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18 février 2010 4 18 /02 /février /2010 09:50

Marcus Garvey expliqué aux adolescents

Un livre de Doumbi-Fakoly

12.00 €

 

(JPEG)


Homme de conviction et de principes, Marcus Garvey n’a pas failli à la mission qu’il s’est fixée à l’instant même où il a pris conscience que le « destin » de sa race a été truqué et dévié de sa trajectoire par ses ennemis.

Toute sa vie durant, il va se nourrir d’un rêve immense : le Back to Africa ; c’est-à-dire le retour en Afrique de tous ses enfants qui lui ont été arrachés par la barbarie de l’homme blanc et éparpillés dans les quatre directions du monde.

Il a imaginé des stratégies fiables portées par des moyens matériels à leur mesure pour poser les bases nécessaires à la traduction de ce rêve dans la matérialité des faits. Il a mis sur pied une organisation de masse acquise à sa vision, créé une compagnie maritime, fondé un gouvernement et une armée de libération temporairement en exil forcé. Il a reçu, en pagaille, des coups visibles et des coups bas ; pas seulement des Blancs, mais aussi des forces centrifuges de sa race ; de ses propres frères de misère.


Mais il a tenu bon ; jusqu’à son dernier sommeil.


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Lu pour vous le 18 février 2010
Africamaat


Marcus Garvey (1887 - 1940) Souffle du Panafricanisme Episode 1

 

Marcus Garvey (1887 - 1940) Souffle du Panafricanisme Episode 1

 

CHAPITRE I : LE SOUFFLE

Marcus Mosiah Garvey, dernier enfant d’une famille qui en comptait 11, est né le 17 août 1887 à St Ann’s Bay en Jamaïque en 1887.

Il vit dans des conditions de misères extrême. Si extrême, que l’ensemble de ses frères et sœurs, à l’exception de sa sœur Indiana, mourront en bas âge.

Mais la famille Garvey n’avait pas toujours été pauvre. Son père, un maçon lettré, servait parfois comme avocat et posséda pendant un temps une bibliothèque privée. Et c’est sans aucun doute de lui que Marcus Garvey tint sa passion pour la lecture.

Faute de moyens financiers, M M Garvey est contraint d’abandonner ses études à l’âge de 14 ans pour entrer dans la vie active.

Passionné de lecture, il commence à travailler dans une imprimerie où il s’épanouie rapidement. Très tôt, il obtint de grande responsabilité et un important statut au sein de l’entreprise. L’homme aurait pu s’en tenir là. Mais dèjà se révèle chez lui, une envie de lutter contre l’injustice et l’inégalité. En effet, en 1907, à l’âge de 20 ans, il participe à la première grève des syndicats des imprimeurs jamaïcains qui lui vaut de figurer sur une liste noire puis d’être licencié.

Peu de temps après, il créé un journal : « The Watchman » (« Le veilleur » ou « le gardien ») qui sera le premier d’une longue liste de journaux de plus en plus engagés.

En vue de développer de nouveaux projets et découvrir de nouveaux horizons, Garvey part pour le Costa-Rica en 1909. C’est dans cette région du monde, qu’il fera la douloureuse expérience du racisme et de la ségrégation qui le sensibilisera aux problèmes des Noirs.

Ressentant désormais le besoin de s’informer sur les conditions de vie des noirs dans le monde et ne pouvant se contenter de connaissances théoriques (Garvey étant plus que tout, comme nous le soulignerons plus bas, un homme pragmatique, qui se nourrit de chose concrète et non de seuls idéaux), notre héros décide de visiter l’ensemble des pays où le commerce esclavagiste à mener les hommes noirs arrachés à la terre d’Afrique.

Faisant le tour des Antilles puis de l’Amérique du Sud (Costa-Rica, Nicaragua, Honduras, Colombie et Venezuela), Marcus Mosiah Garvey est frappé par le mépris avec lequel est traité le peuple noir et la condition d’infériorité dans laquelle il est partout maintenu.

Son constat est sans appel : « Partout, le Nègre est marginalisé, maintenu de force au bas de l’échelle sociale de l’humanité, parce que noir. Sans la moindre considération, ni pour ses qualités humaines, ni pour ce qui pourrait être son intelligence ou ses dons. Nulle part, le Nègre ne jouit de la moindre dignité humaine ; partout, il est serf, esclave, "peone" » . Où qu’il aille, les noirs sont toujours dans une position sociale inférieure à celle de tout autres.

De ce constat d’une agressivité permanente et quotidienne envers le peuple noir ; devant cet engagement forcené à le piétiner par tout moyen, Marcus Garvey décide d’engager la lutte.

