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6 avril 2009 1 06 /04 /avril /2009 16:32

6 avril 2009
Centrafrique Presse

Après moult médiations du président Bongo Ondimba, le dialogue politique inclusif centrafricain a permis de réunir en décembre 2008, autour d'une table les frères ennemis du gouvernement, de l'opposition civile et armée. Quatre mois plus tard de l'espoir suscité par ces assisses il ne reste plus rien. A un an de la date présumée des élections le gouvernement semble plus préoccupé par son maintien au pouvoir que par la recherche des solutions en faveur du retour à une paix durable. Arrivé en libérateur en 2003, François Bozizé est aujourd'hui présenté par tous comme le principal responsable de la crise qui mine le pays. En 50 ans d'indépendance, le pays n'aura connu aucune période de stabilité.

Nommé  premier ministre par Ange-Félix Patassé en avril 2001, Martin Ziguélé le demeurera jusqu'à la chute du fantasque président en mars 2003. Depuis son exil parisien il va préparer sa campagne en vue de l'élection présidentielle de 2005. Avec 35,4% des suffrages il perd au second tour face à François Bozizé qui légitime ainsi un pouvoir acquis par les armes deux ans plus tôt.

Le soutien de l'encombrant parti d'Ange-Félix Patassé, le Mouvement de libération du peuple centrafricain aurait été dit-on fatal à l'ancien premier ministre. Hostile à la démission de François Bozizé, réclamée par l'opposition  pendant les assisses du dialogue politique inclusif de décembre 2008, Martin Ziguélé attend sagement son heure. Rendez-vous en 2010 pour les municipales, les législatives et la présidentielle.

Ci dessous, les principaux extraits par thèmes des réponses de Martin Ziguélé à Denise Epoté.

Sur le MLPC, Patassé et le coup d’Etat de Bozizé

« Beaucoup de gens n’ont pas pris la mesure des transformations qu’il y’a eu à l’intérieur du MLPC… Patassé est un camarade qui a beaucoup apporté pour le raffermissement et le développement du parti et le moment venu nous lui rendrons hommage pour ce qu’il a fait sur le plan personnel pour le MLPC. Mais il n’en demeure pas moins que le MLPC est une association politique qui a ses statuts et ses règles de fonctionnement et qui a une direction qui est en place. Le problème que d’aucuns voient, nous ne le voyons pas. Parce qu’au sein du parti tout le monde est mobilisé pour les missions que nous nous sommes assignés lors du dernier congrès, donc le problème Patassé est un problème beaucoup plus médiatique. Sur le plan interne au parti, il n’ya pas de problème Patassé »

« En Afrique plus un pays est fragile, plus large doit être sa base politique. C’est-à-dire quand vous gagnez des élections, c’est en ce moment que le travail d’élargissement de la base politique du pouvoir doit s’intensifier. C’est pour ces raisons qu’à chaque crise la base politique du régime s’est rétrécie. Le MLPC est un parti social-démocrate et nous avons gagné les élections contre Abel Goumba, qui est à la tête d’un parti également social-démocrate et qui a une légitimité historique et politique indéniable, avec qui on pouvait s’allier pour élargir notre base politique et c’est ce qui n’a pas été fait… »

Sur la demande de démission de Bozizé

« Je suis intimement convaincu que le plus grand mal qu’on puisse faire à son pays est d’institutionnaliser les contre exemple. Quelqu’un a dit qu’il y aurait des bons coups d’Etat mais moi je n’y crois pas… » « Je pense qu’il fait partie du problème donc il doit faire partie de la solution…Je voudrais que ceux qui ont fait un coup d’Etat reconnaissent eux-mêmes qu’ils ont posé des actes graves contraires à l’intérêt de notre pays. Accédez au pouvoir de l’Etat n’est pas être chef d’état major de l’armée…

« Interrompre un régime par la démission est une mauvaise chose… » « Interrompre le mandat d’un président en cours d’exercice n’est pas très pédagogique…dans un pays qui cherche à construire une démocratie… » « Si Bozizé avait démissionné, cela n’aurait pas été quelque chose de positif, il aurait lâché les chiens pour créer l’insécurité...puisqu’il a toujours cherché à être au pouvoir,  il faut le laisser conduire sa mission  jusqu’à la fin, pour qu’il y ait des élections transparentes et crédibles auxquelles tous les Centrafricains puissent participer… »

Au sujet de l’EUFOR

« L’EUFOR a été conçue pour le problème du Darfour et du Soudan…Elle n’intervient pas dans la pacification de la République centrafricaine…L’EUFOR ne doit pas se cantonner seulement à une partie du pays. Sa mission doit couvrir l’ensemble du pays dont l’arrière est livré, soit aux rebelles, soit aux exactions des forces régulières, soit à des bandits de grand chemin etc…Le peuple centrafricain  souffre dans sa chair de l’insécurité. C’est dans tout le pays que la mission de l’EUFOR devrait intervenir…"

