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17 octobre 2008 5 17 /10 /octobre /2008 23:47

16 octobre 2008
Jacques Doo Bell
Tchadespoir
www.tchadespoir.net 

 

Souvenir immortel de Thomas Sankara

 

Une pensée vivace pour un héros brutalement disparu. Et comme on ne peut éteindre le soleil…

Demain 15 octobre, la famille Sankara (Myriam et les enfants) ses parents,les nombreux sankaristes au Burkina Faso, à travers l'Afrique et hors du continent auront une pensée vivace pour cet autre héros tombé pour la réhabilitation de l'Africain. C'est en effet le 15 octobre 1987 que le capitaine Thomas Sankara alors chef de l'Etat du Burkina Faso est tombé, raide mort sous le coup perfide de ses compagnons dont celui que tout le monde connaissait comme son homme de confiance,son complice. Panafricaniste et tiers-mondiste, Thomas Sankara incarna et dirigea la révolution burkinabé du 4 août 1983, date de sa prise de pouvoir jusqu'à son assassinat lors du coup d'Etat perpétré par son frère d'armes et successeur Blaise Compaoré. C'est à lui que ses compatriotes et l'Afrique doivent l'appellation du Burkina Faso (le pays des hommes intègres) anciennement appelé Haute-Volta sous la colonisation française. Il avait engagé une politique d'affranchissement de son peuple.

Comme dans les années 50-60 au plus fort de la lutte contre le colonialisme et l'impérialisme occidentaux,courageusement menée par le Ghanéen Kwame Nkrumah,le Guinéen Sékou Touré, l'Egyptien Gamal Abdel Nasser,Patrice Lumumba, les Camerounais Rudolf Douala Manga,Ruben Um Nyobé, Félix-Roland Moumié et bien d'autres patriotes africains,ce jeune capitaine a engagé dans son pays une révolution qui a donné beaucoup d'espoir à une certaine jeunesse et aux populations africaines qui ont vu en lui le nouveau "symbole du combat pour la liberté".

Il voulait briser le carcan de l'oppression

En quatre années d'exercice de pouvoir, Thomas Sankara était devenu le modèle et la coqueluche des jeunes Africains qui, une trentaine d'années après les indépendances distribuées par les colons et dans certains cas comme des bouts de pain, commençaient à en avoir marre du pouvoir classique néocolonial qui les comprimait et opprimait. Le Messager a encore dans ses archives le poème pathétique d'un lycéen de Joss: Eboa Dany-Charly. Agé de 12 ans à l'époque, élève de la classe de 5e, il poussa un cri de révolte:"Rendons-lui hommage."Les 13 lettres qui composent les nom et prénom du héros abattu en plein action révolutionnaire donnèrent chacun un ver.

Entre autres, nous retenons celui-ci:"Se taire en pareille circonstance, serait manifester ma satisfaction aux auteurs de cet acte ignoble".S'il a survécu à ce héros africain qui a tenté à son tour de briser le carcan de l'oppression, Eboa Dany-Charly a aujourd'hui 33 ans. Il acheva son poème par cette exhortation en direction de votre journal:"Son petit, le journal Le Messager doit faire autant et même plus."Dès sa prise de pouvoir le 4 août 1983, Thomas Sankara définit son programme comme anti-impérialiste, notamment dans son "discours d'orientation politique".Son gouvernement retira aux chefs traditionnels les pouvoirs féodaux qu'ils continuaient d'exercer. Il mit sur pied les Comités de défense de la Révolution (Cdr), qui eurent toutefois tendance à se comporter en milice révolutionnaire faisant parfois régner une terreur peu conforme aux objectifs de lutte contre la corruption.

Il faisait peur…

Bien sûr, l'arrivée au pouvoir de Thomas Sankara n'a pas été saluée par toute la classe politique française qui était aux affaires. Mais, si certains le considéraient comme trop radical, d'autres, par contre, estimaient que Paris pouvait très bien s'entendre avec lui, et prouver ainsi à ses détracteurs qu'ils ne s'opposent pas à une émancipation des pouvoirs politiques du continent. Quoi qu'il en soit, la ficelle était trop grande,que le conseiller de François Mitterrand à l'Elysée, Guy Penne, puisse se déplacer en Côte d'Ivoire pour surveiller l'assassinat d'un dirigeant africain, c'est fort regrettable. Des méthodes que François Mitterrand a pourtant condamnées à plusieurs reprises sous la présidence du militaire De Gaulle. Il faut savoir que Thomas Sankara faisait peur à ceux qui ont grandi et prospéré grâce aux multinationales de l'Occident. Il faisait peur à ceux qui veulent que l'Afrique reste la chasse gardée des puissances européennes, peur à ceux qui redoutent que son élan ne soit irrésistiblement contagieux, peur à ceux qui veulent maintenir leur règne fondé sur l'arbitraire,la corruption,le pouvoir personnel, peur à ceux qui ne veulent pas que l'Afrique soit affranchie de la tutelle "protectrice" de l'Occident qui les entretient. Raison pour laquelle, il fallait qu'il disparaisse.

Certains Etats de la région et d'autres, à l'extérieur, affluaient francs lourds et dollars destinés à financer les conspirateurs. Des officiers burkinabé faisaient la navette entre Paris-Abidjan-Bamako-Ouagadougou pour recueillir les fonds clandestinement, livrer des secrets sur les prétendues relations entre Sankara et le communisme international ou Mouammar el-Khadafi. Des documents truqués par des services secrets français remis à des chefs d'Etat africains.Selon eux,ces documents prouvaient qu'il allait inviter les Cubains de Fidèle Castro à venir s'installer au Burkina Faso, ou même qu'il allait adhérer au Pacte de Varsovie.

Sa réussite la plus tangible fut de faire vacciner contre la rougeole, la fièvre jaune et la méningite près de 2 500 000 enfants en l'espace de quinze jours. Cependant si sa politique de "déconnexion",à contre-courant de la vague libérale des années 80, a retenu l'attention internationale, elle a d'autant fait ouvrir les yeux à la jeunesse montante d'Afrique. Sa fin tragique et non encore élucidée.

Le 15 octobre 1987, après un combat fratricide opposant ses fidèles à ceux de Blaise Compaoré, Sankara est mort. Mais il a tracé un sillon indestructible dans l'Histoire. Thomas Sankara est immortel. Il a laissé à une certaine jeunesse africaine un style, une inspiration, un flambeau, une ligne à suivre, une œuvre à exploiter. 

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