Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

 

 

Rechercher

28 juillet 2009 2 28 /07 /juillet /2009 15:05

27 juillet 2009
Le Confident


Martin Ziguélé demande une commission d'enquête mixte

Le Confident (LC): Monsieur Martin Ziguélé, Président du MLPC, vous aviez au cours de votre point de presse du jeudi 16 juillet, pointé le doigt accusateur sur M. Elie Oueifio, ministre de l’administration du territoire qui utilise dans la Nana Mambéré et l’Ouham-Pendé, les autorités locales pour verrouiller le processus électoral. A cette même occasion, vous avez déclaré que M. Elie Oueifio procédait déjà à un recensement électoral.

Le lundi 20 juillet, le Ministre de l’Administration du territoire a réfuté, devant la presse à la Primature, vos propos qu’il a qualifiés d’allégations grossières et a apaisé les inquiétudes de la communauté nationales au sujet de l’organisation des élections de 2010. Pouvez-vous repréciser les faits et propos qui prouvent que l’actuel régime met en place un dispositif de fraude électorale dans la Nana-Mambéré et l’Ouham-Pendé ?

Martin Ziguélé (M.Z.): Comme vous le soulignez si bien, j’ai effectué une longue tournée au cours de laquelle j’ai tenu des assemblées générales de nos militants dans les localités suivantes : Yaloké, Bossemptélé, Bozoum, Paoua, Ndim, Ngaoundaye, Bang, Man, Bocaranga, Koui, Bohong, Bouar, et Baoro. Partout ma délégation composée de 23 personnes a été très bien accueillie par les populations venues en masse à nos assemblées générales. C’est au cours de cette tournée que j’ai eu à faire le constant suivant que je confirme sur tous les points:

J’ai vu de mes propres yeux les cahiers de recensement électoral effectués dans une sous-préfecture, et j’ai lu la lettre de leur transmission au Ministre Oueifio, sous-couvert du Préfet de cette région . Dans cette lettre de transmission, il était bien marqué « A Monsieur le Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation. Conformément à vos instructions, je vous prie de trouver ci-joint les cahiers du recensement électoral effectué dans ma zone de juridiction. » Pour justement éviter des dénégations ultérieures, j’ai également fait constater ce recensement illégal par le député de la localité qui témoignera le moment venu.

Devant cette situation, j’ai décidé de vérifier systématiquement si toutes les localités visitées ont connu cette pratique. Il m’a été confirmé par plusieurs sources autorisées que ce recensement a été fait selon le même mode opératoire.

Je tiens à signaler que ce recensement illégal et clandestin à l’initiative du Ministre Oueifio s’est opéré et continue à ce jour à se faire dans plusieurs régions de la RCA.

Dans certaines régions, les mouvements de rébellion s’opposent pour diverses raisons à ce recensement clandestin et cela a fait l’objet d’échanges de correspondances entre ces rebelles et l’administration locale.

Les maires et les chefs de village sont quotidiennement menacés de radiation de leurs fonctions jusqu’à ce jour par les sous-préfets et les préfets, sur ordre direct du Ministre Oueifio. Celui-ci utilise la politique du bâton et de la carotte pour intimider toutes les autorités locales (préfets, sous-préfets, maires et chefs de village) , de la manière suivante: si vous coopérez pour l’implantation et le renforcement de KNK, vous gardez votre poste, sinon vous serez relevé de vos fonctions. Et je confirme également que des sommes d’argent ont été proposées aux maires et chefs de village pour démissionner des partis d’opposition et soutenir le KNK. Toute ma délégation est témoin des déclarations en ce sens.

Je mets au défi le Ministre Oueifio d’accepter la mise en place d’une commission d’enquête avec des représentants de la justice centrafricaine (parce qu’ils peuvent recueillir des dépositions et effectuer des constats sous serment), de la MICPOPAX (parce que leur le rôle est de maintenir la paix et la sécurité dans notre pays) et du BONUCA , afin de vérifier de manière indépendante et professionnelle tout ce que j’ai vu et dénoncé, et nous verrons bien qui fait des allégations mensongères.

Après le boycott du vote du projet du code électoral par l’opposition parlementaire, l’UFVN et l’UAP ont successivement publié une déclaration, adressé des correspondances à certains chefs d’Etat et organisé un meeting au siège du RDC pour situer l’opinion publique sur la rupture du consensus. Pourquoi l’opposition démocratique qui est représentée au Comité de Suivi des Recommandations du Dialogue Politique Inclusif boude t-elle le Code électoral voté par la majorité parlementaire ?

Je crois qu’il est essentiel de rappeler, pour le souligner, que notre démarche est une exigence de respect de la résolution ad hoc du Dialogue Politique Inclusif. Il vous souviendra que le Dialogue Politique inclusif avait décidé que le code électoral de 2004 sera relu par un comité ad hoc regroupant l’ensemble des parties prenantes à ce Dialogue. Ce comité a produit un projet de code consensuel, que le Ministre Oueifio a ensuite soumis au gouvernement qui l’a amendé sur des points très importants :

Le Président de la Commission Electorale Indépendante qui devait être élu par ses pairs serait désormais de facto nommé par le pouvoir. De quelle indépendance pourrait se prévaloir la CEI dans ce cas ? Pourquoi il est accepté que les commissions électorales locales aient leurs présidents élus par leurs pairs et que ce principe soit refusé pour la Commission Electorale nationale ? Pourquoi cette entorse au principe de parallélisme de forme si ce n’est une volonté de caporaliser cette structure ?

Le nombre des membres de la Commission Electorale Indépendante est ramené de 61 à 31, alors que cette proposition se justifie par l’expérience de 2005 où la CEMI était débordée par le travail à cause de la faiblesse de son effectif. Ce sous effectif avait négativement influé en 2005 sur la qualité du travail de gestion du processus électoral. Le pouvoir justifie cette réduction par des soucis d’économie alors que des élections bien gérées sont un facteur de paix et de stabilité du pays.

L’initiative du recensement électoral, ainsi que la conduite de l’ensemble du processus électoral doit revenir à une CEI réellement indépendante. Cette exigence devient plus forte après la découverte des manœuvres du Ministre Oueifio que je dénonce plus haut.

Selon des sources concordantes, l’UFVN et l’UAP envisagent la possibilité de mettre au point une stratégie unitaire pour assurer l’alternance au pouvoir. Avez-vous déjà procédé au bilan de la lutte politique menée par les précédents regroupements de partis. Quelles sont les chances de succès de cette stratégie ?

Le MLPC pense que seule l’union sacrée de toute l’opposition démocratique et des forces vives de la nation, pourra créer la majorité d’idées et d’action nécessaires, soudée autour d’une plate-forme commune, pour l’atteinte de trois objectifs essentiels : avoir un processus électoral transparent et équitable; battre les forces conservatrices, autocratiques et rétrogrades coalisées au sein du pouvoir actuel par les urnes en 2010; appliquer après la victoire un programme de gouvernement commun, dans une démocratie apaisée.

Je puis vous assurer que le MLPC y travaille de toutes ses forces. Nous devons naturellement tous travailler à éviter le scénario de 2005 qui a permis à BOZIZE de surfer sur nos contradictions.

A quand votre retour à Bangui ?

Je suis en Europe pour une tournée politique et serai au pays début août. 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Textes De Juliette