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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 17:45

5 mars 2009
© Camer.be
Interview réalisée par Hugues SEUMO

Voici 18 ans et de manière constante qu’il lutte pour l’instauration de la démocratie citoyenne au Cameroun. Les idées ne lui manquent pas. Docteur Hilaire Kamga, puisqu’il s’agit de lui est le président des Nouveaux droits de l’Homme Cameroun et en même temps secrétaire permanent de la plateforme de la société civile sur la démocratie. Dans cet entretien accordé à Camer.be, il parle des missions et objectifs de la plateforme,du système électoral camerounais, de la société civile... Lisez plutôt

Bonjour Citoyen Kamga, pouvez-vous en tant que secrétaire permanent et porte parole de la société civile pour la démocratie dire à nos lecteurs ce que c’est exactement ?

Merci pour l’opportunité que vous me donnez d’éclairer les nombreux lecteurs de Camer.be sur les activités de la Société Civile Camerounaise en matière de promotion de la démocratie.


Pour revenir à votre question, il faut noter que la PlateForme de la Société Civile pour la Démocratie (La Plate-Forme) est un réseau de personnes physiques et morales qui partagent un objectif commun : œuvrer pour une alternance au pouvoir par les urnes et dans la paix au Cameroun à l’horizon 2011. La Plate Forme, créée en 2004, compte aujourd’hui 167 organisations membres issus de toutes les régions du Cameroun et de la Diaspora.

Quel est le rôle de la Plate-forme de la Société civile pour la démocratie?

Comme je l’ai mentionné plus haut, il s’agit d’œuvrer pour une Alternance au pouvoir dans la paix et par les urnes à l’horizon 2011. En clair, nous n’admettons pas la possibilité pour le Système Biya de se pérenniser au pouvoir après 2011. Nous sommes convaincus qu’ils ont fait leur temps, ils ont bouclé leur mission qui était celui de sécuriser les intérêts néocoloniaux de leurs parrains français. Ils doivent laisser la place à une nouvelle génération de camerounais pour la réalisation d’un nouveau rêve générationnel.


Il s’agit aussi à la Plate-Forme, qui lutte pour l’alternance, de constater que les partis politiques (pouvoir et opposition confondus) qui ont occupé les devants de la scène depuis 1990 sont aussi disqualifiés pour parler de l’alternance. Cela pour plusieurs raisons : d’abord la culture de l’alternance leur est étrangère puisque les dirigeants de ces partis sont aussi restés les même pendant près de 20 ans, ensuite parce que ces formations ont été incapables de traduire en dynamique cohérente de victoire les désidératas des populations qui en ont assez avec l’asservissement auquel le Régime Biya les soumet. Bref, la Plateforme se donne pour mission de fédérer les forces positives et vraiment engagées en vue d’une part d’obtenir une alternance par les urnes et dans la paix, et d’autre part de contrôler le prochain pouvoir post-alternance. A cet effet, nous avons adopté pour la 1ère phase un premier Plan d’action lors du dernier Forum National de la Société Civile tenu à Douala en octobre 2007.

Parlant justement du premier forum national de la Société civile camerounaise qui avait eu lieu à Douala du 25 au 27 octobre 2007? Qu’est ce qu’on avait pu retenir des travaux de ce forum ?

On a pu retenir au moins 4 choses ;
- La détermination de la Société Civile à s’engager dans la promotion de l’article 21 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ;
- L’adoption d’un plan d’action pour la société civile qui se bat pour l’alternance au pouvoir ;
- La mise en place d’un embryon de leadership structurant de la société civile en matière de démocratie.
- Enfin l’adoption de la Déclaration de Bonamoussadi qui est un véritable carnet de base de nos préoccupations

Avez-vous été satisfaits à l’époque des résolutions que vous avez évoquées ?

Bien entendu. Nous avons des résultats au delà de nos attentes. Il faut noter que les travaux de Bonamoussadi ont connu la participation des Société Civile d’autres pays africains qui sont venus nous soutenir. On peut citer le Tchad, le Congo, la Lybie, la Cote d’ivoire, la RCA, etc.
Nous espérons que le 2ème Forum National de la Société Civile sur la Démocratie qui se tiendra à Bamenda du 29 au 31 mai 2009 connaitra le même succès et constituera le véritable point de départ pour la grande mobilisation pré alternance.

Que pensez vous du système électoral camerounais avec à chaque consultation électorale des forts taux d’abstentions enregistrées au niveau des populations ?

D’abord, il faut signaler que le système électoral camerounais a été conçu à l’époque dans le but de maintenir régulièrement le RDPC au pouvoir : l’un des concepteurs de ce Système l’a officiellement déclaré il y a quelques années (feu prof François Mbomé). Mais cette logique conceptuelle ne saurait à elle seule justifier la faiblesse des forces dites de l’opposition. Une récente étude menée par le Cabinet Futur’Afrique Consult, montre clairement que, contrairement à l’affirmation régulièrement répandue selon laquelle « l’abstention est uniquement le fait du système frauduleux verrouillé par le RDPC au pouvoir » est fausse. En effet, cette abstention est expliquée par 3 facteurs. Le système frauduleux (27%), la rationalité de l’électeur camerounais (24%) et l’inconsistance de l’offre politique ambiant doublée à la lecture que le citoyen fait de gestion des parcelles de pouvoir par l’opposition (49%). En clair, toute chose égale par ailleurs, seul un nouveau leadership et une nouvelle offre politique, pourront permettre de ramener les citoyens vers les urnes.

