exploitation en 1980. Comme traquée par un mauvais sort, l’usine est victime d’une série d’accidents industriels d’origine à priori inconnue.

En février 1982, deux explosions endommagent entièrement une partie de l’usine. Dix mois seulement plus tard, une panne la met totalement hors d’usage alors que Cellucam n’a encore quasiment rien produit. Au moment de dresser l’acte d’un décès prématuré d’une entreprise qui aurait pu augurer des lendemains prometteurs pour l’industrialisation du Cameroun, le diagnostic des experts est sans équivoque : le projet avait été mal conçu dès l’origine.

Se faisant l’écho de ces experts, M. Enoh Meyomesse, écrivain et homme politique, écrit dans le volume 60 du mensuel « Les Cahiers de Mutations » : « (…) un expert avait découvert que de nombreux problèmes techniques n’avaient pas été résolus au moment de la conception de l’usine ; de même, la pâte que produisait l’usine nécessitait infiniment plus de bois que prévu; (…) la capacité de l’aire de stockage de l’usine était insuffisante et était en permanence engorgée; de même, il y avait de sérieuses carences au niveau de l’écorçage du bois, carences dues à une mauvaise conception initiale; les filtres des machines posaient d’énormes problèmes, ce qui entraînait un niveau anormal de produits déclassés; les conduites d’eau se corrodaient trop rapidement (… )» A ces manquements techniques, se greffe l’improbable rentabilité économique et financière de Cellucam qui, pour une fois, confirme les craintes et prédictions de la Banque mondiale.

Afin redonner vie au site de la Cellucam, le ministère des Finances, la Société nationale d’investissement, la communauté urbaine d’Edéa et la société italienne Comefin ont signé le 11 mars 2008 une convention d’un peu plus de 3,5 milliards de F CFA. Elle permettra de développer une technopole prévue pour accueillir des acteurs des filières bois, production de l’énergie électrique, traitement des eaux, un institut universitaire de technologie spécialisé dans les métiers du bois, etc. Maigre compensation à l’ambition démesurée et peut être trop mirobolante que la Cellucam faisait miroiter aux Camerounais.


3. ONCPB (Office national de commercialisation des produits de base)

Un roman au beurre noir L’Office national de commercialisation des produits de base (Oncpb), fleuron des entreprises publiques, est dissoute en 1991, tout comme l’espoir des producteurs de cacao, de café et de coton. C’est la liesse populaire quand l’Oncpb sort des fonts baptismaux en 1976, créé par M. Ahmadou Ahidjo.
Ce dernier, par cette réalisation, consacrait la place prépondérante des cultures de rente pour l’économie camerounaise. Il avait déjà mis fin au système colonial de commercialisation du cacao et du café. L’Oncpb parachevait le rêve du gouvernement Ahidjo de réguler le florissant marché de la commercialisation des produits de rente. M. Bobo Hamatoukour, le premier directeur général de cette structure, et son équipe, ont du pain sur la planche. Les ressources de l’Oncpb venaient des opérations de stabilisation. L’entreprise tirait des bénéfices considérables de l’écart entre le prix versé aux planteurs et celui obtenu sur le marché mondial. Jusqu’à l’arrivée de M. Roger Melingui aux commandes du bateau.

Sous le nouveau directeur général, ancien de Hec-Paris, qui a fait ses armes à la Société Nationale d’ Investissement s (Sni), l’entreprise dépense sans compter. Elle fait étalage de toute sa puissance financière. La légende se construit. On prête à l’Oncpb l’achat du Combi Boeing 474 de la Camair, le financement de la constrution de la télévision nationale, des bourses de l’université, le salaire des fonctionnaires. Quoi qu’il en soit, elle se dote d’une tour de 13 étages près du port de Douala. Et d’autres réalisations immobilières, à l’instar du fameux immeuble Shell à Yaoundé. Mais aussi des villas cossues, des emprises foncières sans oublier un imposant parc automobile. La démonstration se poursuit avec l’ouverture de onze agences, dont une à Paris, et des prises de capital dans de nombreuses entreprises parapubliques. Le personnel pléthorique reçoit des avantages multiples. Ce qui donne à penser à un chroniqueur de l’époque que l’Oncpb, sous l’ère de M. Roger Melingui, avait pris la grosse tête. Une analyse qui ne sonne pas faux.

