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18 février 2009 3 18 /02 /février /2009 19:38

18 février 2009
La Nouvelle Expression

Le potentiel au Cameroun est énorme. Le pétrole, de nombreuses matières premières, des sols fertiles, des ressources humaines laborieuses et ingénieuses, une façade maritime, des plages ensoleillées.

Un pays riche et une jeunesse pauvre

Les matières premières sont plutôt une malédiction qui a toujours attisé le gaspillage, la corruption dans les pays producteurs. Ce phénomène a été diagnostiqué dans les années 1950 aux Pays-Bas et les économistes l’appellent aujourd’hui le syndrome hollandais (Dutch desease). La découverte des gisements de gaz en mer du Nord était une fantastique opportunité pour ce pays mais elle en a complètement déstabilisée l’économie. L’afflux brutal des capitaux a entraîné une hausse de la dépense publique et de la consommation des ménages. Les prix ont grimpé, les Néerlandais se sont mis à importer des produits.

L’agriculture et l’industrie ont été déstabilisées, plongeant le pays dans une quasi récession, alors même que la richesse par habitant augmentait.

Comme la Hollande des années 1950, le Cameroun fait face à la persistance d’un taux élevé de chômage, d’un niveau de pauvreté importante, l’un et l’autre favorisant l’exclusion sociale. D’où les émeutes de la faim enregistrées en février 2008 dans les grandes métropoles.

L’effacement de la dette relance l’économie

Le 28 avril 2006, le Cameroun a atteint le point d’achèvement de l’initiative de réduction de la dette en faveur des pays pauvres très endettés, amenant la communauté internationale à ramener la dette à de 33% à 3% du PIB et à réinjecter dans l’économie ce qui correspond à 20 euros de plus par habitant et par an. Ces efforts d’assainissement économiques menés par le Gouvernement et la création d’un ministère de la jeunesse suffissent-ils à assurer l’avenir des jeunes au Cameroun ? Rien n’est moins sûr.

Absence des données statistiques sur la jeunesse

L’affichage institutionnel que constitue la création d’un ministère en charge des problèmes de jeunesse n’est pas une sinécure ou une baguette magique. Comme on le sait, lorsqu’on se propose de recevoir des convives dans sa maison, la moindre des choses est de chercher à connaître le nombre d’invités à entretenir, sinon on pourrait regretter au bout du compte de nombreuses sources d’insatisfaction et des déperditions diverses, c’est le bien-fondé du recensement de la population et de l’accès aux statistiques y afférentes.

Au Cameroun, le recensement de la population en général et des jeunes en particulier est un luxe totalement inutile. Le résultat est que la création du ministère de la jeunesse ne résout aucun problème, puisque le nombre de jeunes au Cameroun ne peut pas être sérieusement déterminé par les personnes publiques ou privées en charge de la gestion des questions juvéniles.

Un enseignement supérieur parfois inadapté au marché de l’emploi

Le taux de chômage à la sortie de l’enseignement supérieur s’établit à plus de 40 %. Il faudrait une croissance de plus de 10 % pour absorber ces nouveaux demandeurs d’emploi. Une bonne partie des filières proposées par l’Université ne sont pas adaptées au marché du travail.

Le Gouvernement avait pourtant créé un conseil national de l’enseignement supérieur dont la dernière réunion remonte en 1982. 26 ans de léthargie ! Et pourtant, c’est ce conseil qui définit les orientations et les programmes académiques pour les adapter aux besoins nationaux de développement de la jeunesse.

Les mauvaises conditions de travail et les bas salaires n’incitent pas les étudiants à travailler dans leur pays. Conséquences, il ne reste plus que 400 médecins environs au Cameroun contre 4 000 à l’étranger soit un médecin pour 1 000 habitants dans les villes et 1 pour 40 000 dans les zones défavorisées (les chiffres sont du nouvel observateur).

Dans ces conditions, et pour paraphraser Heidegger, qui écrivait que l’homme est un être- pour-la-mort, nous pouvons dire que la jeunesse camerounaise est une jeunesse pour l’immigration. Non pas une immigration volontaire, non plus une immigration choisie comme la présente la politique française actuelle, mais une immigration forcée par les circonstances de précarité ambiante, une immigration qui passe par les clôtures de protection de Melilla et Ceuta, enclaves espagnoles situées au nord du Maroc et par les îles Canaries. C’est sans surprise qu’une vingtaine de jeunes Camerounais sont morts en début d’année 2008 dans une embarcation au large de la Guinée Conakry.

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