26 juin 2008
Après plus d’une semaine d’intenses combats entre la milice de N’Djamena et les troupes de l’AN, l’addition est salée pour la soldatesque de Deby.
Les troupes au sol et la flotte aérienne de l’armée de N’djamena essuient un cinglant revers depuis le 11 juin dernier, date de l’offensive de l’Alliance Nationale. Des chars calcinés, des avions MI en épave et des soldats mutilés sur les champs de combats : la désolation s’est forcée une place de choix au sein des hommes de l’armée gouvernementale. Selon un observateur à N’Djamena, les troupes dirigées par Idriss Deby ont enregistré des lourdes pertes en matériel. Trois chars BMB, 6 RAM et 5 AML ont été éventrés dans la localité d’Am- Zoer par des colonnes de l’AN. D’Abéché à Goz-Beida, de d’Adre à Am-Zouer, de Tine à Guereda, une vingtaine de chars d’assaut abandonné pour panne ou pour d’autres raisons ont été détruits par des petits groupes de commando de l’Alliance Nationale. Le matériel des troupes terrestres est désormais réduit à sa plus simple expression. Les soldats de N’djamena n’ont plus que des véhicules 4x4 et quelques RAM pour se mouvoir.
La stratégie des troupes de l’AN, dans leur offensive, consiste à briser les bases de replis et d’attaque de l’armée loyaliste. Selon un responsable de l’AN, la tactique vise « à s’accaparer les positions d’une ville, une fois sécuriser, nos troupes progressent vers d’autres ».Les stratèges de l’AN ont aussi élaboré un plan visant à plomber et clouer au sol la maigre flotte aérienne de Deby. Deux avions ont été brisés dans les airs par des tirs de roquettes, un autre a été sérieusement endommagé et le quatrième est victime d’une panne de moteur. Des informations font état de ce qu’un seul hélicoptère de combat demeure encore en activité dans le ciel incertain pour la flotte de Deby. Deux généraux tchadiens ont été dépêchés manu militari vers Ukraine. Sur « hautes instructions », ces hauts gradés sont chargés de louer des moteurs et des avions de combats mercenaires en renfort à la flotte bancale de l’armée gouvernementale.
L’armée- fantôme du dictateur Deby est plus que jamais aux abois, démembrée et sans plus l’appui logistique des soldats de l’Eufor. Hervé Morin, ministre français de la Défense a précisé (à l’attention du locataire du Palais Rose) que l’Eufor-Tchad ne s’immiscera plus dans les combats. Le soutien diplomatique de Paris a définitivement cessé de légitimer la dictature qui a embrigadé le peuple tchadien dans un gang de fer, dans la misère et la corruption. La clameur de la rue a fini par attirer l’attention de la communauté internationale sur le drame qui se joue au Tchad. La neutralité de Paris, annoncée à coups de renfort médiatique, laisse présager d’un jour nouveau pour le Tchad. Les carillons du changement résonnent aux portes de N’djamena. Les murs du régime de Deby tomberont avec l’avancée moins tumultueuse de l’AN vers le Palais Rose.
Ndjamena-Matin