Alors que dès 1987, sur le marché mondial, les prix des produits de base tombent en chute libre, l’Oncpb maintient un train de vie élevé. La suite est plus triste. Les subventions et les ristournes versées aux producteurs disparaissent. Ce qui fait dire à la chronique populaire que : « L’Oncpb vit sur la misère des planteurs ». Elle livre M. Roger Melingui et compagnie en pâture à la colère du peuple. L’Oncpb est épinglé par le premier plan d’ajustement. Elle est dissoute en 1991.

A l’époque, elle coûtait aux planteurs camerounais 15 milliards par an. Sa liquidation n’a pas permis de retracer tout son patrimoine. Certains se disputent encore la charogne. Les planteurs, vrais financiers de la boîte, regrettent toujours cette époque où ils étaient bien encadrés. La production cacaoyère, caféière et cotonnière attend toujours de retrouver les niveaux d’antan.

4. Immeuble de la «mort»

La «plaie» de Yaoundé L’objectif des pouvoirs publics, dans les années 1984-1985, était de construire, au carrefour de la poste centrale, un véritable joyau architectural. Le projet a viré au cauchemar.
Il s’agissait d’un édifice futuriste sur une superficie de 30.000 m², avec jets d’eau, plus de 1000 bureaux administratifs en quatre blocs : une tour de 18 étages, trois immeubles de trois, cinq et sept niveaux. Alors que les ouvriers commençaient les finitions, un architecte fit la révélation que des vibrations menaçaient cet ouvrage aux passages des trains. D’où l’arrêt des travaux de l’édifice bâti au-dessus d’un tunnel. Voilà la version populaire. A la vérité, l’Etat manque d’argent, on est en 1987, c’est le début des plans d’ajustement structurel. A l’arrêt des travaux, l’édifice revendiquait un taux de réalisation de 85%, selon des témoignages au ministère des Domaines et des Affaires foncières. Ce mastodonte à l’aspect lépreux enlaidit le centreville de Yaoundé. L’utilisation de ses façades pour la publicité de certains sponsors ne voile pas tout le mal que ce tas de béton fait à l’architecture urbaine.

Et à la sécurité des personnes. L’«immeuble de la mort» doit son nom à une série de meurtres, d’agressions ou de rapts dont il a servi de quartier général. Une vraie plaie béante sur l’itinéraire présidentiel, qui se rappelle à M. Paul Biya et à ses illustres hôtes. Mohammed VI, le souverain chérifien en avait pris pitié au point de vouloir aider à la réhabilitation. Transnational Parker Industries, société américaine qui suscita l’installation de Le Bus et Le Car, s’était aussi intéressé à la «sale Dame», promettant d’y injecter 22 milliards. Comme maudit, les projets de réhabilitation de l’«immeuble de la mort » se sabordent continuellement. Le 10 avril 2005, le Premier ministre a créé le comité de pilotage du parachèvement de l’immeuble ministériel numéro un, avec un financement Ppte à la clé.

Le ministre du Développement urbain et de l’habitat, M. Clobert Tchatat, promettait alors le début des travaux de réhabilitation « avant la fin de l’année ». Il est question de la réfection des cages d’ascenseur et d’escaliers, des parvis, bureaux et parkings, la climatisation, les carreaux, les sanitaires, le marbre, la peinture, l’électrification, l’étanchéité, les poutres, les fenêtres, etc. Les habitants de Yaoundé attendent toujours. Des études, menées en 2002, ont conclu que rien ne menace l’édifice. Il faut juste achever les travaux. Cela dure depuis 22 ans.


5. Fondecam-Pme

Juste le temps d’un rêve en argent Lancé le 25 juin 2007, le projet de cette banque des Pme est mort le jour de sa naissance.