L’homme (leader naturel) encourage alors les ouvriers noirs à exiger au travers de syndicats, de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires. En homme de communication, le personnage créé dans la foulée, des journaux (« La Nacion » et « La Prensa ») au Costa-Rica et au Panama se faisant l’écho de ses revendications légitimes.

Devant un tel phénomène, le gouvernement Costaricain (voyant en lui un second Toussaint Louverture) s’intéresse rapidement aux activités du Jamaïcain et ne tarde pas à l’expulser du territoire.

Déçu par le peu de retombée de ses efforts, Marcus se résigne à retourner à la Jamaïque. A sa grande surprise, il y est accueilli en héros national. De nombreux Jamaïcains voyant en lui l’homme providentiel. Homme du peuple, homme de misère, homme cultivé et formidable orateur. Voilà comment on pouvait déjà définir le jeune Mosiah Garvey. L’homme qui avait dors et déjà fait entendre sa voix dans la lutte pour l’amélioration des conditions de vie des noirs.

Dopé par ce soutien national et fort de ses idées pro-négristes, en 1912, Garvey se dirige cette fois-ci vers l’Europe, où malheureusement, il fait le même constat : pareillement aux Amériques, le peuple noir est maltraité, exploité et méprisé avec férocité et acharnement.

Encore une fois marqué par la situation d’infériorité dans laquelle ont été placés les Noirs dans le monde, Garvey entreprend alors ce qui sera désormais le combat de sa vie et qui l’occupera jusqu’à son dernier souffle. Celui de relever la tête du peuple noir et de lui redonner sa dignité.

Si pour vivre, il occupe des postes de manutentionnaire dans les ports de Londres et de Liverpools, cela ne l’empêche nullement de trouver le temps de fréquenter les milieux intellectuels panafricanistes. Il y fait notamment la rencontre de Mohammed Ali Duse (figure de proue du panafricanisme de la première heure) qui influencera grandement le devenir de Garvey et qui dirige un journal panafricaniste mensuel : « The African Times and Orient Review » auquel Garvey apportera sa contribution. Cette rencontre, sera une révélation pour Marcus Garvey comme le sera par ailleurs la lecture qu’il fera de l’ouvrage de Booker T. Washington « Up from Slavery » . Car c’est suite à cette lecture que Garvey prendra le parti de se présenter comme un leader du peuple noir.

Fort ce ses convictions, et certain de la nécessité de restituer aux noirs l’estime d’eux-mêmes, perdue par suite de l’esclavage, de la colonisation, du mépris et des insultes quotidiennes, le grand homme comprend très vite que le combat doit se mener sur le terrain international et en particulier celui de l’information et des idées. C’est ainsi qu’il s’engage à encadrer, informer et former tous les groupes ethniques noirs éparpillés dans le monde ; afin qu’ils accèdent les uns et les autres à la conscience non seulement de leur identité communautaire singulière, mais aussi à la place qu’ils occupent, précisément, en tant que Nègres, dans le concert des nations.

Il décide de commencer son action au cœur du pays où il a vu le jour. C’est ainsi que le 17 juin 1914, il quitte l’Angleterre pour retourner en Jamaïque où va véritablement démarrer son action politique.

Garvey fonde ainsi, en 1914, à Kingston en Jamaïque, l’UNIA Universal Negro’s Improvement Association (l’Association Universelle pour le Progrès des Noirs) dont la devise est des plus explicite : « One Aim, One God, One Destiny » (Un seul Dieu, un seul But, un seul Destin).

Association dont le but est de porter le plus loin possible la voix du peuple noir et de lui fournir les armes susceptibles de lui permettre une émancipation intellectuelle et physique, afin d’aboutir à l’établissement d’une nation et d’un gouvernement Noir.

Et le leader charismatique entend bien porter cette voix et ce souffle de dignité aux oreilles de tous nègres, où qu’il puisse se trouver. Très vite, les adhésions se comptent par centaines. Mais Garvey, aux fins de conférer à son message la portée universelle qu’il mérite, quitte la Jamaïque pour un pays qu’il avait déjà visité en 1912 : Les Etats-Unis d’Amérique.

En 1916, Marcus Garvey part pour les Etats-Unis (deuxième pays de déportation du plus grand nombre de noirs après le Brésil) dans lesquels il voit un puissant pôle de communication d’où le message Africaniste et libérateur pourrait trouver un magnifique écho. D’autant que des leaders noirs y font déjà entendre leur voix.

