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31 juillet 2008 4 31 /07 /juillet /2008 18:10


31 juillet 2008

 

 

Le président Teodoro Obiang, qui dirige la Guinée équatoriale avec une grande fermeté depuis 1979, n'hésite pas à manier les paradoxes pour faire exister sur la scène mondiale cette ancienne colonie espagnole, membre de la Francophonie et voulant adhérer à la Lusophonie.

Jadis parmi les pays plus pauvres de la planète, la Guinée équatoriale était d'autant plus discrète au plan international qu'elle est loin d'être un modèle de démocratie.

Mais, avec une production de 400.000 barils/jour (3e producteur de pétrole en Afrique subsaharienne), une croissance à deux chiffres et des comptes publics florissants, Teodoro Obiang a lancé la Guinée équatoriale, peuplée de quelque 600.000 habitants, dans une stratégie tous azimuts pour notamment donner une image dynamique de son pays. 

L
e 25 juillet, il a demandé à adhérer à la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) parce que son pays a été découverte par les navigateurs portugais.
Il s'agit "d'une stratégie pour exister", selon une source diplomatique à Malabo. "En plus, la Guinée est très intéressée par des relations commerciales avec le Brésil".

Les échanges avec le Brésil sont passés de 3 à plus de 200 millions de dollars entre 2003 et 2007 et les deux pays ont ouvert des ambassades dans leurs capitales respectives en 2005-2006. 

Adhérer à la Lusophonie n'entraîne pas un départ de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dont la Guinée est membre depuis 1989. M. Obiang a instauré, en 1998, le français comme deuxième langue officielle après l'espagnol, même s'il est l'un des rares à maîtriser la langue de Voltaire dans son pays.

Récemment, la Guinée a d'ailleurs suggéré à Sao Tomé et Principe, archipel lusophone proche, d'abandonner le dobra pour le franc CFA, la monnaie de la Guinée et des pays environnants. 

Pour Olivier Vallée, économiste spécialiste de l'Afrique, auteur de livres sur la zone franc, M. Obiang est "déçu par les Espagnols" avec qui il entretient des relations tendues, "et par les Français".

Sa "candidature" à la CPLP est "aussi un message à la zone franc et aux Français (...) à qui il reproche d'avoir +laissé faire+ (l'ONG) Transparency International France" en déposant une plainte en France visant cinq chefs d'Etat africains, accusés de posséder des biens immobiliers financés par de l'argent public détourné. 

"Plus généralement, la Guinée équatoriale revendique un poids en relation avec ses ressources et ses moyens. C'est d'ailleurs logique", estime une source diplomatique, soulignant que la Guinée contribue pour plus de 40% aux réserves de la Banque des Etats d'Afrique centrale (BEAC) et produit 50% de plus de pétrole que le Gabon à qui est traditionnellement réservé le poste de gouverneur.

"La Guinée ne comprend pas pourquoi cette situation devrait perdurer", indique-t-on de même source. La Guinée a récemment obtenu un poste de directeur à la BEAC et "s'affirme dans la région", mais elle vise également plus loin, comme en témoigne ses gestes à l'égard des Etats-Unis et de la Chine.

Les Américains sont très présents dans le pétrole et le pays a accueilli en juillet un navire de guerre américain à Malabo, alors que Washington cherche à renforcer sa présence dans le Golfe de Guinée.

Autre signe, le président Obiang a offert un million de dollars à la Chine après le séisme qui a fait près de 88.000 morts et disparus dans le Sichuan en mai.

"C'est un geste amical, mais la Chine réalise en Guinée de nombreux chantiers à des tarifs très concurrentiels. Je pense que cela faisait aussi partie de la stratégie" d'ouverture vers la Chine, remarque cette source diplomatique.

AFP
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