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8 septembre 2009 2 08 /09 /septembre /2009 17:04

8 septembre 2009 
Le Confident

 

Qui a véritablement créé le Mouvement de Libération du peuple centrafricain (MLPC) ? Ange Félix Patassé, l’ancien président prétend l’avoir créé à Bambari en 1962 lorsqu’il n’était encore qu’inspecteur agricole de la Ouaka. M. Michel Adama Tamboux, ambassadeur de Centrafrique, qui, a la même époque était à Bambari et occupait de hautes fonctions dans l’Enseignement, est formel. A cette époque, Patassé n’avait pas créé le MLPC. Les vrais pères fondateurs de ce mouvement politique en 1979 sont surpris de voir que Patassé se prenne pour le fondateur du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC). Voulant faire de ce mouvement politique un patrimoine personnel, Patassé clame partout qu’il revient en Centrafrique reprendre les règnes de « sa propriété ». Dans nos investigations, des indications précises ont été données sur les premiers militants qui ont porté dans la clandestinité en 1979 le MLPC aux fonds baptismaux. C’est ainsi que nous avons rencontré M. Jacquesson Mazette, qui faisait partie de la bande des cinq qui sont les vrais fondateurs du MLPC. M. Jacquesson Mazette, pour rétablir la vérité, a accepté de nous parler à cœur ouvert.


Le Confident : M. Jacquesson Mazette, vous êtes l’une des figures emblématiques du MLPC. Pouvez-vous nous retracer la genèse de la création du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain ?

Jacquesson Mazette : Je vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez pour parler du MLPC et restituer la vérité dans son contexte, car ce problème fait couler beaucoup d’encre et de salive. L’historique du MLPC est très simple. Le MLPC a été créé avec précision le 22 février 1979, donc sous Bokassa. Pourquoi le 22 février, cette date, a été choisie à dessein car le 22 février est la date anniversaire de la naissance de Bokassa. Ce mouvement de lutte, créé dans la clandestinité, avait vu le jour pour aider et soutenir les élèves et étudiants dans leurs contestations contre le régime de Bokassa.

Nous, nous étions des enseignants et des syndicalistes et nous nous sommes rendus compte qu’avec la seule lutte syndicale nous étions confrontée à un blocage parce que le rôle du syndicat est de défendre les intérêts matériels et moraux de ses adhérents. On ne pouvait pas transformer le syndicat en un mouvement de lutte purement politique. Nous avions alors décidé d’aller plus loin et mettre en place un mouvement politique qui devait lutter dans la clandestinité, car tout le monde savait ce qui se passait sous Bokassa, la torture, les exactions, les violations incessantes des droits de l’homme, les détournements à outrance et une économie chancelante.

Quand on voit le 22 février 1979, c’est pratiquement un mois après la répression du 18 janvier 1979 ?

C’est effectivement un mouvement de ras-le-bol-A partir de là, je vais vous citer ceux qui ont créé le MLPC à l’époque pour vous permettre de mieux comprendre mon récit. Il y avait Pamadou-Pamato, professeur de philosophie, Ouakanga Francis Albert, professeur de Science, Balézou Abdel Aziz, professeur, Jacquesson Mazette, professeur d’Enseignement Technique et Denis Kossibella, un douanier. Ce qui nous avait uni, c’est que nous nous connaissions et nous nous sommes retrouvés dans le syndicat des enseignants. Nous avions une communion d’idées qui nous avait amenés à créer le MLPC. (Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain). Au départ nous étions nombreux pour mûrir l’idée. Mais puisque la situation paraissait très délicate sous Bokassa, certains n’ont pas adhéré à l’idée de créer un parti politique et ont préféré continuer la lutte dans le syndicat. C’est ainsi qu’ils se sont retirés et nous nous sommes retrouvés à cinq pour la manifestation de la vérité, je peux citer quelques noms :

