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9 décembre 2008 2 09 /12 /décembre /2008 18:36

Brazzaville, le 3 décembre 2008 

Jean-Christophe LEYOUAME-LETIEMY

 

 

               Monsieur le Président,

 

               A l'approche de l'élection présidentielle prévue pour juillet 2009, le climat devient de plus en plus lourd dans notre pays. Tout le pays est en état d'alerte maximal et chacun redoute une nouvelle explosion de violence. Il faut dire qu'une décennie de guerre civile à répétition est passée par là.

 

                Nous ne sommes pas dupes et nous croyons que les congolais non plus ne sont pas dupes. Chacun sait en effet depuis longtemps que vous avez toujours considéré que vous avez repris votre pouvoir au prix de la guerre, et par conséquent vous ne le donnerez à personne gracieusement sur un plateau. Ce qui veut dire que ceux qui veulent du pouvoir au Congo devront eux aussi se battre pour vous le reprendre. Vous ne l'avez d'ailleurs jamais caché et nous le savons puisque vous l'avez souvent dit et répété à vos proches. Cela explique d'ailleurs votre attitude arrogante qui consiste à refuser systématiquement tout dialogue avec l'opposition et la société civile. Sans oublier votre immobilisme économique qui est doublé d'un activement lorsqu'il s'agit d'acheter des armes de guerre et de recruter des mercenaires étrangers; ce qui laisse penser clairement que vous avez déjà opté pour votre maintien au pouvoir par la force.       

 

                 Sachez que le Congo appartient à tous. Et d'ailleurs quelqu'un a dit un jour que la roue de l'histoire tourne et lorsqu'à un moment donné sur sa route elle heurte votre porte et s’arrête, cela ne veut pas dire qu'elle est arrivée au bout de son parcours. Il faut donc savoir laisser la roue de l'histoire continuer sa course. Du reste, quelqu’un fut-il parfait parmi les fils des hommes, sans la sagesse du vient du ciel, il sera compté pour rien.     

 

                  Sachez aussi que votre ingratitude et surtout l'arrogance et le mépris avec lequel vous avez traité tous ceux qui s'étaient mis à vos cotés et qui s'étaient sacrifiés pour vous en 1997 ne sont pas de nature à motiver quiconque d'accepter aujourd'hui de mourir pour vous, vos enfants et neveux. Personne n'a oublié en effet que depuis 11 ans vous même, vos enfants et neveux et tous vos proches avez toujours traité avec mépris tous ceux qui avaient pris les armes contre Pascal Lissouba et ses partisans pour vous ramener au pouvoir. A moins que les Kiki, Koko, Stella, Ninèle, Joujou, Wamba, JDO, Edgar, Willy, Denis, Kodjo, Rodrigue, Gaël, Eugène, Jean jacques Bouya, Guy Noël Ngoya, Bruno Itoua, Denis Ngokana, Hugues, Blaise Elenga…, ou encore Isidore Mvouba et Gérard Bitindou avec qui vous aviez l’habitude de faire la bamboula et autres pratiques immondes en compagnie de votre ami Jacques Chirac dans votre villa maudite du Visinet en banlieue parisienne et qui de ce fait vous sont totalement dévoués, prennent eux-mêmes les armes pour défendre leur  pouvoir. Et contre qui ? Contre le peule ?    

 

                    Et puisque vous semblez maintenant avoir une mémoire très sélective, nous allons vous rappeler quelques faits marquants de notre histoire récente et peut-être que cela vous aidera à mieux comprendre les choses: Nous n'avons pas oublié que pendant la guerre de 1997 vous étiez devenu comme un pauvre petit enfant abandonné par ses parents, et réduit au rang d’un vulgaire squatteur, sans domicile fixe (SDF). Et d’ailleurs le jeune Marion Madzimba Ehouango que vous avez prétendu ne pas connaître dans une interview accordée au Magazine Jeune Afrique faisait pourtant partie de ces généreux congolais qui vous avaient hébergé gracieusement chez eux pendant cette période que vous semblez avoir oubliée, tout comme mes amis Jean-Marie Tassoua et Ebomapoko, avant que vous ne trouviez refuge à l'académie militaire. Pourtant aujourd'hui vous ne semblez plus vous souvenir que vous aviez passé une semaine chez Marion Madzimba Ehouango à Talangaï, que Jean-Marie Tassoua vous avait offert son hospitalité en vous accueillant dans son domicile qui avait été transformé en votre QG, tout comme Ebomapoko qui vous avait accueilli les bras ouverts dans sa villa située au quartier Massengo et que vous avez finie par racheter contre son gré. Alors, est-ce parce que vous vous sentez aujourd’hui complexé et que vous tenez à tout prix à effacer toutes les traces de cette période que vous considérée sans doute comme humiliante, où vous étiez devenu comme un petit enfant abandonné qui avait été recueilli et pris en charge par ces derniers, que vous leur en voulez tant aujourd'hui, tout simplement parce qu’ils vous ont vu dans cet état de dépendance totale? Vous sentez-vous diminué face à eux maintenant que vous êtes redevenu Président ?  Comment expliquez-vous votre acharnement contre tous vos anciens hébergeurs et vos  bienfaiteurs d’hier? Pourquoi aussitôt après la guerre, vous et votre neveu Jean Dominique Okemba avez absolument tenu à détourner l'ex-épouse de ce jeune Marion Madzimba Ehouango que vous voulez éliminer aujourd'hui sans états d'âme? Et, bien qu'il soit resté très proche de votre fille Claudia, vous ne voulez plus entendre parler de lui, pourquoi? 