Sur le Dialogue Politique Inclusif et la suite

« Je suis très triste quand je vois la manière avec laquelle le pouvoir de Bangui gère la suite du Dialogue politique inclusif eu égard à l’investissement de la communauté internationale et à celui personnel du président Omar Bongo Ondimba qui a interrompu sa fête de la Tabaski pour venir à Bangui parrainer et clôturer ce forum. Malheureusement le pouvoir s’est employé à dévoyer et à vider de sa substance les recommandations du dialogue, à se livrer à un jeu politicien là où il s’agit de la vie et de la sécurité des hommes et des femmes qui meurent dans ce pays où il y a des affrontements depuis des années. Quand vous êtes chef d’Etat vous êtes politiquement, personnellement,  et exclusivement responsable de la direction. Vous devez être à l’initiative.

Qu’est ce qui a été décidé fondamentalement au dialogue ? C’est de mettre en place un gouvernement de consensus qui réunisse toutes les entités qui se querellaient hier et ayant pris part au dialogue pour gérer un peu mieux leur pays et pour consensuellement organiser les élections.  Le président Bozizé a fait une lecture de la constitution de la RCA à lui qui consistait en résumé, à dire que le premier ministre ne faisait pas partie du gouvernement. Donc La manœuvre était claire. C’est de garder son PM et de faire un gouvernement d’amis, de parents, de copains, de cousins de fils et de neveux…. Pendant que l’on parle de sauver le pays, Bozizé lui,  pense à sauver son fauteuil. Bozizé a refusé de mettre en place un gouvernement consensuel.

A propos du PM Touadéra, de l’insécurité et du DDR

« Sur le DDR, je voudrais poser un préalable. Il y a eu 8 milliards de F CFA accordés à titre exceptionnel par le dernier sommet des chefs d’Etat de la CEMAC pour le DDR.C’est le président Bozizé lui-même qui a signé le communiqué final. Il semble que le gouvernement voudrait mettre la main sur une partie de cette enveloppe pour financer l’effet de la crise. Il faut que cet argent serve effectivement à financer en totalité le DDR. Il n’y a pas de volonté politique d’avancer. La situation d’insécurité du pays arrange dans une certaine mesure le pouvoir en place pour que le statu quo persiste ».

« Le Premier Ministre Touadéra je l’aime bien. C’est un monsieur très poli et très courtois. Mais il n’a aucun pouvoir. Le pouvoir politique appartient à Bozizé seul et au groupe de personnes qui l’ont suivi dans la rébellion et qui pensent que la RCA est un butin de guerre dont ils usent et abusent. Il y a toute une liste de violation de droits de l’homme commise par des gens de l’entourage de Bozizé en toute impunité. Malgré sa bonne volonté, Touadéra ne peut rien faire sur les problèmes de sécurité. La seule personne qui est responsable de cette situation et qui répondra c’est Bozizé et Bozizé seul… »

Sur les exactions des troupes de Jean-Pierre Bemba

« Que la vérité éclate sur tous les plans !...J’ai été poursuivi et innocenté par la justice. Sur le problème des exactions des éléments du MLC de Jean-Pierre Bemba en Centrafrique, je souhaite que la justice, comme elle est impartiale et intemporelle,  aille jusqu’au bout sur la qualité des donneurs d’ordre, des procureurs, des exécutants, des accusés, des accusateurs, des facilitateurs…pour que la lumière soit totalement faite et que justice soit effectivement rendue pour toutes les victimes sans exception. »

Sur sa candidature à la présidentielle de 2010

"Il y aura un congrès extraordinaire du MLPC les 11, 12 et 13 juin 2009 qui désignera le candidat du parti. Je me plierai aux décisions de cette assise."

Sur Barthélemy Boganda

"Sa disparition a été un choc traumatique pour les Centrafricains. Sa mort doit être un aiguillon pour les centrafricains.

Si Boganda était encore en vie, il aurait 100 ans l’année prochaine. Il était né en 1910 . Si la République centrafricaine a pu mettre au monde un fils de sa trempe il y a bientôt cent ans, c’est qu’elle peut encore en produire plusieurs aujourd’hui. C’était un visionnaire, un nationaliste, grandement en avance sur son temps, il aimait son pays. Il avait un itinéraire exceptionnel. Il avait cinq objectifs : loger, nourrir, instruire, soigner, vêtir. S’il se réveillait aujourd’hui, il nous interdirait de célébrer ses anniversaires ».

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