L’Etat et les partenaires camerounais ont tardé à libérer leurs parts du capital. Pour le ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et de l’artisanat, M. Laurent Serge Etoundi Ngoa, le chantier du financement des petites et moyennes entreprises doit ressembler à un véritable serpent de mer. La dernière tentative de mettre sur pied une banque pour cette catégorie de structures a fait long feu.
Le Fonds de développement des petites et moyennes entreprises (Fondecam Pme), lancé le 25 juin 2007, avait suscité les espoirs du gouvernement tout entier. Pour le signifier, c’est le Premier ministre d’alors, M. Ephraim Inoni, qui était allé présider la cérémonie de présentation de cette nouvelle banque. L’histoire de ce projet va s’arrêter au niveau du rêve. Plus de deux ans après le lancement, aucune trace de la banque. Dans un article paru dans Repères le 17 juin 2009, l’administrateur général de cette structure laissait entendre que «Fondecam Pme est mort-né». Malgré toutes les assurances données au départ, les partenaires du projet parmi lesquels la Deutsche bank et Carficam, filiale camerounaise de Caroussel finance international Ltd, se sont simplement retirés.

Il était attendu d’eux leur concours pour la mobilisation de 65 milliards de FCFA, préalable au démarrage de la banque et nécessaire pour le financement des projets des Pme. Mais, face aux lenteurs des partenaires camerounais et des pouvoirs publics, dont l’intérêt pour la structure semblait s’être limité à la cérémonie officielle du 27 mars, ces partenaires ont jeté l’éponge. Dans une interview accordée à Cameroon tribune le 8 octobre 2009, le ministre des Petites et moyennes entreprises, M. Laurent Serge Etoundi Ngoa, répondant à une question sur le financement des Pme, proposait un nouveau schéma : « … Il faut créer des établissements à capital risque. C’est là qu’intervient la perspective de la banque des PME qui offrirait des taux de crédit faible, de l’ordre de 2,5 à 5,5%, alors que dans les banques commerciales ils sont au-delà de 10 à 12%, et parfois même, aux environs de 20%, sinon plus. Deuxièmement, il faudrait, des agences de promotion. Ce sont des agences qui ont le bagage technique d’encadrement, qui permet à la politique élaborée par le gouvernement de rentrer en application.

Enfin, il y a ce qu’on appelle des fonds de garantie. Etant entendu que les crédits aux PME sont des crédits à capital risque, il faudrait garantir ce capital risque.» Une déclaration qui fait encore plus regretter l’échec cuisant de Fondecam-Pme.

6. Camair

Une gabegie de haut vol La défunte compagnie camerounaise reste dans les mémoires comme l’échec cuisant d’un symbole de grandeur et d’orgueil national. 1000 employés dans la rue, des milliards engloutis. La Cameroon Airlines naît en 1971, après la sortie du Cameroun de l’actionnariat de la défunte Air Afrique. Avec un capital initial de 1,5 milliard de francs CFA, la Camair avait pour mission d’exploiter les droits de trafic aérien internationaux du Cameroun et d’assurer le transport aérien civil des passagers, bagages, fret, poste et colis postaux. C’est le symbole d’un peuple fier et d’un chef de l’Etat orgueilleux de la puissance montante de son pays.

Ses avions, notamment le Boeing 747 Combi, sont considérés comme la onzième province du Cameroun. En succédant à M. Ahmadou Ahidjo, M. Paul Biya hérite d’une Camair qui vole bien et haut. Mais tout ceci va virer au crash. De 1995 à 2006, la Cameroon Airlines (Camair) a usé pas moins de cinq directeurs généraux et administrateur (Samuel Minko, Cyrille Etoundi Atangana, Yves Michel Fotso, Dakayi Kamga, Ngamo Hamani), pour empêcher sa descente aux enfers. Mais même le purgatoire de l’administration provisoire n’a pas empêché la damnation de la Camair, à cause de nombreux dérapages de gestion.

