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21 novembre 2008 5 21 /11 /novembre /2008 00:46

21 novembre 2008

Afrique Nouvelle

Dr. Fweley Diangitukwa
Politologue et écrivain, Suisse

 

Sommes-nous conscients que nous avons le pays le plus beau, le plus magnifique, le plus riche du monde (potentiellement) et le plus convoité du monde ? Sommes-nous également conscients que nous sommes le peuple le plus naïf, le plus docile et le plus exploité du monde depuis l’époque coloniale ? Nous avons été exploités d’abord par les Arabes, ensuite par les Occidentaux avant que les pays voisins ne nous envahissent et ne nous pillent.

 

Depuis l’indépendance, les pays colonisateurs, qui nous ont « chosifiés » sans état d’âme et qui nous ont appris à admirer leur langue et leur culture, tout en pillant nos richesses minières et nos œuvres d’art, c’est-à-dire notre âme et notre moi intérieur, s’appuient aujourd’hui sur des Congolais sans moral et sans remords. Ceux-ci se mettent du côté des colons d’hier et se comportent exactement comme les « maîtres » se comportaient dans nos pays conquis. Quelle honte et quelle misère ! Comme les colons d’hier, ils tiennent les nationaux à distance et préfèrent habiter dans les quartiers huppés loin du peuple. Ils sont toujours seuls dans leur voiture achetée avec la sueur du peuple. Ils ne s’arrêtent pas pendant que les bus publics sont bondés à craquer. Ils regardent le peuple avec dédain mais ils prétendent gouverner pour eux. Ceux-là, ce sont nos « nouveaux colons », représentants attitrés des anciens colonisateurs. Ils obéissent aux ordres venus d’ailleurs et ils agissent localement pour défendre les intérêts de leurs maîtres. Ceux-là, ce sont nos dirigeants dirigés de l’extérieur qui se croient plus importants que nous mais qui sont incapables de voir plus loin que leur nombril. Voilà. Des chiens de chasse indispensables à l’Occident pour tenir la RD Congo en laisse !

Le chien est un animal docile qui a été dompté afin de servir les intérêts de son maître qu’il ne quitte plus. Depuis qu’il a été élevé au rang de compagnon de l’homme, le chien se dresse contre sa race, contre les autres animaux qu’il
chasse dans la forêt pour assouvir les appétits de son maître. Voilà pourquoi le chien alerte toujours son maître en aboyant très fort dès qu’il voit un animal de son espèce. Mais la chien n’a jamais été plus fort que son maître, il n’a jamais été plus intelligent que son maître. Son rôle est de trahir et de livrer sa proie à son maître. A l’heure du festin, c’est sous la table qu’il manifeste sa présence en brandissant sa queue afin que le maître ne l’oublie pas. Si celui-ci se nourrit de la bonne viande, le chien n’a droit qu’aux os.

Il y a dans notre pays, de nombreux Congolais qui jouent le rôle de chien. Ils applaudissent le maître en espérant qu’il les élèvera au rang de représentant, peut-être à celui de ministre, d’ambassadeur ou quelque chose comme ça. Ils
guettent des occasions et ils sont pleins de courtoisie même lorsque les leurs sont matraqués et tués. Ils flattent et ils flattent encore jusqu’au jour où ils sont récompensés. Ils quittent alors précipitamment le quartier de leur enfance pour aller vivre dans les quartiers huppés habités jadis par les colons, là où ils peuvent mieux se mettre du côté des bourreaux. Ceux-là sont les vrais ennemis du Congo et c’est contre ceux-là que le peuple doit agir pour priver les ennemis du Congo de leurs représentants locaux.

Depuis l’indépendance, les Occidentaux passent par les nationaux pour gouverner les pays africains et pour les piller. Il faut donc se débarrasser de ces « chiens de chasse » pour obliger les vrais bourreaux à négocier directement avec le peuple, car tant que le peuple ne parviendra pas à se séparer de tous ceux qui le maltraitent quotidiennement
et qui le tuent, la guerre et l’exploitation illicite des richesses du Congo se poursuivront.

