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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 00:25

14 septembre 2009
Jean Francis Belibi
Mutations


Gabon-Cameroun : Visite sur un air de renouveau

Le bref séjour du président élu gabonais, Ali Bongo Ondimba, marque la fin de la rivalité entre les deux pays.

La décontraction et même la bonne humeur du chef de l’Etat camerounais n’ont échappé à personne à l’aéroport international de Yaoundé Nsimalen vendredi dernier lors de l’accueil de son jeune homologue gabonais. Une réception qui apparaît comme un privilège que ne semble avoir eu ces derniers temps que le Pape Benoît XVI lors de sa dernière visite au Cameroun en mars dernier. On a ainsi vu un Paul Biya administrant une petite tape à Amadou Ali, le Vice Premier ministre en charge de la Justice, échanger de façon détendue avec Marafa Hamidou Yaya, le ministre d’Etat en charge de l’Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd), discuter longuement avec le ministre de l’Enseignement supérieur Jacques Fame Ndongo, celui des Enseignements secondaires Louis Bapès Bapès, le chargé de missions Victor Mengot Arrey Nkongho, ou encore la toute nouvelle ministre de l’Education de base Mme Youssouf Adoum Alim.

Un Paul Biya qui a tenu à aller accueillir lui-même à l’aéroport son hôte et raccompagner celui-ci au moment où il quittait le Cameroun, alors que le chef du Gouvernement Philémon Yang qui était déjà en route pour l’aéroport de Nsimalen, a été rappelé, d’après nos sources, pour raccompagner le président élu du Gabon, avant de se voir “décommander”, obligé d’abandonner dans cet exercice de va-et-vient, le motard affecté à son escorte, qui a dû se démener comme “un beau diable” pour rattraper le cortège du Premier ministre avant le passage du chef de l’Etat.

On a vu un chef de l’Etat camerounais extrêmement décontracté au moment de l’échange de son hôte avec la presse camerounaise. “… Le président Paul Biya m’a toujours honoré, considéré comme son fils. Et lorsque le fils part dans une compétition, lorsque le fils s’engage dans un combat et que le fils ressort victorieux, il est important, il est naturel qu’il vienne voir le père pour venir recueillir des conseils et c’est ce que naturellement j’ai fait…”

Tout semblait dit dans cet extrait de déclaration du président élu du Gabon à Charles Ndongo de la Crtv, quelques minutes avant son départ de Yaoundé vendredi dernier aux termes de sa toute première sortie du Gabon depuis son élection à la tête de ce pays à l’issue de la présidentielle du 30 août dernier.


Doyen

Le président élu du Gabon, Ali Bongo Ondimba ayant réservé la part belle de ses propos à ce lui qu’il a appelé “le frère de mon père”. Finie donc la période des escarmouches feutrées entre le Cameroun et son voisin gabonais. Car au-delà de la présentation du bilan de la campagne électorale, puis du déroulement du scrutin du 30 août 2009 et le cycle de violences qui l’ont suivi, violences du reste en voie d’être maîtrisées par le pouvoir de Libreville, le nouvel élu du Gabon a clairement indiqué qu’il aura également été question pendant les 120 minutes d’échanges “de la construction africaine” et du “partenariat sous régional.”

“La construction africaine” et le “partenariat sous régional”, des aspects qui ont souvent été sources d’incompréhensions entre le Cameroun et le Gabon, du moins jusqu’à l’avènement du nouvel homme fort de Libreville.

Des incompréhensions qui, du temps de la présidence de Omar Bongo Ondimba, doyen des chefs d’Etat de par sa longévité au pouvoir, ont notamment plombé l’intégration sous régionale. L’Afrique Centrale étant à ce jour, la région qui connaît le plus de retard en la matière, quand au niveau de l’Afrique de l’Ouest par exemple, la question du passeport communautaire ou de la carte d’identité communautaire font désormais parties intégrantes du vécu quotidien des ressortissants de cette partie du continent. Des incompréhensions qui ont été la source de la création de deux bourses sous régionales, l’une, qui a l’appui des autres pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), ayant son siège au Gabon, et la seconde, initiative du Cameroun, est basée à Douala.

Il est pourtant clair que l’on ne peut aboutir à la construction africaine si le partenariat sous régional marque le pas comme c’est malheureusement le cas pour ce qui est de l’Afrique centrale aujourd’hui. Une situation qui a toujours été imputée aux deux principaux pays de la sous région que sont le Gabon et le Cameroun.

Au-delà de l’adoubement qui a été celui de Ali Bongo Ondimba au cours de cette visite à Yaoundé, il faut relever que celle-ci aura également marqué la fin de la traditionnelle rivalité entre les deux pays et consacré le chef de l’Etat camerounais dans son nouveau rôle de patron de la sous région, même si face à des journalistes qui l’interrogeaient sur son nouveau rôle, lui-même affirmait au sortir de l’Elysée le 24 juillet dernier que “Le Cameroun est toujours disponible et disposé à coopérer avec tous les Etats africains et notamment les Etats d’Afrique centrale, sans chercher à jouer particulièrement un rôle…” Un rôle de leader de la sous région que semblent lui destiner même ses pairs chefs d’Etat, à l’instar du Tchadien Idriss Deby Itno, ou encore le Centrafricain François Bozizé. Reste maintenant pour le numéro un camerounais à arborer véritablement ses nouveaux habits, et à jouer à fond le rôle de rassembleur pour une Afrique Centrale qui doit pouvoir refaire son retard sur les autres ensembles sous régionaux.

 

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