A preuve, M. Ngamo Hamani, le dernier manager de l’entreprise, est actuellement incarcéré parce que soupçonné de détournements des fonds de l’entreprise. En outre, les retards de la compagnie, par exemple, devenus légendaires lui avaient valu le surnom «d’Air peut-être». Sureffectif, utilisation abusive de la Cameroon Airlines par l’Etat, retard, surpoids des bagages… l’entreprise fonctionne comme une grosse épicerie moderne. Pendant ce temps, sa flotte d’avions ne cesse de se rétrécir au point où en juin 2003, la Camair n’a même plus d’avion mais continue d’employer près de 1000 personnes. Ce qui a eu pour effet de creuser davantage son déficit déjà évalué à plusieurs dizaines de milliards de francs CFA. Pour stopper la saignée, des experts préconisent la liquidation de la Cameroon Airlines Finalement, la création en parallèle de la compagnie Cameroon Airlines Company (Camair Co), par décret présidentiel du 11 septembre 2006, vient de facto mettre un terme au processus de scission - liquidation.
Le licenciement des 882 employés doit coûter 22 milliards de F CFA, selon le cabinet Bekolo & Partners. Les dettes de la Camair sont estimées à 100 milliards de F CFA, notamment vis-à-vis de l'Agence internationale du transport aérien (Iata), qui retire le certificat de transport à la compagnie, le 23 mai 2006. Le Cameroun a perdu sa souverainté dans les airs. Le dernier avion de la Camair, Le Dja, est garé à Douala depuis le retour d’une révision en Irlande. Il attend.

7. Fogape - Crédit agricole

Les emprunteurs n’étaient pas obligés de rembourser Le Fonds d’aide et de garantie aux petites et moyennes entreprises (Fogape) et le Crédit agricole servaient des crédits qui n’ont jamais été remboursés.

Tout avait été taillé sur mesure pour la réussite des opérations. Le Fogape contribuait à la création des petites et moyennes entreprises (Pme) de divers secteurs. Pendant que le Crédit agricole du Cameroun boostait les Pme du secteur agricole. Pourtant, tous ces deux établissements n’ont pas atteint les objectifs à eux fixés. A sa création par décret du 13 juin 1984, le Fogape devait apporter un concours financier et technique aux petites et moyennes entreprises nationales. Il pouvait accorder sa garantie aux crédits et aux engagements consentis aux Pme par les banques et établissements financiers, prendre des participations au capital des Pme, consentir des prêts participatifs et des prêts directs pour l’acquisition des matériels et équipements, financer des besoins en fonds de roulement, etc. Le promoteur devait contribuer à 20% des besoins.

Mais, le non remboursement des créances a érodé les capacités financières du Fogape et entraîné sa chute. Comme le Fogape, le Crédit agricole du Cameroun, créé en 1990, a connu une fin tragique. La banque avait pour principale mission l’octroi des crédits aux particuliers aux fins de création des Pme pour booster le domaine agricole. Le scénario du Fogape s’est répété. La banque d’Etat a consenti des crédits, défiant toutes les normes prudentielles. Le Crédit agricole est en liquidation depuis 1999. Dans un cas comme dans l’autre, les dérives de gestion du top management et les prêts consentis à des personnes qui ne les méritaient pas ont précipité la chute de ces deux institutions. La liste des débiteurs du Crédit agricole indique à suffisance la qualité de ceux qui y bénéficiaient des crédits, au détriment des acteurs du milieu agricole. Le scandale de sa faillite a impliqué un nombre considérable de personnalités allant des politiques aux hommes d’affaires.
La facture se chiffrait à plusieurs dizaines de milliards de francs parties en fumée ou octroyées à des débiteurs devenus insolvables. La fermeture du Fogape a désagrégé une bonne partie du tissu des Pme, entraînant un sévère chômage. L’Etat paie encore la note de l’échec de ces deux structures. Actuellement, les opérateurs économiques font face à des contraintes qui les obligent à apporter plus de 50% des besoins financiers avant de se voir octroyer des prêts par des banques. Les agriculteurs ont du mal à financer leurs projets. La production agricole stagne ou a regressé dans presque tous les domaines, lorsque l’agriculture est considérée comme un secteur fortement porteur de croissance. Les multiples plans de relance adoptés, y compris le plan d’urgence pour répondre aux émeutes de la faim, échouent faute de financement. L’Etat même hésite à mettre sur pied une nouvelle banque agricole et une autre de soutien aux Pme.

