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15 décembre 2008 1 15 /12 /décembre /2008 00:01

14 décembre 2008
Edouard Tamba
Le blog de Tamba

 

Il se passe des choses incroyablement rétrogrades au Cameroun. Je ne sais pas ce qui arrive à nos “chefs de terre”. Je veux parler des sous-préfets, préfets et gouverneurs. En l’espace d’un mois, il s’est passé de trucs renversants. Le 8 novembre dernier, le sous-préfet de Yaoundé II débarque au Palais des congrès avec l’intention d’interdire la tenue de l'Assemblée générale de l'Ordre des avocats du Cameroun. Les hommes en robes noires le renvoient à ses cours de droits. Il bat en retraite, la queue entre les jambes. Quelques jours plus tôt, c’est le même sous-préfet qui interdisait une réunion des syndicats de taximen à leur siège au quartier Messa.

 

Le week-end dernier, ce sous-préfet interdisait la marche de l’ONG Jane and Justice, oeuvrant dans la sensibilisation contre les accidents de la route. Le même jour, celui de Yaoundé I interdit une réunion illégale de la ligue provinciale d’athlétisme du Centre. “En voilà au moins un qui a gardé sa lucidité”, commentent certains. Trop tôt! Ledit sous-préfet, après des pressions du ministre des Sports et de l’éducation physique, autorise finalement la réunion. Ce par un acte “hors séries”, écrit à la main, dans lequel il demande aux forces de l’ordre de lever le camps.

 

Ensuite, son homologue de Yaoundé III interdit la conférence de presse de l’association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic) à l’hôtel Hilton. Ce au motif que l’information que l’association veut publier doit d’abord être soumise à l’attention du ministre des l’Agriculture et du développement rural (Minader). La conférence aura finalement lieu ailleurs. L’Acdic n’a pas dit son dernier mot. L’administration territoriale aussi. Le 10 décembre dernier, les choses se gâtent.  Extrait de la dépêche de François BIMOGO, Rédacteur en chef de Eclat d’Afrique:

 

Après l’interdiction successive de sa conférence de presse internationale du 3 décembre au Hilton hôtel de Yaoundé, l’interdiction du dîner parlementaire à l’Hôtel des députés mercredi 10 décembre par les autorités camerounaise, l’Association Citoyenne de Défense des Intérêts Collectifs a tenu une manifestation de près de 500 personnes à son siège au quartier Elig-Essono à Yaoundé, rue Ceper.

 

Face à des manifestants à mains nues qui brandissaient des pancartes pour dénoncer les détournements, la corruption et la réaction de l’Etat Camerounais pour éviter la crise alimentaire du maïs qui guette le Cameroun en 2009, une cinquantaine de policiers  anti-émeutes lourdement armés ont fondu sur les manifestant après une tentatives d’exfiltration de force du leader de la société civile Bernard NJONGA, président de l’ACDIC. A l’issue de violentes empoignades, une trentaine de manifestants ont été chargés et embarqués dans le camion du GMI arrivé quelques minutes auparavant.

 

Il y a eu de nombreux blessés dont au moins un blessé grave, Théophile NONO, membre de l’ACDIC (voir photo). Les manifestants dont le président de l’ACDIC Bernard NJONGA ont été conduit au Commissariat du 1er arrondissement de Yaoundé.

 

La démarche de l’Acdic pourrait être contestable en ce qui concerne le cadre légal régulant les manifestations publiques. Mais de là à en arriver à de telles exactions. On se pose des questions. Quoi qu’il en soit, la vérité qu’ils voulaient étouffer est connue:

Selon une étude de plusieurs mois, l’ACDIC a découvert que plus de 1,2 milliards de F CFA ont été détournés depuis 2006 au Ministère de l’agriculture et du développement rural du Cameroun à travers des subventions directes accordées à des GIC (Groupe d’Initiative communes) fictives créés de toutes pièces par les fonctionnaires (62%). 60 tracteurs indiens, accordé à l’Etat du Cameroun à travers le Ministère des relations extérieures au Minader en 2006 pour des tests d’adaptabilité ont été détournés par des ministres et assimilés (33). Ces tracteurs sont en ce moment parqués dans les villas de campagne de ces ministres dont certains sont aujourd’hui en prison pour détournement de fonds.

Faut-il rappeler ici les errements de ces sous-préfets, préfets et gouverneurs à travers la République? L'ex préfet du Haut-Nyong aujourd’hui limogé; le gouverneur du littoral interdisant les manifestations publiques; le préfet du Wouri marchant sur la loi pour permettre à Françoise FONING de se faire réélire à la mairie de Douala V, etc. Des agitations inutiles qui parfois nous fabrique des héros factices, en plus des victimes innocentes et des morts. Cependant que les problèmes de fonds persistent. Ces problèmes ne viennent pas de ceux qui veulent se réunir pour réfléchir et agir. Ils viennent de l’inaptitude à gérer, à prévoir, à anticiper… bref à gouverner, dont souffre le système en place, vieux d’un demi-siècle.

 

C’est trop vieux, c’est dépassé, c’est incapable de faire mieux que ce à quoi on a déjà assister. Malheureusement, l’émergence d’un nouveau leadership tarde à arriver. Cela je le crois arrivera forcément, et de telles brutalités resteront dans les souvenirs.

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