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4 février 2009 3 04 /02 /février /2009 22:21

4 février 2009
La Libre

Détournements, surfacturations, dépenses aux motivations floues: au Cameroun, épinglé comme un des pays les plus corrompus au monde, la corruption gangrène également ONG et associations de la société civile dont certaines se posent pourtant en chantres de la transparence.

A l'instar de fonctionnaires profitant de leur position pour s'enrichir, beaucoup de membres d'organisations non gouvernementales s'attachent à capter des fonds pour leur propre compte, selon le professeur néerlandais Michel van Hulten, qui fut pendant un an l'expert d'un programme national anti-corruption.

Or, à la différence des acteurs étatiques, ces organisations ont "la prétention d'être honnêtes", souligne-t-il.

Beaucoup d'ONG passent l'essentiel de leur temps de réunion à discuter des "per diem" à reverser à leurs membres à la fin de chacune de leurs séances de travail, déplore le responsable d'une organisation camerounaise qui a requis l'anonymat.

Selon M. van Hulten, certains représentants de la société civile participent également aux séminaires, ateliers ou sessions de formation de bailleurs de fonds seulement pour toucher de l'argent, les per diem versés à ces occasions étant "relativement élevés par rapport aux salaires locaux".

L'Etat lui-même remet entre 380 et 760 euros aux personnes ayant assisté aux réunions de comités "multipartites" qu'il a mis en place et où siège la société civile. Rares sont les ONG qui les déclinent, regrette-t-il.

Les représentants de la quasi-totalité de la dizaine d'ONG représentées au comité de suivi de l'Initiative pour la transparence des industries extractives (EITI), à laquelle l'Etat a adhéré et qui vise à assurer que les revenus du pétrole contribuent au développement des pays producteurs, empochent ainsi chacun 380 euros de per diem à chaque réunion mensuelle. Plusieurs ont même réclamé le double.

Avec un tel montant, équivalent au salaire d'un enseignant, "on ne peut pas être honnête dans ses jugements", estime M. van Hulten. "C'est de la corruption. Si c'était reversé dans la caisse des ONG concernées, pourquoi pas? Mais ce n'est pas le cas".

Transparency International (TI)-Cameroun, membre du comité EITI et un des pourfendeurs de la corruption, n'est pas du même avis: cette somme "n'a jamais été donnée pour orienter quoi que ce soit. C'est un défraiement pour le temps passé en réunion", assure son directeur, Léopold Nzeusseu.

En outre, "c'est budgétisé. Si on ne le prend pas, ça va aller dans la poche des fonctionnaires. (...) Et puis, ça résout le problème de l'absentéisme: on ne vient pas pour rien", soutient-il.

Les détournements des fonds des organisations par certains de leurs membres sont par ailleurs courants, ont confié à l'AFP des bailleurs de fonds occidentaux.

Absence de justificatifs, objets des dépenses différents de ceux prévus par le projet budgétaire, surfacturations font partie de la panoplie des malversations souvent constatées. Les sommes détournées peuvent atteindre plusieurs milliers d'euros.

Un manque d'éthique que M. Nzeusseu de TI-Cameroun attribue notamment à l'appât du gain. Certaines ONG sont créées par des fonctionnaires qui veulent profiter de "possibilités de financements" dont ils ont eu connaissance, dit-il.

Les malversations n'épargnent pas des associations de lutte contre la corruption elles-mêmes, mais aussi des ONG internationales installées au Cameroun, d'après plusieurs sources.

L'antenne camerounaise du Fonds mondial pour la nature (WWF) vient d'adopter de nouvelles procédures de contrôle pour éviter que certains de ses salariés ne soustraient ses fonds.

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