 

                    Autres exemples très frappants de votre ingratitude envers ceux qui ont accepté un jour de mettre leur vie en danger pour vous. Souvenez-vous de ce que vous avez fait au général Pierre Oba et au jeune Cobra originaire d'Ollombo dont le corps avait été attaché à un véhicule et traîné sur le goudron jusqu'à ce que mort s'en suive. Sans parler des conditions très mystérieuses du décès de son fils aîné. 

 

                    Et quel sort avez vous réservé à vos braves guerriers Cobra? Vous avez tué le jeune Mesmin alias capitaine flamme - Chien méchant, au motif qu'il continuait de piller et de terroriser les populations alors que l'ordre avait été donné de cesser les pillages. Pourtant dans le même temps vous aviez pris le soin de dire à votre tueur en chef Jean-François Denguet alias Lucky Luke d’épargner la vie de votre neveu Eugène Nguesso qui se livrait lui aussi aux actes de pillage avec sa bande.. Tous les autres membres de sa bande avaient été tués par Jean-François Denguet. Alors que Eugène Nguesso aurait pu lui aussi être abattu, du moins pour l'exemple, il avait été simplement gardé en prison au Commissariat central où il bénéficiait d'ailleurs d'un traitement de faveur par rapport aux autres détenus. Il y avait là manifestement deux poids deux mesures. Sans parler du traitement qui était réservé aux autres Cobras survivants qui étaient contraints de partir en exil en France, comme les Freddy Menga, Romuald Mubenda et autres que vous avez faits revenir aujourd’hui.      

 

                    Plus grave encore est la triste fin que vous avez réservée à votre plus grand soutien politique de tous les temps, votre grand défenseur dans les moments les plus difficiles, comme ce fût ne cas par exemple pendant la conférence nationale souveraine ou encore pendant votre exil en France, notre brave et courageux grand frère Justin Lékoundzou Itihi Ossétoumba. Il a fait la prison pour vous, malgré les menaces, il avait tenu tête au pouvoir de Lissouba et, bien que son épouse Emilienne soit la sœur de la femme de Pascal Ngamassa qui est l’oncle de Lissouba, il n’a jamais trahi votre amitié et a continué à tenir le parti contre vents et marrés. Et une fois revenu au pouvoir, vous avez choisi de le sacrifier en 2002 sous la pression de vos enfants et neveux regroupés à l’époque autour de votre fille aînée Edith, au motif qu’en refusant, pourtant à juste titre, d’être le 1er Vice-président de l’assemblée nationale, derrière jean Pierre Thystère Tchicaya dont le parti n’était pas majoritaire, il avait bravé et mis à l’épreuve votre autorité et il fallait donc l’humilier et le frapper très durement pour l’exemple. Ensuite il y a eu l’affaire du parti avec les Noumazalay et les Bowao.

 

                  Depuis cette malheureuse affaire du PCT que vous avez divisé en conservateurs/refondateurs pour créer votre parti familial - RMP, et hisser vos enfants et neveux aux avant-postes de l'arène politique en pleine recomposition, et qui lui a valu son empoisonnement, la triste histoire de Lékoundzou nous a montré votre vraie nature. En voyant récemment des images de lui sur Internet, nous nous sommes rendus compte que vous êtes un homme sans coeur. Et, même si Jean Dominique Okemba s’en défend aujourd’hui, tout en s’accusant au passage sans qu’il ne s’en rende compte, puisque jamais personne avant lui-même ne l’avait cité nommément et publiquement, sachez que ce que vous avez fait à Lékoundzou nous a définitivement convaincu sur votre inhumanité. Nous sommes convaincus que vous n'avez d'humain que votre apparence physique. Et quand nous pensons à tout ce qu'on nous raconte sur le monstrueux assassinat du feu résident Marien Ngouabi, nous ne pouvons plus nous empêcher de croire que vous êtes un vrai tueur né, un tueur en série, et comme tout tueur en série qui se respecte, votre mode opératoire est toujours le même et consiste à éliminer par assassinat ou par empoisonnement tous ceux qui s'opposent à vous politiquement et sur le plan des idées.