Aux Etats-Unis, Garvey découvre un pays où l’homme noir, se trouve dans la condition la plus misérable qui soit. Plus encore qu’ailleurs, le noir y est piétiné.

Pour ceux qui croiraient que nous nous écartons du sujet... ; bien au contraire. Marcus Mosiah Garvey Le Grand, a, par son acharnement et ses convictions, jeté les bases stratégiques de toute lutte nègre. Nous y reviendrons. ]

Aucun. L’absence d’affirmation forte et claire, d’une communauté noire revendicatrice de représentativité et de respect ne peut nous être d’un grand secours. Il convient d’y remédier.

[Avant que certains lecteurs ne se soulagent en pensant que la situation des noirs européens était plus enviable, notons à cet égard que cette situation particulière des Etats-Unis a permis plus rapidement la conscientisation des Noirs et leur émergence en tant que force revendicatrice et lobby susceptible de se faire entendre et d’exiger d’être respecté par les autres communautés. Le racisme européen, plus vicieux et pernicieux, faisant croire à une intégration possible, n’a eu pour conséquence, que, d’empêcher toute prise de conscience noire et taire jusque aujourd’hui encore toutes revendications. Absence de revendications qui aujourd’hui, place le peuple noir au dernier banc de pays tel que la France. Quel chemin parcouru entre nos arrière grand-parents et nous ?

Décidé à relever ce challenge et à lutter pour l’amélioration des conditions de vie des afro-américains, Garvey (fidèle à lui-même) visite plus d’une trentaine d’Etats américains afin de se rendre compte plus efficacement du mal qu’il devra combattre.

Son premier acte sera d’installer le siège de l’UNIA à New-York afin de faire des Etats-Unis, le pôle central de son action.

Toujours dans la même perspective dynamique et ambitieuse, Garvey ne peut (comme nous l’avons vu) envisager un combat mené à une échelle simplement régionale ou nationale et avait porté dès les début, l’idée d’une lutte internationale. C’est dans cette optique qu’il créé une trentaine de sections de l’UNIA dans le monde dont l’objectif inchangé est de rassembler "Tous les Noirs du monde au sein d’une grande entité et de créer une nation et un gouvernement qui leur soient propres" réuni sous le même slogan : "Un seul Dieu ! Un seul but ! Un seul destin !". Les adhésions affluèrent de partout. En 1921, Garvey estime à 6 millions, le nombre d’adhérents à l’Association Universelle pour le Progrès des Noirs de par le monde.

Garvey polarise immédiatement sur lui, la férocité des Européens (Français, Anglais, Espagnols, Hollandais, Portugais et autres négriers de tout bord) tirant d’énormes profits de l’exploitation du continent Africain et de leurs colonies dont ils suçaient (et sucent encore) jusqu’à plus soif les matières premières et où dans la foulée ils menaient leur fameuse grande mission civilisatrice.

Ils voyaient ainsi d’un mauvais œil ce souffle d’émancipation qui se prétendait international et entendait libérer les nègres de tout pays. Hors partout où ils y avaient ces fameux nègres, on trouvait (et on trouve encore) juste derrière eux, ces fameux civilisateurs pour les exploiter.

Garvey devint rapidement l’homme à abattre. Ce nouveau statut confirma Garvey dans ses idées. Il était sur la bonne voie. Et plus les menaces et les acharnements se multiplièrent et se focalisèrent sur sa personne, plus il persévéra dans son combat pour informer et conscientiser les nègres.

C’est dans ce contexte que naît « The Negro’s World » (« Le Monde Nègre »), journal de l’UNIA, fondé par Garvey en janvier 1919, visant à former et informer les nègres et mettant en avant l’idée d’un peuple noir émancipé et retrouvant ses racines profondes dans le pays d’où il a été déporté de force : l’Afrique. Et où il appartenait à tout nègre de retourner en vue de participer à la construction d’un puissant empire noir.

Distribuant son journal dans l’ensemble du continent Américain (de l’Amérique du Sud à l’Amérique du Nord) et le diffusant en autant de version, qu’il n’existe de langues coloniales (anglais, français, portugais, espagnols et hollandais), le leader noir, faisait ainsi du discours panafricaniste, un discours susceptible de toucher et de libérer les consciences nègre, quelques soit le lieues où elles se trouvèrent. Se faisant de par ce fait, le souffle du panafricanisme.

Garvey devint ainsi la figure la plus charismatique et celle autour de laquelle se rassemblèrent et se réunir un grand nombre de noirs qui face au trop de conformisme et désir d’intégration des leaders de l’époque, ne croyaient plus en l’émergence d’un homme providentiel capable d’impulser à l’ensemble de la communauté, une haute idée d’elle-même et de sa dignité.

