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11 février 2009 3 11 /02 /février /2009 22:16

11 février 2009
Hugues Seumo
Camer.be

L’ONG de la protection des droits des journalistes CPJ vient de publier un rapport sur l’état accablant sur les attaques contre la presse en 2008 au Cameroun. L’Association de défense des droits des journalistes dénonce, dans ce document publié dans la journée du 10 février 2009, de graves violations des droits des journalistes. La presse variée du Cameroun, l'une des plus dynamiques en Afrique selon cette Ong, a "travaillé sous de réelles pressions.

Des dirigeants politiques et d'influentes personnalités ont eu recours aux menaces, aux mesures de censure et au harcèlement judiciaire afin d'intimider la presse dans son traitement des sujets sensibles de l'actualité nationale."

Ledit rapport s'intéresse également aux médias qui " ont ainsi été ciblés pour leur couverture d'un projet d'amendement constitutionnel" au Cameroun au courant de l’année 2008.

Cette organisation dont le siège se trouve à New York affirme qu "Au pouvoir depuis 1982, Biya a fait passer à l'Assemblée Nationale un amendement levant la limite des mandats présidentiels. Alors que les médias animaient un débat national sur cette réforme constitutionnelle, les autorités ont pris des mesures pour faire taire les opinions dissidentes. Dès le 21 février, une escouade de policiers contraint ainsi Equinoxe Télévision, une station privée de la capitale économique Douala à cesser d'émettre. Le ministre de la Communication, Jean-Pierre Biyiti Bi Essam, qui a ordonné cette descente, a accusé la station de ne pas être en règle envers le paiement des frais de licence audiovisuelle s'élevant à 100 millions de francs CFA (227 000 dollars US). L'enquête du CPJ a démontré que cette mesure a été appliquée sélectivement : seules trois stations privées sur 12 avaient à l'époque payé ce droit, qui a été imposé par le gouvernement en 2000. Le gouvernement autorisait la plupart des autres stations à émettre sous ce que les journalistes camerounais ont qualifié de « régime de tolérance administrative."

Ledit rapport ne lésine pas sur les moyens pour apporter des clarifications sur le cas du groupe TV-Radio Equinoxe. "La police a également fermé la station partenaire d'Equinoxe Tv, Equinoxe Radio. Tant à travers sa télévision que sa radio, le groupe Equinoxe s'était distingué par sa couverture en pointe du débat constitutionnel, diffusant des débats politiques et reportages en direct sur les manifestations."

L’Ong cite aussi le cas de Lilianne Nyatcha, caméraman de Spectrum TV et de plusieurs journalistes qui s'étaient retrouvés coincés au milieu des manifestants en février 2008 lors des émeutes qui avaient secouées le Cameroun, tout en insistant sur le cas d'un "homme en tenue militaire" qui avait confisqué la caméra et le matériel d'enregistrement de cette dernière, "sous la menace de son arme alors qu'elle filmait une manifestation à Douala. Elle n'a pas récupéré ses images, même si on lui a finalement rendu sa caméra."

L’Ong évoque ensuite le cas d'un autre caméraman, Eric Golf Kouatchou de Canal 2, et qui a selon ce rapport " vu son enregistrement détruit par les policiers après qu'il ait filmé la police anti-émeute réprimant une manifestation." [...] Le journaliste et d'autres ont été contraints à nettoyer des amas de cendre sur plusieurs kilomètres de route"

L’ong cite aussi le cas de Magic FM. Alors que cette dernière diffusait une émission interactive au cours de laquelle plusieurs auditeurs ont critiqué le discours présidentiel. Peu de temps après "des soldats armés ont encerclé Magic FM, confisqué son équipement et accusé son personnel de « diffuser de façon irresponsable ». Bien qu'aucun ordre officiel n'ait jamais été produit, cette descente policière a de facto fermé cette station qui est associée à la Voix de l'Amérique, média financé par le gouvernement américain, jusqu'en juillet 2008."