 

                   Mais malheureusement pour vous, toute chose a un début et une fin. Et aujourd'hui nous pouvons vous dire que l'empoisonnement de Lékoundzou a été l'empoisonnement de trop. Depuis, chacun a fini par ouvrir les yeux, et malgré vos formidables capacités manœuvrières, plus personne ne se laissera désormais manipuler facilement. Plus aucun père et aucune mère ne laisseront leurs enfants aller au feu et servir de chair à canon pour défendre un pouvoir attiré par le sang. La façon dont Lékoundzou a été remercié avec empoisonnement à la clé, après avoir consacré toute sa vie au service de votre pouvoir a édifié tous les congolais du Nord au Sud, notamment les jeunes.

 

                    Ces derniers ont finalement compris qu'ils sont le Congo de demain et qu’il leur appartient désormais de prendre en mains le destin de leur pays. Quant aux anciens jeunes guerriers Cobras du Nord, ils se sont émancipés et refusent de continuer à vivre dans cette sorte d'endoctrinement idéologique et de manipulation mentale qui repose sur une division artificielle Nord-Sud savamment entretenue par un pouvoir clanique et familial qui s'est toujours joué de tout le monde. Ils ne veulent plus vivre dans cette sorte d'autarcie dans laquelle ils ont été enfermés depuis notamment 1997, mais en relation avec leurs frères et soeurs du Sud, car ils croient beaucoup à la nécessaire réconciliation de leur pays après une décennie de guerre civile qui au fond n'avait pour seul but inavoué que le retour au pouvoir d'un homme et sa famille, une bande de voleurs ingrats, qui pillent le pays, paupérisent le peuple et narguent tout le monde.

 

                     Plutôt que de se faire la guerre pour nourrir les ambitions dynastiques et dominatrices d'un clan, du Nord au Sud, tous veulent désormais d'une jeunesse congolaise unifiée pour mieux affronter son avenir qui est de plus en incertain. Ils ont compris qu'ils sont tous frappés par le chômage et sont confrontés à un avenir incertain, qu'ils soient du Nord ou du Sud, ils doivent faire face aux mêmes difficultés pendant que les membres de la famille au pouvoir et leurs proches gaspillent l'argent public. Aussi, tous, du Nord au Sud, sont bien déterminés à ne plus se laisser manipuler et promettent une opposition frontale à quiconque sera tenté à nouveau de les utiliser pour servir de chair à canon.     

 

                     Nous vous conseillons donc fortement de revenir à la sagesse et d'accepter l'organisation consensuelle des élections avec la mise en place d'une Commission électorale indépendante qui se chargera de toutes les opérations en amont et en aval afin d'éviter un éventuel recours à la violence qui de toute évidence ne tournera pas nécessairement à votre avantage étant donné le niveau élevé de mécontentement du peuple qui pourra alors faire front contre vous, votre famille et vos proches.  

 

                     Nous marquons fermement notre opposition à cette démarche dangereuse qui consiste à envoyer les enfants des autres à la guerre et de les transformer en chair à canon pendant que vos enfants et vos neveux sont bien au frais dans de luxueux appartements que vous avez acquis en Europe avec l'argent public détourné.

 

                       Pour terminer, nous voulons savoir une chose. En 1997 vous nous aviez expliqué qu'il fallait faire la guerre contre Pascal Lissouba parce qu'il était au pouvoir et parce qu'il avait mal géré le pays, et maintenant que c'est vous-même qui êtes au pouvoir et qui avez de toute évidence mal géré le pays malgré la très forte augmentation des prix du pétrole, pouvez-vous nous dire contre qui devrions nous faire la guerre aujourd’hui? Contre le peuple meurtri qui réclame plus de justice, plus de démocratie, plus de transparence et une meilleure répartition des richesses du pays, ou contre vous qui avez confisqué toutes les richesses du pays et qui vous êtes mis au seul service de votre famille?  

 

                      En vous souhaitant par avance de bonnes fêtes de fin d'année et en espérant que vous reviendrez très vite à la sagesse en acceptant l'organisation consensuelle des élections présidentielles de 2009 avec la mise en place d'une commission électorale véritablement indépendante qui organisera dans les meilleurs délais un recensement administratif spécial, et éviter aux congolais d'autres souffrances inutiles, je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l'expression de mes sentiments distingués.  

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