Que pensez de ceux qui affirment que le peuple camerounais ne s’intéresse plus à la chose politique ?

Comme je l’ai dit tantôt cette affirmation est fausse. Il est plus correct de dire, les camerounais ne s’intéressent plus aux hommes politiques qui pullulent sur la scène en ce moment. Mais les camerounais restent intéressés par la politique, comment pouvait-il d’ailleurs en être autrement dès qu’ils subissent au quotidien les affres de cette politique. Il y a donc plus une absence de lisibilité des actions, des projets et des ambitions des forces alternatives en présence actuellement. Par conséquent le problème se résume en une question de leadership gagnant.

"Ensemble nous pouvons changer le Cameroun, Nous allons changer le Cameroun."

Vous affirmiez il y a de cela quelques mois chez nos confrères de la radio RTS au cours d’une émission que votre objectif majeur est d’avoir un minimum de 10 millions d’électeurs qui devront en 2011 apporter l’alternance par la voix des urnes dans la stabilité et la paix. Avez-vous assez de moyens pour atteindre cet objectif ?

Je crois en mon pays. Je suis dans cette bataille depuis 18 ans et ce de manière constante. Je crois en notre génération. Le problème ne se trouve pas seulement dans les moyens financiers mais davantage dans notre capacité à comprendre que notre heure est venue. Que la misère a assez duré. Que ceux qui nous gouvernent depuis les indépendances ont aussi droits à la retraite et qu’ils doivent la prendre. Que nous sommes prêts pour gérer ce pays que nous nous pouvons plus supporter par exemple qu’ils détruisent les habitations de plusieurs milliers de familles sans aucune indemnisation, au fallacieux prétexte de la modernisation de la ville.


Notre but commun est d’amener tous les jeunes de ce pays à comprendre cela. A comprendre qu’ensemble nous pouvons et que nous allons changer ce pays. A comprendre que ce changement doit passer par une phase non politicienne. Lorsque ce plaidoyer va être bien repris dans tous les recoins du Cameroun, alors nous aurons gagné la première bataille. Bref, nous avons les moyens idéologiques et intellectuels nécessaires. Ensemble nous serons capables de mobiliser les autres ressources nécessaires. Il est donc facile si nous nous impliquons tous d’obtenir en 2011 les 10 millions d’électeurs. A coté de ce dispositif, La Plate-Forme a décidé aussi de lancer la CECI (Commission Electorale Citoyenne) pour répondre au hold-up d’ELECAM.

Quelle est la relation que vous entretenez avec les syndicats, les chefferies traditionnelles et tout autre corps social au niveau du Cameroun ?

La plate-forme accepte en son sein tous ces corps que vous venez de citer. Plusieurs syndicats sont membres de la Plate-forme. Plusieurs structures religieuses aussi. Plusieurs chefs traditionnels, surtout de l’Ouest et du Nord Ouest appuient nos actions. Nos organisations membres des Régions du Nord collaborent aussi très bien avec certains lamidos qui se sont arrimés aux normes des droits de l’homme dans leur gouvernance.
Le progrès de la démocratie dans notre pays doit être une affaire de tous. Nous devons tous nous battre pour éviter à notre pays de sombrer dans la violence. En nous mobilisant, nous sommes capables par les urnes d’amener le changement dans notre pays. Je suis souvent très triste de lire les réflexions de certains compatriotes, qui préfèrent des raccourcis du genre seule l’option militaire ou rebelle peut permettre une alternance au pouvoir. C’est très irresponsable et dangereux pour notre pays. Des exemples abondent autour de nous pour montrer aucune dictature ne résiste longtemps à un peuple déterminé. En ce qui me concerne, je voudrais rappeler à ceux qui tiennent ce genre de discours de looser que les citoyens, sous notre houlette se mobiliseront contre de telles logiques. .

Une manière de dire que vous êtes des acteurs de la démocratie ?

C’est assez clair non ? Notre mouvement se nomme bien Plate forme de la société civile pour la démocratie.

Un dernier mot ?

Que toutes les organisations citoyennes qui croient en l’alternance par les urnes et dans la Paix à l’horizon 2011 rejoignent la plateforme. Que les citoyens de la diaspora s’investissent dans cette dernière phase de la lutte. Il ne s’agit pas simplement de faire des déclarations ou des communiqués pour rappeler son existence, mais d’appuyer les efforts des associations citoyennes, des GIC des villages, de leurs familles au pays et de s’assurer que dans ces cercles de base, tout le monde est inscrit sur une liste électorale et dispose d’une carte. C’est la seule bataille utile qui compte pour l’instant car il me semble toujours contreproductif de passer plus de temps à faire l’inventaire des crimes éventuels du système Biya. C’est un disque raillé et les camerounais attendent autre chose.
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