8. Caisse d’épargne postale : Un si beau gâchis 800 000 déposants.

Une épargne de plusieurs dizaines de milliards de francs CFA. Une des meilleures couvertures nationales. Tout s’écroule en 2004. La Caisse d’épargne postale du Cameroun (CEP) n’aura pas longtemps lutté pour sa survie. C’était « Le Titanic » : grandiose et insubmersible. Il n’y avait pas de plan B, parce qu’on était sûr du plan A. Du liquide à gogo et à tout moment.

L’épargne de 800 000 déposants qui avaient entièrement fait confiance à cette caisse adossée sur le Trésor public. Elle soutient la belle époque des Postes et Télécommunications avec un budget annexe et des salaires qui échappent aux baisses décidées par le gouvernement en 1993. L’Etat en difficulté plonge le premier la main dans la Caisse d’epargne postale (Cep) et se sert goulûment pour régler des engagements n’ayant aucun rapport avec le service de l’épargne postale. Tant que cela n’est pas su, tout va bien. La réforme du secteur postal de 1999 passe par là sans rien améliorer à la situation.

En 2003, la pompe à fric s’assèche, les caisses de la Cep sont vides. Le vent de panique qui s’empare des épargnants fait le reste. Les demandes de retrait affluent, l’offre est mince. On frise l’émeute. Les clients nagent en plein cauchemar. La Cep n’est pas une institution comme les autres, c’est la naque des pauvres, celle qui a collecté les dépôts des couches les plus vulnérables de notre société. Elle a accueilli tous les déçus du système bancaire et conservé les dépôts de nombreuses tontines, associations, groupes d’initiative commune ou de Pme. Le choc est largement partagé. Candidat à la présidentielle de 2004, M. Paul Biya parle de la recapitalisation de la Cep, mais c’est simplement une promesse électorale. 800 000 épargnants, c’est 800 000 électeurs. La dissolution de la caisse d’épargne intervient donc inévitablement en 2004. A la place arrive la Campost.

Qui n’a jamais reconstitué l’image d’Epinal de sa dévancière. Les caisses n’ont pas retrouvé tous leurs moyens et on ne sait toujours pas si l’Etat est le seul responsable de l’échec de la Cep. Des audits réalisés par le cabinet canadien Tecsult, dès sa prise de fonction en 2007, a révélé que de gros crédits n’avaient pas été remboursés, à hauteur de plusieurs centaines de millions de francs CFA pour certains clients. Dans son cahier de charges, Tecsult devait créer une filiale bancaire à la Campost. Nouvel échec. Depuis, les clients sont allés voir ailleurs. Sauf ceux des zones où seule la Campost peut collecter et conserver l’épargne. La crise de confiance n’est pas terminée, les bas de laine ont été ressortis. C’est le règne de la thésaurisation.

9. Dsrp

Une pauvre stratégie sans croissance Des centaines de milliards de francs CFA dans les secteurs sociaux sous le prétexte de la lutte contre la pauvreté. Un vrai tonneau de Danaïdes, qui n’a pas amélioré les revenus des populations pauvres. C’était le remède, importé de Bretton Woods, pour combattre les effets néfastes de la longue période d’ajustement structurel.

Mis sur le banc des accusés, le Fmi et la Banque mondiale consentent que de nombreuses ressources issues de l’annulation de la dette des pays pauvres aillent non plus uniquement à soigner des indicateurs macroéconomiques, mais aussi directement dans les villages et les villes. Il faut aller combattre la pauvreté où elle se trouve. Le gouvernement camerounais se jette sur le nouvel os et le ronge jusqu’à la moelle. Avec l’atteinte du point de décision de l’initiative Ppte en 2000, qui libère environ 217 milliards de francs CFA au bénéficie du Cameroun, des émissaires parcourent le pays pour des consultations populaires. L’idée est de demander aux pauvres ce qu’il y a de mieux pour eux en vue d’une sortie du sous-développement.