D'autres journalistes, dont Yvonne Cathy Nken de Canal 2 et Polycarpe Essomba, correspondant de Radio France Internationale, ont pris la clandestinité après avoir reçu des menaces téléphoniques à la suite de leur couverture des troubles politiques, affirme cette ONG.

Jean-Marc Soboth, secrétaire national du Syndicat National des Journalistes du Cameroun, a lui aussi déclaré avoir reçu des menaces pour avoir dénoncé les violations de la liberté de la presse révèle ledit rapport.

Opération Epervier

Le rapport s’intéresse aussi des enquêtes des médias sur des affaires de corruption. Le ministre de la Communication Essam a accusé des médias, sans les nommer, de « manipuler l'opinion publique » sur ces affaires. Juges et procureurs, eux, ont cherché à censurer la couverture de la presse.

En juin, par exemple, pouvons nous lire " le procureur général de Yaoundé, Jean-Pierre Mvondo Evezo'o, a menacé de poursuivre tout journaliste publiant des détails sur des enquêtes en cours sur la corruption. Selon lui, les journalistes fautifs seraient passibles d'une peine de trois ans de prison ferme et d'une amende de 5 millions de francs CFA (10 000 dollars US)."

Cet avertissement faisait suite à une série de révélations dans la presse sur le scandale de « l'albatros » à propos de l'achat d'un jet présidentiel Boeing 767 défectueux qui a failli s'écraser lors de son vol d'inauguration en 2004.

Un autre point soulevé par ledit communiqué, "En août, Grégoire Owona, le ministre délégué à la présidence de la République chargé des relations avec les Assemblées, a eu gain de cause dans une poursuite pour diffamation contre l'hebdomadaire Nouvelle Afrique. L'affaire découlait de la publication par le journal en 2006 d'une liste de présumés « homosexuels cachés » dont Owona. L'homosexualité est illégale au Cameroun. Un magistrat de Yaoundé a condamné le rédacteur en chef du journal, Biloa Ayissi, à six mois de prison et à une amende d'un million de francs CFA (2 000 dollars US). Le journal a cessé sa publication après le jugement bien que Ayissi soit resté libre dans l'attente de la procédure d'appel."

Le cas du directeur de publication de l'Ouest républicain est aussi évoqué. "En septembre 2008, un éditorial critiquant la ministre de la Recherche scientifique Madeleine Tchuinté a conduit à l'arrestation de Michel Mombio, rédacteur en chef du bimensuel L'Ouest Républicain, à Bafoussam au nord-est de Douala. Mombio a été inculpé de tentative de fraude, chantage et insulte à la suite d'un éditorial très critique sur le passé de Tchuinté."

Vers la fin dudit rapport, le cas du coup de tête infligé au journaliste Philippe Boney de la radio Tiemeni Siantou par le footballeur Samuel Eto'o. "Le 30 mai, après que des dizaines de reporters aient quitté une conférence de presse d'avant match en protestation contre le comportement des joueurs, le buteur vedette Samuel Eto'o a donné un coup de tête au reporter Philippe Boney de Radio Tiéméni Siantou. Plusieurs témoins oculaires ont dit au CPJ que les gardes du corps de Eto'o ont rossé Boney, tandis que le gardien de but et entraîneur Thomas Nkono confisquait les téléphones portables des reporters essayant d'enregistrer le chaos. Boney a eu un bras cassé et un congé maladie de six semaines. Eto'o a d'abord affirmé que Boney l'avait insulté, mais il a plus tard présenté ses excuses à la télévision."

" Les pressions financières ont aggravé les difficultés de la presse. Les journalistes locaux disent que la presse est touchée par des pratiques professionnelles médiocres ou des actes contraires à la déontologie" une manière de lancer un SOS en direction des autorités locales en charge de la communication car, certains journalistes " ont fait campagne pour de meilleurs salaires, mais les divers médias nationaux [...] ont peiné à promouvoir des progrès professionnels.

Note de la rédaction: CPJ signifie en langue anglaise (Committee to Protect Journalists). Site web www.cpj.org

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