Ngbondo René, qui est aujourd’hui député à l’Assemblée Nationale, Guilo, un enseignant, Selesson qui était aussi professeur, Gaston Mackouzangba, que tout le monde connaît et qui est aujourd’hui ministre de la Fonction Publique. Nous avions même dans nos rangs des figures bien connues du syndicat. Il s’agit de Théophile Sonny-Colé. Voilà les quelques cadres qui ont mûri l’idée avec nous, mais qui ont préféré opter uniquement pour la lutte syndicale. A cinq, nous avions fait de Pamadou-Pamoto le président du Mouvement, donc le premier président du MLPC dans la clandestinité. Il n’est plus des nôtres, paix à son âme.

Moi-même, Jacques Mazette, j’étais vice-président, Ouakanga Francis Albert, Secrétaire général, Denis Kossibella, Trésorier général et Balézou Abdel Aziz chargé des questions sociales. Voilà l’équipe des fondateurs du MLPC dans la clandestinité à laquelle se sont alliés prudemment par la suite certains camarades.


Mais dans ce noyau des pères fondateurs, vous n’avez pas cité Ange Félix Patassé ?

Mais je ne pouvais pas citer Ange Félix Patassé parce que pour nous, Patassé n’existait pas comme membre. Pour nous, c’était un Premier ministre de Bokassa. Je préfère dire les choses crûment pour que les Centrafricains comprennent bien. Pour nous fondateurs du MLPC, Patassé avait collaboré avec Bokassa et nous étions en train de combattre Bokassa.


Nous avons pensé que Patassé est un collabo, qui a aidé Bokassa à mener une politique d’exactions, de destruction et de gabegie. Nous ne pouvons pas le copter parmi nous.

A aucun moment nous n’avons pensé à Patassé pour faire de lui un président du MLPC –Non.


Mais qu’est-ce qui s’est passé exactement pour que Patassé atterrisse au MLPC ?

Nous avions continué à militer dans la clandestinité. Nous étions même en contact avec un diplomate de l’Ambassade de la République du Congo (Brazzaville). Il n’est plus là et je peux me permettre de le citer pour la véracité de mes propos. Il s’agissait de M. Jean Ekama, qui était l’oncle d’un des nôtres qui travaillait avec nous dans la clandestinité, Yoka Dieudonné. Dieudonné Yoka nous a mis en contact avec lui et il nous a aidés à monter les Statuts et Règlement Intérieur du MLPC clandestin. Ce diplomate nous a conseillé de ne pas mener notre lutte en cercle fermé c’est-à-dire à Bangui ou en Centrafrique seulement. Il nous fallait aller à la recherche de moyens matériels et financiers afin de faire aboutir notre lutte. C’est ainsi que le diplomate Jean Ekama nous a aidés. Et comme nous voulions que le Congo nous aide en moyens matériels et financiers, le diplomate nous a conseillé de donner une idéologie marxiste-léniniste à ce mouvement pour qu’il soit dans les bonnes grâces des autorités de Brazzaville et éventuellement, elles pourront nous aider. Le premier mouvement clandestin sous Bokassa, recevait déjà l’appui du Parti Congo du Travail (PCT). Il y avait également le Front Patriotique Oubanguien, Parti du Travail (FPO.PT) du professeur Abel Goumba, qui n’était pas à Bangui, mais avait des adeptes sur le territoire qui luttaient à l’intérieur du pays sous une autre dénomination, pour ne pas être rapidement identifiés, arrêtés et peut-être torturés. C’était l’aile intérieure du FPOPT qui avait pris la dénomination de MPLC (Mouvement Populaire de Libération de Centrafrique) en 1976. Ce mouvement n’était pas le MLPC. Qui animait le MPLC de l’interieur? C’était le professeur Barthélemy Yangongo, avec Bomba-Bengabo Cyriaque, Zoungoula Abel. On se connaissait bien au moment où nous avions fait notre entrée dans la lutte clandestine.


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