D’éminents professeurs d’économie font partie des délégations, où c’est désormais les populations qui choisissent les priorités de développement. Partout, les problèmes soulevés sont les mêmes : les routes, l’électricité, l’eau, les écoles, les hôpitaux, les centres de formation… Ce sera la quintessence du document de stratégie de réduction de la pauvreté (Dsrp), finalement adopté en 2003. L’Etat injecte donc plusieurs centaines de milliards de francs dans la construction des ces infrastructures sociales. Son raisonnement est simple : ces chantiers vont produire sur leur lieu d’implantation d’importantes ressources et des emplois. Et tout le monde sera content. Les choses ne se passent pas exactement de cette façon. Résultat : des écoles sont construites où il n’y a pas d’élèves ou d’enseignants, les entreprises exécutantes viennent des villes et lèsent la main-d’oeuvre locale. À cela s’ajoutent la mauvaise exécution des prestations et les détournements de fonds.

Dans la discrétion, le gouvernement, qui attendait des points de croissance à travers la construction des points d’eau et des hôpitaux, se rend compte de l’échec du Dsrp à relever les revenus des populations. A la faveur d’une autonomie dans la formulation de sa politique économique, le Cameroun vient de rendre public le document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce), qui est le nouveau cadre de référence de l’action gouvernementale. Le gouvernement met l’accent sur les investissements dans les secteurs porteurs de croissance, qui permettront de générer des emplois. Une plus grande ambition, qui tourne la page du Dsrp, où le pays a perdu près de dix ans et de centaines de milliards de francs CFA.


10. CAN

Un demi-siècle de passage à vide Le Cameroun est incapable d’accueillir une compétition de football d’envergure depuis la huitième Coupe d’Afrique des nations (Can) en 1972.

Malgré des victoires engrangées sur la scène internationale par l’équipe nationale du Cameroun, les Lions indomptables, notamment quatre coupes d’Afrique (1984, 1988, 2000 et 2002), une médaille d’or olympiques en 2000 et six participations à la coupe du monde de football (1982, 1990, 1994, 1998, 2002 et, bientôt, 2010), la qualité des infrastructures sportives au Cameroun reste préoccupante. Aujourd’hui, ce n’est plus seulement la qualité, c’est aussi devenu la quantité. Le pays des Roger Milla, Samuel Eto’o, Oman Biyick, Théophile Abéga, Thomas Nkono, Joseph Antoine Bell…, présente un visage infrastructurel pathétique, en tout cas ingrat en rapport avec ce que le football lui a apporté.

Les stades de Yaoundé et de Douala, construits pour de la huitième Can en 1972, il y a donc 37 ans, ne répondent plus aux normes internationales : absence d’Internet, de téléphone ou de fax, d’eau, éclairage caduc, cabine de reportage exiguë, toilettes non fonctionnelles, vestiaires délabrés, etc. Le stade de Garoua, bien qu’opérationnel depuis 1980, n’a malheureusement pas vu ses travaux s’achever. Aussi toutes les velléités des ministres de Sports successifs du pays d’obtenir l’organisation du CAN ont été sacrifiées à l’autel du dénuement infrastructurel en matière de stades de football.

Face à ce constat, le ministre de l’Economie, M. Louis Paul Motazé, et l’ambassadeur de Chine au Cameroun, M. Huang Changqing, ont signé le 5 novembre 2009, quatre accords de prêts, dont un porte sur le financement de la construction de deux stades de football, d’une capacité de 15.000 places chacun, à Limbé et à Bafoussam. Avec un délai prévisionnel de réalisation de 40 mois, ce projet dont le coût s’élève à 33,8 milliards de FCFA, constitue la 1ère partie du Programme national de développement des infrastructures sportives (Pndis). Ce projet, à sa réalisation, permettra au Cameroun de disposer de cinq stades capables d’accueillir une grande compétition internationale de l’envergure d’une coupe d’Afrique des nations. Le rêve d’organiser une Can pourrait se concrétiser aux alentours de 2016-2020. La Confédération africaine de football ayant déjà confié les éditions de 2010, 2012, et 2014, respectivement à l’Angola, Gabon- Guinée Equatoriale et la Libye. Le Maroc, positionné pour 2016, serait alors un challenger sérieux. Autant dire que ce n’est pas demain la veille.

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Textes De Juliette