L’aura de Garvey ne cessant de croître, ses ennemis et détracteurs (essentiellement blancs mais pas seulement) sombrèrent dans le désespoir le plus total.

Qu’ils fussent européens ou américains, ils voyaient en la figure de Garvey, la fin de l’exploitation organisée des nègres qu’ils avaient savamment mis en place et la menace d’apparition de sérieuses revendications indépendantistes émanant du continent Africain.

Mais quelles sont donc ses idées qui effraient tant :

La vision de Garvey se fonde sur deux principes essentiels :

- Celui de l’unité du peuple noir Où qu’il soit dans le monde ; qu’ils s’agissent des noirs d’Europe, d’Amérique, ou encore ceux né sur le continent Africain, le combat est le même. Celui d’exiger le respect et la dignité de tout un peuple. Cette conscience de soi (et par voie de conséquence de son appartenance à un peuple) passe selon Garvey par l’information et l’éducation. Ce principe d’unité en appel au second.

- Celui du retour vers la terre africaine ancestrale Certain, que l’obtention du respect due au peuple noir, passe par l’établissement d’un peuple puissant économiquement, politiquement, culturellement, etc... et disposant de surcroît de ses propres institutions, écoles, hôpitaux, entreprises... Garvey milite pour un retour en terre d’Afrique.

Il affirme ainsi : « La seule protection contre l’injustice de l’homme, c’est le pouvoir physique, financier, scientifique. » Ou encore : « L’éducation est le moyen par lequel un peuple se prépare pour la création de sa civilisation propre et aussi l’avancement et la gloire de sa propre race. »

Comment, le peuple noir, pourrait-il préparer la création de sa civilisation propre et la gloire de sa propre race, lorsque depuis son plus jeune âge, il étudie des héros, des penseurs, une religion, une histoire etc... qui ne lui appartiennent pas et où il n’existe aucun homme de sa ressemblance ?

Ne croyant pas que les noirs puissent être respectés hors du pays de leurs ancêtres (c’est-à-dire que la reconnaissance de ce peuple, puisse venir d’une puissance qui lui serait extérieure), Garvey, défend l’idée, que l’estime des noirs ne puisse passer que par l’établissement d’un puissant continent Africain dirigé par les noirs pour les noirs et dont la grandeur et la splendeur s’imposerait au monde.

Et c’est pour lui à cette seule condition que le peuple noir retrouvera sa place majeure dans le concert des nations.

Ce que Garvey pose ici comme principe, est simplement l’idée selon laquelle la liberté ne se demande pas ; elle s’impose aux autres comme une vérité indiscutable. Dans cette optique, le retour vers la terre dont nous avons été arraché de force s’avère selon lui une nécessité absolue. C’est "la rédemption par le rapatriement" (redemption trough repatriation).

Ainsi, Garvey affirme : "Tant que la race noire, occupera une place inférieure parmi les races et les nations du monde, celles-ci feront preuve de racisme à son égard." Mais, ajoute-t-i1 aussitôt : "Quand le Noir, de sa propre initiative se haussera de sa condition inférieure au plus haut archétype humain, il pourra enfin cesser de mendier et de supplier, et exiger une place qu’aucun individu, peuple ou nation ne pourra lui refuser". « Soyez autant fiers de votre race aujourd’hui que l’étaient vos pères dans le passé. Nous avons une histoire magnifique, et nous allons en créer une autre dans l’avenir qui étonnera le monde ». A lui également de dire : « Une race sans aucune autorité et sans aucun pouvoir est une race qui ne se respecte pas ».

Ainsi, bien qu’il ne soit pas l’instigateur de l’idée de Panafricanisme, Garvey, parvint par le biais de l’UNIA, à en porter le message dans le monde entier, faisant ainsi souffler un vent de liberté sur la communauté noire. Souffle dont l’intensité redoubla grâce au retentissement et à la diffusion médiatique du journal « The Negro’s World » , qui jeta dans les esprits les bases solides d’un puissant Etat Noir.

Mais Le « Gran nom’ » ne s’arrêta pas là. Non, il ne s’arrêta pas à un aspect purement idéologique. Il s’efforça de mettre en place les conditions matérielles concrètes, favorables à la création de cet Etat Noir indépendant et autosuffisant. Et ce sont bien ces actes si, qui firent de Marcus Mosiah Garvey le véritable architecte du Panafricanisme. Car l’année 1919 (année de création du Journal « The Negro’s World »), fut une année des plus prolifiques pour Marcus Garvey et son mouvement.

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