Pour se libérer, il y a trois étapes : l’observation, la prise de conscience et l’engagement. La troisième phase doit être menée avec une grande détermination. Cette dernière étape peut être longue et difficile. Il faut donc recourir à la stratégie - le discours n’étant pas toujours le seul et le meilleur moyen. Il faut également constituer des réseaux et faire en sorte que les rapports de force bascule en faveur du camp du peuple qui voudrait changer la réalité et sortir le pays de la dépendance. Donc, après avoir observé et pris conscience, il faut agir, car sans action, on reste dans l’abstrait et dans la spéculation intellectuelle.

L’avocate Marie-Thérèse Nlandu est aujourd'hui libre comme un poisson dans l’eau. On n’a voulu l’enfermer pendant 20 ans. Mais voilà ! Le mensonge était trop gros et le motif d’accusation faux, comme ont été fausses les élections organisées en RD Congo par ceux-là qui veulent piller notre pays en nous faisant croire qu’ils nous aiment ; comme sont faux également les curricula vitae de beaucoup de nos dirigeants élevés à des postes importants. Quelle misère ! Un pays où l’autorité politique excelle dans le recours à l’incompétence et où il manifeste publiquement son allergie à l’intelligence reconnue. Nos bourreaux croient que n’avons pas encore grandi et mûri, que, comme à l’époque coloniale, nous sommes toujours des enfants ignorants. Mais cette fois, ils se sont trompés.


En réalité, c’est bien celui qui a voulu condamner Maître Marie-Thérèse Nlandu qui est aujourd’hui en prison. Enfermé dans son bunker par peur de représailles pour le mal qu’il a fait et qu’il fait chaque jour (plus de 5 millions de Congolais morts depuis la rébellion de 1996, plus de 150 tués en janvier dans le Bas-Kongo, un nombre inconnu de morts à Kinshasa, etc.). Comment avec un tel bilan nauséabond aller à la rencontre du peuple ? Que peut-il dire à ce peuple après les scènes de tricheries aux élections présidentielles, parlementaires, sénatoriales et le vote de complaisante dans différentes institutions et après tant de tueries ? Le peuple se souvient et il souviendra longtemps encore. Le mensonge n’a plus droit de cité. Ni le discours populiste d’ailleurs.

Devons-nous nous laisser faire et continuer à accepter de nous laisser tuer comme des lapins ? Non ! Résistons ensemble. Rassemblons-nous pour contrer ceux qui nous privent la liberté de jouir de la richesse que Dieu nous a donnée. Pour contrecarrer le plan de ceux qui pillent notre pays, nous devons commencer par couper l’herbe sous le pied de ceux qui nous assujettissent en se mettant du côté de nos ennemis et en nous massacrant avec les armes qu’ils ont reçues d’eux. Ne sommes-nous pas collectivement plus forts que les représentants de nos bourreaux ? Arrêtons de nous plaindre à la place publique. Arrêtons de nous soumettre aveuglement aux ordres injustes et aux chefs frauduleusement légitimés. Nos bourreaux prennent déjà plaisir d’entendre nos jérémiades. Ils se moquent du peuple qu’ils terrorisent davantage pour le décourager et lui priver de toute idée de revanche.


Bibliographie :

- "Migrations internationales, codéveloppement et coopération décentralisée", Paris, L'Harmattan, 2008
- "Les fraudes électorales. Comment on recolonise la RDC", Paris, L'Harmattan, 2007
- « Le règne du mensonge en RD Congo. Qui a tué Kabila ? », Paris, L’Harmattan, décembre 2006.
- « Géopolitique intégration régionale et mondialisation », Paris, L’Harmattan, mai 2006.
- « Qu’est-ce que le pouvoir ? », Paris, L’Harmattan, 2004.
- « Pouvoir et clientélisme au Congo-Zaïre-RDC », Paris, L’Harmattan, 2001.
- « Qui gouverne le Zaïre ? La République des copains », Paris, L’Harmattan, 1997.
- « Lettre à tous les Congolais. Savoir gouverner et servir la République », Saint-Légier (Suisse), éd. Afrique
Nouvelle, 2003.
- « Le paradis violé », Saint-Légier (Suisse), éd. Afrique Nouvelle, 1996.
- « Quelle solution pour l’Afrique ? », Saint-Légier (Suisse), éd. Afrique Nouvelle, 1993.
- etc.

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